D'AstraZeneca aux attestations, une semaine cacophonique que l'exécutif paie cash

POLITIQUE - C’était il y a exactement une semaine. Invité sur la chaîne Twitch de Samuel Étienne, le Premier ministre Jean Castex réaffirmait sa “confiance” dans le vaccin AstraZeneca, dans la mesure où la France ne disposait pas d’éléments...

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Emmanuel Macron et Olivier Véran lors de la visite de l'hôpital de Poissy le 17 mars

POLITIQUE - C’était il y a exactement une semaine. Invité sur la chaîne Twitch de Samuel Étienne, le Premier ministre Jean Castex réaffirmait sa “confiance” dans le vaccin AstraZeneca, dans la mesure où la France ne disposait pas d’éléments exigeant sa suspension.

Moins de 24 heures plus tard, et dans le cadre d’une rencontre diplomatique qui ne portait pas sur ce sujet, Emmanuel Macron annonçait le contraire, s’en remettant à l’avis de l’Agence européenne du médicament, dans un contexte où plusieurs pays de l’UE exprimaient leurs doutes après quelques cas de thromboses recensés. 

Ainsi démarrait une semaine très compliquée pour le couple exécutif immédiatement sanctionné par les Français. Dans un sondage Ifop pour Le JDD révélé ce dimanche 21 mars, la chute est rude. Surtout pour le président de la République. Moins 4 points de popularité pour Emmanuel Macron.

Si la glissade est moins sévère pour le locataire de Matignon (-1 point), l’autre enseignement de cette étude à de quoi faire réfléchir l’exécutif: seulement un tiers des Français estime le gouvernement capable de faire face à l’épidémie. Soit le score le plus bas depuis mars 2020. Autant de signaux qui révèlent les écueils d’une semaine agitée pour l’exécutif. 

“Contradictions permanentes”  

Outre le mic-mac AstraZeneca, la stratégie de communication décidée en amont des nouvelles restrictions sanitaires décidées jeudi avait de quoi dérouter. Ainsi, pendant plus d’une heure sur BFMTV mardi soir, Jean Castex s’est retrouvé dans l’impossibilité de répondre avec précision aux questions portant sur les hypothèses mises sur la table.

Et pour cause: ces questions devaient être tranchées le lendemain, au sein du Conseil de défense sanitaire, obligeant le chef du gouvernement à tourner autour du pot et évoquer à demi-mots l’option d’un reconfinement en Île-de-France, après que le seuil de contamination qu’il avait lui-même fixé dans cette région a été dépassé... en 24 heures. Une impression de tergiverser et de naviguer à vue qui ne va s’estomper avec les annonces faites jeudi 18 mars. 

Car en décidant un reconfinement assoupli (tout en rejetant le terme), l’exécutif a offert un boulevard à l’opposition, qui a eu beau jeu de pointer des règles pouvant être perçues comme contradictoires, à l’image de ce trait d’humour formulé par Jean-Luc Mélenchon, ironisant sur “le confinement partiellement déconfiné avec couvre-feu décalé à 19h”. Des critiques toujours aussi vives quatre jours plus tard.

“Depuis un an nous n’assistons qu’à des réactions au coup par coup, une communication désordonnée, des contradictions permanentes”, tacle ce dimanche dans Le JDD le patron des Républicains Christian Jacob. Et ce n’est pas le rétropédalage en urgence sur le dossier des attestations qui a été de nature à faire cesser ce procès. 

Le crash des attestations de déplacement 

Comme si la semaine n’était assez éprouvante pour l’exécutif, la mise en ligne samedi des nouvelles attestations de déplacement a provoqué, au-delà des moqueries des internautes, un véritable tollé politique. Résultat, Le HuffPost apprenait à la mi-journée que le gouvernement changeait son fusil d’épaule, et qu’une version simplifiée d’un document jugée beaucoup trop complexe (voire caricatural) allait être mise en ligne.

Chez les ministres, on essaie de faire bonne figure, en louant la souplesse d’une administration capable de se remettre en question et de s’adapter très rapidement. Un refrain entonné dès samedi soir par le secrétaire d’État aux affaires européennes Clément Beaune. “Il y avait notamment une complexité sur la question des 10 kilomètres. Le bon sens s’est imposé, j’espère que c’est derrière nous. Il y a eu un peu de Kafka, c’est réglé”, notait le ministre sur BFMTV. “Ce qui est remarquable dans cette situation, c’est la volonté rapide de dire ‘Ça ne va pas, on arrête’ (...) Il y a une difficulté, elle a été résolue”, a renchéri ce dimanche dans le Grand Jury Alain Griset, ministre déléguée en charge des PME. 

Une façon de voir le verre à moitié plein qui ne cache pas les tensions que ce couac a provoquées. Car au-delà du discrédit supplémentaire que ce rétropédalage jette sur les nouvelles restrictions, ce fiasco s’est également mué  en patate chaude qu’on se renvoie volontiers entre cabinets ministériels. 

Sous couvert d’anonymat, plusieurs sources gouvernementales règlent ainsi leurs comptes dans la presse. ”À ce stade, ce n’était pas appuyer sur le bouton-stop qu’il fallait faire, c’était carrément arracher la prise. C’est ce qu’a fait le Président”, lâche à BFMTV un conseiller de l’exécutif. Alors que les regards se tournent vers le ministère de l’Intérieur qui est à l’origine de ce document, une  source gouvernementale auprès de L’Opinion pointe de son côté le rôle de Matignon: “Castex tenait à cette attestation”. 

Or ce sont bien les services du Premier ministre qui sont très rapidement montés au créneau pour éteindre l’incendie alors que les critiques pleuvaient sur ce “chef d’oeuvre bureaucratique”. Des signaux qui révèlent une forme de nervosité au sein de la machine gouvernementale, et qui ne seront pas forcément de nature à rassurer après une semaine marquée par tant d’atermoiements. Et ce ne sont pas les retards liés à la vaccination, rendant de plus en plus incertaine la promesse faite par Emmanuel Macron de vacciner tous ceux qui le souhaitent d’ici la fin de l’été, qui devraient changer la donne.  

À voir également sur Le HuffPost: Les hauts et les bas d’AstraZeneca, le vaccin “mal aimé”