De la primaire à la fac, le décrochage scolaire est un fléau - BLOG

COVID - La pandémie a mis à mal la santé psychique de nos ainés: solitude, isolement, inquiétude, culpabilité de faire partie des plus fragiles à protéger. Mais à l’autre bout de la chaîne des générations, les enfants et les jeunes ne sont...

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Nombre d’élèves du primaire ne parviennent plus à rester concentrés ou présentent des phobies scolaires, les lycéens manquent de motivation et décrochent scolairement, les étudiants en situation de fragilité économique et affective baissent les bras quant à leurs études.

COVID - La pandémie a mis à mal la santé psychique de nos ainés: solitude, isolement, inquiétude, culpabilité de faire partie des plus fragiles à protéger. 

Mais à l’autre bout de la chaîne des générations, les enfants et les jeunes ne sont guère épargnés. Nombre d’élèves du primaire ne parviennent plus à rester concentrés ou présentent des phobies scolaires, les lycéens manquent de motivation et décrochent scolairement, les étudiants en situation de fragilité économique et affective baissent les bras quant à leurs études.

Le mal-être des élèves et des étudiants n’est surtout pas à sous-estimer et le décrochage est devenu un véritable fléau.

Les élèves de primaire

On constate aujourd’hui une agitation motrice chez des enfants qui ne présentaient aucun signe auparavant: difficultés à suivre une conversation un peu longue, à rester assis, à faire un dessin, à terminer une construction de Lego…

Les jeunes enfants sont distraits, leur attention est labile et ils ne parviennent pas à rester concentrés longtemps. Ils sont dispersés, leurs idées s’échappent ou ne sont plus organisées en un raisonnement linéaire.

Par ailleurs, certains ne sont plus “propriétaires” de leur corps, de leur souffle, de leurs mouvements, de leurs émotions. Les exercices de respiration ou de méditation sont même parfois impossibles.

En cause, l’alternance de cours en présentiel et de cours en vision. Ces derniers impliquent une concentration moindre et donc des apprentissages non acquis, entrainant un décrochage au niveau des savoirs qui lui-même va engendrer une déconcentration plus rapide. L’enfant s’installe dans un cercle vicieux.

À l’inverse pour d’autres enfants, l’école à la maison est une bénédiction: enfants à haut potentiel, enfants victimes de harcèlement scolaire, enfants très proches de leur parent… Pour eux, l’école est devenue un pensum, une obligation insurmontable et l’impossibilité à franchir les grilles de l’école se mue en phobie scolaire qui est une forme de décrochage scolaire radicale.

Les collégiens et lycéens

L’alternance des modes d’apprentissages depuis un an n’incite pas les adolescents à être constants dans leurs cours et leurs devoirs. 

Ils ont maintenant sous les yeux plusieurs écrans simultanément, l’attention passant d’une notification à l’autre, de l’école aux réseaux sociaux, de leur série en cours aux devoirs à faire…

Leur concentration est dispersée, voire éclatée sans volonté de la rassembler en un objectif précis.

“Multitâches” disent-ils, mais cette multiplication des sollicitations et donc de leur attention les empêchent de se centrer sur eux-mêmes, les autres et ce qu’ils ont à faire. Leur motivation à apprendre, à accomplir, à réaliser s’effrite dangereusement. 

À cela s’ajoutent la distanciation sociale et le couvre-feu qui les empêchent de se retrouver et d’échanger après les cours, le week-end ou lors de fêtes. Le lien social se poursuit derrière les écrans, mais émousse et rend plus flou la présence de l’autre.

Cette problématique sociale associée au manque de motivation et l’envie de ne pas (plus) s’investir scolairement rendent dangereuse la poursuite de leurs cursus scolaire.

Le décrochage scolaire est un engrenage que les parents ne peuvent pas toujours percevoir: est-ce la situation Covid? Une crise d’adolescent? Un manque de motivation passager? 

Sans parler de la motivation et de l’énergie des parents qui s’usent avec le temps et donnent un exemple dont les adolescents peuvent parfois s’emparer très rapidement.

Les étudiants

Étudiant est l’âge de toutes les expériences que la vie peut offrir. C’est un moment en suspend entre l’adolescence et la vie d’adulte, une période de découverte intellectuelle et, un laps de temps intense socialement.

Avoir 20 ans aujourd’hui est l’inverse de la pulsion de vie et le décrochage étudiant se généralise.

Aux confinements successifs dans des logements très étroits et aux cours en distanciel, s’ajoute cette solitude sociale, affective et amoureuse. Si on ajoute des difficultés financières pour nombre d’entre eux, plus rien ne les raccroche aux études qu’ils ont choisies. Étudier seul devant son écran dans un espace réduit: pour quoi? Pour qui? Jusqu’à quand?

La concentration et la motivation sont au minimum.

La peur des examens, l’absence de stages, d’échange Erasmus, de perspectives pour une vie professionnelle et même personnelle future, l’incertitude et cette solitude immense leur font baisser les bras et abandonner leur cursus.

La jeunesse de 2021 est mal en point. On aurait pu penser que les jeunes allaient s’habituer aux nouvelles modalités d’enseignement. Mais c’est l’inverse qui se produit. Le manque de motivation et la déconcentration s’installent. Rien ne semble les rattacher au présent et rien ne les projette vers l’avenir. Pour éviter les séquelles à long terme, offrons aux plus jeunes des projets positifs et novateurs en attendant des jours meilleurs. Pour les étudiants il est urgent de mettre en place un plan national de sauvetage pour leur survie financière, psychologique et intellectuelle. 

À voir également sur Le HuffPost: En outre-mer, jusqu’à 25% de décrochage scolaire pendant le Covid-19