Déconfinement: l'épidémie de Covid-19 en cartes et courbes

SCIENCE - Ce mercredi 19 mai marque la deuxième étape du grand plan de déconfinement élaboré par Emmanuel Macron. C’est surtout l’une des plus symboliques: après plus de six mois de fermeture, les terrasses et les lieux culturels vont pouvoir...

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SCIENCE - Ce mercredi 19 mai marque la deuxième étape du grand plan de déconfinement élaboré par Emmanuel Macron. C’est surtout l’une des plus symboliques: après plus de six mois de fermeture, les terrasses et les lieux culturels vont pouvoir rouvrir, avec un protocole sanitaire strict.

Mais n’est-ce pas trop tôt pour déconfiner? Tous les indicateurs de suivi du Covid-19 “sont au vert et ça démontre que le président de la République a eu raison dans son calendrier”, a déclaré lundi 17 mai sur RTL le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal.

Comme on peut le voir dans les cartes et courbes de l’épidémie de Covid-19 ci-dessous (mises à jour automatiquement), il est vrai que tous les indicateurs sont au vert, ce qui est une bonne chose. Mais dire que le déconfinement n’a pas lieu trop tôt est cependant peut-être une erreur.

Le risque, pointé du doigt par de nombreux modèles, c’est que cette réouverture avec une circulation du coronavirus encore élevée rende possible une quatrième vague cet été, notamment si la vaccination n’est pas au rendez-vous ou si de nouveaux variants viennent jouer les trouble-fêtes. Il faudra attendre plusieurs semaines pour en juger.

Baisse de l’épidémie dans toute la France

Mais commençons par les bonnes nouvelles. Effectivement, tous les indicateurs sont orientés dans la bonne direction, comme on peut le voir dans le graphique ci-dessous. La preuve que ce troisième confinement a eu son efficacité. Deux semaines après la réouverture des collèges et lycées, aucune hausse n’est pour l’instant détectée.

Il est possible que ces prochains jours, on décèle un sursaut. Celui-ci pourrait être dû à un effet tardif de la 1ère étape du déconfinement et de la réouverture des établissements scolaires. Mais seule une tendance durable, sur plusieurs jours et sur l’ensemble des indicateurs, permettra d’en être certain. Car les différents jours fériés risquent de faussent les statistiques sur le court terme.

Voici un résumé des différents indicateurs:

  • Taux d’incidence: c’est le nombre de cas détectés pour 100.000 habitants. Il est très utile, car il donne un état des lieux de l’épidémie en quasi-temps réel (quelques jours de décalage pour l’apparition des symptômes, voire avant leur apparition pour les cas contacts). Mais il est dépendant des capacités de dépistage.
  • Taux de positivité: c’est le nombre de tests positifs par rapport aux tests totaux effectués. Il permet de “contrôler” le taux d’incidence. S’il y a beaucoup de cas dans un territoire (taux d’incidence), mais que cela est uniquement dû à un dépistage très développé, le taux de positivité sera faible. À l’inverse, s’il augmente, cela veut dire qu’une part plus importante des gens testés sont positifs, mais surtout que les personnes contaminées qui ne sont pas testées, qui passent entre les mailles du filet, sont potentiellement plus nombreuses.
  • Taux d’occupation des lits de réanimation par des patients Covid-19: C’est un chiffre scruté, car il permet de savoir si les hôpitaux sont capables de gérer l’afflux de patients. Il est très utile, car il y a peu de risque de biais: il ne dépend pas du dépistage et les occupations de lits sont bien remontées aux autorités. Son désavantage: il y a un délai important entre la contamination et le passage en réanimation, d’environ deux à trois semaines. 
  • Entrées en réanimation et nouvelles hospitalisations: moyenne lissée sur 7 jours des personnes entrant à l’hôpital
  • Décès à l’hôpital: Comme les réanimations, c’est un indicateur plutôt fiable, mais avec un délai important.
  • R effectif: cet indicateur représente le “taux de reproduction du virus” réel, c’est-à-dire le nombre de personnes infectées par un cas contagieux. Il est calculé par des épidémiologistes et a lui aussi un délai important.

Situation variée par département

Si l’on regarde la situation en détail, l’épidémie de Covid-19 circule différemment selon les territoires. On voit notamment sur les deux cartes ci-dessous que dans certains départements, notamment en Île-de-France et dans les Hauts-de-France, l’incidence et le taux d’occupation des lits en réanimation restent très élevés.

Pour autant, aucun département ne dépasse 400 en incidence, le seuil fixé par Emmanuel Macron (et considéré comme trop élevé par de nombreux épidémiologistes) pour déclencher des “mesures de freinage”. De plus, la tendance est à la baisse dans l’écrasante majorité des départements. Et dans les rares territoires où une hausse est décelable (Finistère, Orne), elle est très récente et demandera confirmation dans les jours à venir. La carte et les graphiques ci-dessous permettent de s’en rendre compte.

Période charnière

Si les indicateurs vont dans le bon sens, la circulation du virus reste importante et la tension hospitalière élevée. Or, “nous sommes dans une période charnière de montée en puissance rapide de la vaccination et de décroissance des contaminations qui sont nos portes de sortie. Il faut qu’on tienne un peu plus longtemps et rester prudent cet été”, explique au HuffPost Simon Cauchemez modélisateur au sein du Conseil scientifique.

Sauf que pour que la campagne vaccinale soit efficace, il faut lui laisser le temps. “Si dès aujourd’hui on repassait aux mesures de relâchement que l’on a mis en place durant l’été 2020, on aurait une vague importante. Il est important de maintenir un certain contrôle de l’épidémie sans doute jusque dans le courant du mois de juin avant qu’un relâchement de ce type ne soit envisageable”, précise le chercheur.

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