Déconfinement du 19 mai: en terrasse, la folie des réservations
DÉCONFINEMENT - “Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, j’y serai”. Sébastien, 42 ans, est inflexible: ce mercredi 19 mai, jour de la réouverture desterrasses et du décalage ducouvre-feu à 21 heures, il boira des verres au P’tit Bouchon,...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
DÉCONFINEMENT - “Qu’il vente, qu’il pleuve ou qu’il neige, j’y serai”. Sébastien, 42 ans, est inflexible: ce mercredi 19 mai, jour de la réouverture desterrasses et du décalage ducouvre-feu à 21 heures, il boira des verres au P’tit Bouchon, bar- restaurant situé à Châteauroux (Centre-Val de Loire), de midi à 21 heures, où il a réservé sa table le week-end dernier.
Retrouver un goût de la vied’avant, rattraper le temps perdu, sortir de chez soi... Les raisons ne manquent pas pour ces nombreux Français qui réservent depuis plusieurs semaines déjà pour prendre d’assaut les terrasses dès leurréouverture, avec une jauge de 50%.
Le jour des annonces d’Emmanuel Macron sur les dates du déconfinement, le 29 avril dernier, The Fork, plate-forme française de réservation de restaurants en ligne (ex La fourchette), a observé une hausse de 80% de la consultation sur son site internet. Dès le lendemain, le nombre de réservations avait été multiplié par dix.
Sébastien reconnaît qu’il a eu “de la chance” de connaître le patron du P’tit Bouchon pour y réserver une table tout l’après-midi, jusqu’au soir. “Je suis un habitué, j’y traîne tout le temps en temps normal”, précise au HuffPost l’éducateur sportif, qui a demandé à un collègue de le remplacer au travail, la nuit de mercredi à jeudi, pour ne pas rater une minute de cette “ambiance si particulière” propre aux terrasses de café.
Trouver coûte que coûte une place en terrasse
Théo, consultant en stratégie immobilière de 26 ans, a, lui aussi, anticipé l’affluence et réservé une table pour cinq personnes à Montmartre (Paris) dans son restaurant italien préféré. C’était il y a trois semaines, lorsque l’établissement a annoncé rouvrir le 19 mai. ”J’ai entendu tous mes amis causer de leurs réservations et j’ai compris qu’il fallait s’y prendre tôt si on voulait être sûrs de trouver une table, révèle-t-il au HuffPost. Lui aussi, connaissait le patron, “un ami”. “Je pense que ça a aidé”.
Pour ceux qui s’y sont pris trop tard, la tâche a été plus complexe, comme pour Manon, étudiante en philosophie de 25 ans. Si tous les bistrots et restaurants n’acceptent pas les réservations, selon la logique du “1er arrivé, 1er servi”, la jeune femme a, elle, préféré “assurer ses arrières”, et trouver “coûte que coûte” une place en terrasse, en amont. “C’était très pénible, j’ai dû appeler pas mal de restaurants avant d’en trouver un qui acceptait de réserver une table. Les autres étaient soit complets, soit sans réservation”, souffle la Parisienne. Pas question, donc, de se faire avoir une deuxième fois: à l’avenir, elle qui d’habitude “ne réserve jamais”, s’y prendra toujours ”à l’avance” pour tous les autres moments qu’elle partagera avec des amis en terrasse.
Un quart d'heure après la fin du discours, ça a commencé à sonnerJulien, patron du P’tit Bouchon
Une tactique nécessaire, à en croire certains restaurateurs, débordés d’appels depuis l’annonce de la réouverture. “Un quart d’heure après la fin du discours, ça a commencé à sonner. On est presque complets tous les matins et tous les soirs pendant une semaine”, confirme Julien, patron du P’tit Bouchon auprès du HuffPost, qui précise que s’ils ne réservent pas, les clients risquent de ne pas trouver de place. Pour faire face à l’affluence, ce restaurateur compte néanmoins organiser des roulements, afin d’accueillir “le plus de monde possible”.
De son côté, Christophe, le chef du restaurant gastronomique 2 étoiles au guide Michelin La Maison d’à Côté, situé à Blois (Centre-Val de Loire), est, lui aussi, débordé de demandes depuis l’annonce du calendrier de déconfinement, autant par téléphone que sur son site internet. “On prend des réservations 24 heures sur 24. En deux jours, tout était plein”, se réjouit-il. Certains clients ont même posé des jours de congés pour venir profiter d’un déjeuner dans son établissement. Difficile, alors, de cacher sa légère crainte de ne pas être à la hauteur face à l’engouement: “C’est stressant, il faut avoir un œil sur tout, le site, les réseaux sociaux, le téléphone, en permanence.”
Dans l’hôtel-restaurant Le Chateaubriand, à Saint-Malo, certains clients ont rusé pour s’assurer une place en terrasse. ”Un couple a réservé une chambre la journée dans l’hôtel alors qu’ils habitent à Saint-Malo même, pour être certains de s’asseoir à la table du restaurant, à midi”, s’amuse Jean-Philippe Roy, patron du Chateaubriand, qui ne prend pas de réservations pour les clients qui ne logent pas dans l’hôtel. “Nous avons beaucoup de demandes mais nous préférons attendre que les choses se calent avant d’accepter les réservations. Il faut trouver le bon équilibre entre sécurité et convivialité”, pointe celui qui a pris pour seule réservation hors hôtel, un mariage de vingt-cinq personnes en terrasse, ce vendredi. “On sent la frénésie dans les échanges avec les clients,”, jubile-t-il.
Clients et restaurateurs jubilent d’impatience
Nul doute que l’enthousiasme sera au rendez-vous pour ce 1er jour de réouverture, autant du côté des restaurateurs que des clients. “Rattraper le temps perdu et retrouver la vie d’avant, c’est bien ce qui a poussé Sébastien à réserver une table au P’tit Bouchon jusqu’au soir. “J’ai peur d’un quatrième confinement, concède-t-il, alors je me presse”. Pour Manon, il s’agit également “de lancer 2021” avec les personnes qu’elle aime le plus, “de marquer le coup, la fin d’une période”. Quant à Théo, il pense tous les jours au plaisir de “retrouver les gens à l’extérieur” et a même noté symboliquement le rendez-vous sur son agenda. “Même s’il pleut, j’irai, ce n’est pas ça qui va m’arrêter”, poursuit le jeune homme.
Même entrain chez certains patrons de bars, de bistrots et de restaurants qui, eux non plus, ne craignent pas les aléas de la météo. “La pluie ne me fait pas peur, je sais que les clients seront là”, rit Julien, du P’tit Bouchon. S’il sait qu’avec la jauge de 50% imposée et les mesures de distanciation sociale, son chiffre d’affaires ne sera pas très élevé, il s’en moque. “ Ce qui compte, c’est de retrouver les clients, de renouer avec la vie d’avant”. Christophe, qui a continué à travailler sur des plats inédits pendant toute la période du confinement et même embauché de nouveaux employés pour préparer la réouverture, se dit “prêt”: ”On a tous hâte de ce grand moment. C’est comme revivre une 1ère ouverture”.
À voir également sur le HuffPost: En Belgique, la réouverture des bars et restaurants a provoqué des débordements