De Camille Kouchner à #MeTooInceste, désormais, l'État ne pourra plus regarder ailleurs - BLOG

INCESTE - Plus qu’une vague, c’est un véritable raz-de-marée qui déferle, sous le hashtag #MetooInceste, à la suite de la publication du livre de Camille Kouchner, La familia grande, balayant sur son passage le tabou de l’inceste, les idées...

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Désormais, il ne sera plus possible de se méfier a priori de la parole de l’enfant, de supposer le mensonge sans même avoir examiné la situation dans sa globalité, avec des outils fiables.

INCESTE - Plus qu’une vague, c’est un véritable raz-de-marée qui déferle, sous le hashtag #MetooInceste, à la suite de la publication du livre de Camille Kouchner, La familia grande, balayant sur son passage le tabou de l’inceste, les idées reçues, la lâcheté de ceux qui préfèrent rester sourds à la voix des enfants. Des milliers de témoignages d’inceste édifiants, qui nous confrontent à une réalité glaçante: oui, l’inceste est loin d’être un phénomène rare. D’après différentes études, 5 à 10% des Français ont été ou sont actuellement victimes d’inceste, soit deux à trois enfants par classe.

Trop longtemps, une chape de plomb a muré les victimes dans le silence. Une véritable omerta a régné, imposée par les familles, par la société. Ce silence assourdissant s’appuyait sur la valse des trahisons: trahison de la famille, qui choisit le camp du plus fort, trahison de la société qui livre les enfants à leurs bourreaux, en refusant d’entendre leur voix, en accueillant leur parole avec une insupportable suspicion.

Désormais, il n’est plus possible de regarder ailleurs

Les victimes nous somment d’affronter l’insupportable réalité: oui, la famille peut pour certains être un enfer qui broie les plus vulnérables de ses membres. Oui, des enfants ont besoin d’être protégés, voire de rompre un lien qui les tue à petit feu.

Nous ne pouvons plus ignorer la souffrance des victimes, leur terreur, face à la prise de pouvoir sur leur corps, imposée par un adulte de confiance. Leur sentiment de confusion et de culpabilité quand l’inimaginable est commis, par un être aimé, quand celui censé être un guide, un tuteur, se fait agresseur, traite en objet l’enfant qui lui tend la main.

Les bourreaux ne pourront plus se sentir protégés par le tabou, par la loi du silence. Ils ne pourront plus manipuler les enfants de leur famille, profitant de leur immaturité et leur manque de discernement, jouant de la relation d’emprise, pour obtenir un plaisir pervers sans que leur prédation ne soit dénoncée au grand jour, sans qu’ils n’aient à assumer les conséquences de leurs crimes.

Les familles ne pourront plus regarder ailleurs, pour étouffer le scandale, maintenir le statu quo, protéger le fort, quitte à jeter en pâture le plus vulnérable.

Les juges ne pourront plus s’en laver les mains, renvoyant dos à dos la parole de l’un et celle de l’autre, arguant l’absence de preuve, sans avoir permis que ces dernières n’émergent (tests ADN, examen médical rapide, etc.)

Les avocats de la défense ne pourront plus fermer les yeux sur l’ignominie, en pointant du doigt systématiquement des mères censées manipuler leurs enfants, se fondant sur le concept de “syndrome d’aliénation parentale”, inventé par Richard Gardner, -dont les théories sur la pédophilie sont controversées- et qui n’a aucun fondement scientifique reconnu. Ils ne pourront plus parce que de telles inepties ne trouveront plus d’écho dans les tribunaux.

Désormais, il ne sera plus possible de se méfier a priori de la parole de l’enfant, de supposer le mensonge sans même avoir examiné la situation dans sa globalité, avec des outils fiables.

L’État ne pourra plus regarder ailleurs

Il devra faire évoluer la loi, pour répondre à l’exigence démocratique. Les citoyens ne supportent plus un cadre législatif obsolète, qui protège les bourreaux en posant l’absurde question du consentement des enfants, alors même que les connaissances scientifiques actuelles montrent formellement qu’il ne peut exister aucun consentement en cas d’inceste et de pédophilie. L’État ne pourra plus reculer, pour établir un seuil de non-consentement à 15 ans pour la pédophilie, à 18 ans pour l’inceste. L’État ne pourra plus se cacher derrière le Conseil d’État. Il se rangera du côté de l’intérêt général, dont il est garant, et prendra ses responsabilités, même si cela suppose d’engager un combat face aux résistances et aux frilosités.

Désormais, grâce au courage des victimes, à leur visibilité, à leur voix enfin audible, plus personne ne pourra dire qu’il ne savait pas. Ces témoignages, comme des cris stridents, nous engagent collectivement et chacun à sa place à entrer en lutte contre le fléau de l’inceste, à faire bouger les lignes. Maintenant.

À voir également sur Le HuffPost: Projet de loi Schiappa: Pour les victimes d’inceste, “il ne peut y avoir de consentement d’un mineur”