David Robert Mitchell : “Le plus fou entre L.A. et ‘Under the Silver Lake’ ? Ça dépend des jours”

En trois films seulement, David Robert Mitchell s’est affirmé comme l’un des cinéastes américains les plus passionnants et prometteurs de sa génération. Après The Myth of the American Sleepover en 2010 et It Follows en 2014, il filme un Los...

David Robert Mitchell : “Le plus fou entre L.A. et ‘Under the Silver Lake’ ? Ça dépend des jours”

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En trois films seulement, David Robert Mitchell s’est affirmé comme l’un des cinéastes américains les plus passionnants et prometteurs de sa génération. Après The Myth of the American Sleepover en 2010 et It Follows en 2014, il filme un Los Angeles mystique et surréaliste dans Under the Silver Lake, avec Andrew Garfield dans le rôle d’un enquêteur en herbe parti à la recherche de sa voisine après sa disparition soudaine.

Dans l’attente de ses prochains films dont les informations tombent au compte-gouttes, le réalisateur a passé une tête à Paris pour présenter sa rétrospective et une carte blanche au Forum des Images dans le cadre du cycle “Portrait de Los Angeles”. L’occasion parfaite pour causer de son travail au travers des films et références qui peuplent Under the Silver Lake (ou bien Los Angeles).

Vous rappelez-vous de la 1ère fois que vous êtes allé à Los Angeles ?

David Robert Mitchell – Oui, ça devait être… dans les années 1990 ? Je ne m’en rappelle pas exactement à vrai dire… C’était sûrement la fin des années 1990, je devais être en train de chercher où je voulais faire mes études de cinéma… j’essaie de me souvenir, c’était il y a longtemps ! J’ai dû visiter USC et UCLA et causer à des gens là-bas, quelque chose comme ça. Et forcément, j’ai visité la ville, j’ai fait le tour des monuments à voir.

Quel acteur·rice symbolise le plus Los Angeles selon vous ?

C’est une question difficile ! Je pense qu’il y a une différence quand on pense à Los Angeles et à Hollywood. Je ne suis pas sûr de savoir comment répondre à la question. Pour ma part, quand je pense spécifiquement à Hollywood, c’est Jimmy Stewart qui me vient en 1er. 

Pourquoi avez-vous décidé de présenter Body Double au Forum des images ce week-end ?

J’adore Brian de Palma. Pour moi, Body Double est un film qui transpire Los Angeles. L’utilisation des lieux, les références cinématographiques, l’étrangeté, son scénario… Je parlais tout à l’heure de Jimmy Stewart : Fenêtre sur cour (Alfred Hitchcock, 1954) est mon film préféré de tous les temps. Ce sont deux références parmi tant d’autres films que j’ai utilisé pour construire Under the Silver Lake.

Vous présentez aussi Le Privé de Robert Altman !

Oui, et pour des raisons similaires. C’est l’un des films que je préférais avant de déménager à Los Angeles et que j’ai encore plus aimé une fois que j’y ai habité. En le regardant encore et encore, c’est véritablement devenu l’une de mes références principales pour mon film.

Dans Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino, est-ce que vous retrouvez votre Los Angeles ?

Ce film est peut-être mon préféré de Tarantino. J’adore son atmosphère, son ton, tout ! Il y a comme une joie générale qui se dégage des images du film, qui communique très bien le plaisir que l’on a à être avec ces personnages tout du long.

En parlant d’atmosphère, selon vous, qui est le plus fou entre Los Angeles et Under the Silver Lake ?

Wow, c’est délicat comme question ! Qui est le plus fou entre L.A. et Under the Silver Lake ? Ça dépend des jours, de ce qu’il s’y passe chaque matin (rires). À vrai dire… c’est peut-être la réalité (rires).

Los Angeles se ressent tellement dans des films qu’elle en deviendrait presque un personnage. L’observez-vous dans certains films ?

C’est fantastique dans Mulholland Drive (David Lynch, 2001), notamment. J’y pensais justement il y a peu : sans doute que comme un bon nombre de personnes de mon âge, je suis tombé amoureux du cinéma avec E.T. (Steven Spielberg, 1982). C’est un film incroyable, je me rappelle avoir pleuré au cinéma. Ce n’est pas tant un film où Los Angeles joue un personnage, mais plutôt la Californie, à vrai dire. Et je suis sûr que des personnes ont écrit sur les liens et les références entre ces deux films, entre le début de Mulholland Drive, où l’on aperçoit la ville depuis les collines, et E.T. qui arrive au milieu de la végétation avec la vallée en contrebas. Pour moi, il y a quelque chose de purement californien et de los angélien dans ces images. Ce sont des images pour lesquelles j’ai beaucoup d’affection.

Hollywood est-il toujours le cœur de la production cinématographique mondiale ?

Oui et non ? Cela dépend de beaucoup de choses, comme ce qui nous intéresse dans le cinéma, qui nous sommes. Pour moi, cela le reste, et en même temps, pas vraiment. Ce qu’il y a d’excitant, c’est que partout dans le monde, des cinéastes repoussent encore et encore les limites du possible avec les films. Je suis reconnaissant que cela arrive, ça m’excite vraiment de voir ce que ces personnes peuvent faire. Et d’un autre côté, j’adore le cinéma hollywoodien, il y a quelque chose qui ne peut être créé que dans cet espace-là, et ne pourrait pas l’être ailleurs. Donc un peu des deux.

Et dans ce système particulier, il y a le genre des super-héros. Allez-vous voir ces films ?

Oui, je continue. J’ai moi-même un projet de film de super-héros qui est écrit et qu’on aurait dû avoir déjà tourné, et finalement, on n’a pas pu. Je travaille sur un autre projet de film maintenant. Ces films peuvent être géniaux, mais certains ne le sont pas. Récemment, j’ai vu le dernier Gardiens de la galaxie (James Gunn, actuellement en salles), devant lequel je me suis beaucoup amusé et que j’ai beaucoup aimé. Les Batman de Christopher Nolan sont géniaux également… il y a beaucoup de bons films de super-héros.

Pourriez-vous faire votre propre film de super-héros chez Marvel ou DC ?

Je ne suis pas contre cette éventualité, mais je pense qu’en l’espèce, je ferai mon propre film original, de manière indépendante.

Après avoir tourné Under the Silver Lake, tirez-vous encore de l’inspiration dans la ville de Los Angeles ?

Los Angeles est ma maison, maintenant. Mais je crois que oui, je trouve toujours la ville de Los Angeles inspirante, intéressante. J’imagine que si je fais d’autres films, je referai quelque chose dans cette ville.

Vous êtes venu à Paris dans le cadre du cycle “Portrait de Los Angeles”. Quels films iriez-vous voir si vous aviez le temps de faire quelques séances au Forum des images ?

Le programme est rempli de bons films. Il y a le documentaire Los Angeles Plays Itself que j’avais adoré quand il est sorti, il y a quelques années. Oh, il y a aussi Grand Canyon de Lawrence Kasdan que j’aime beaucoup. Il y a quand même une tonne de grands films dans la liste ! Quel sont ces films de Billy Wilder et Howard Hawks ?

Les titres anglais d’Assurance sur la mort et du Grand Sommeil sont Double Indemnity et The Big Sleep

Oh, je les adore. Au final, je déciderais d’aller voir Le Grand Sommeil.

Propos recueillis et traduits par Nicolas Moreno.

Cycle “Portrait de Los Angeles”, jusqu’au 6 juillet 2023 au Forum des images, Paris.