Depuis la crise, mes collaborateurs travaillent d'où ils le souhaitent et ça change tout - BLOG
TÉLÉTRAVAIL - J’ai grandi avec Paris comme centre exclusif des décisions économiques et politiques -la capitale accueillant tous les sièges des grandes entreprises, et plus particulièrement celles de mon secteur, celui des assurances. Dans...
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TÉLÉTRAVAIL - J’ai grandi avec Paris comme centre exclusif des décisions économiques et politiques -la capitale accueillant tous les sièges des grandes entreprises, et plus particulièrement celles de mon secteur, celui des assurances. Dans le “monde d’Avant”, quitter la capitale, c’était bien pour prendre le vert et recharger les batteries le temps d’un week-end ou de vacances. Mais pas plus.
Les temps ont changé. Ces dernières années, j’ai remarqué que de plus en plus de jeunes adultes ou de cadres confirmés de mon entourage professionnel et personnel souhaitaient poursuivre leur vie professionnelle hors de Paris. Leurs arguments étaient bien affûtés. Primo, le prix de l’immobilier intra-muros devenu prohibitif; deuxio, le temps de transport depuis la banlieue trop souvent dissuasif; tertio, la qualité de vie désormais prioritaire.
Pourtant, les grandes entreprises continuent de s’inspirer en tous points de l’univers des start-ups pour fidéliser et recruter de jeunes collaborateurs. Il n’est qu’à visiter leurs sièges sociaux implantés à la Défense ou en bordure de Paris. Crèches et salles de sport vous accueillent au rez-de-chaussée, baby-foot et corbeilles de fruits frais bio s’invitent à tous les étages et des conciergeries d’entreprise sont censées faire gagner du temps. Cette recette du bien-être n’opère plus de miracle, semble-t-il.
Paris, tu m’aimes, mais je te quitte
En 2019, le Baromètre des territoires Elabe indique que 56% des Franciliens habiteraient dans une autre région s’ils en avaient la possibilité. La proportion atteint 80% chez les cadres, prêts à rogner sur leur salaire parisien en échange d’une meilleure qualité de cadre de vie. Le désintérêt pour la vie à Paris ne concerne pas seulement mes proches et mes connaissances… Les grands groupes se seraient-ils trompés?
Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!
Il faut me rendre à l’évidence. Une révolution copernicienne s’opère en douceur. Hier, on vivait où l’on travaillait; aujourd’hui, on veut travailler où l’on choisit de vivre. Les aspirations des gens changent, le monde change, les entreprises doivent changer aussi et contribuer à redonner du sens. La qualité de vie au travail –la fameuse QVT– n’est que l’une des composantes de la qualité de vie.
Qu’en est-il à l’échelle de l’entreprise que je dirige? Au quotidien, la plupart des collaborateurs passent souvent plus de deux heures par jour dans les transports en commun, dans des conditions difficiles aux heures de pointe, pour rejoindre nos bureaux parisiens. Les manifestations à répétition dans Paris, puis les grèves contre la réforme des retraites en 2019 ont accentué le sentiment de fatigue, voire d’exténuation dès l’arrivée dans nos locaux. Notre vie francilienne suit le rythme ternaire du “métro-boulot-dodo”. Les 35 heures nous avaient pourtant promis la société des loisirs et un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie professionnelle.
La crise comme moteur de ma révolution managériale
Mars 2020, l’imprévisible se produit. La France se confine alors que le monde est frappé par la pandémie de Covid-19. C’est l’opportunité pour notre entreprise, comme pour bien d’autres, d’orchestrer une mise en place à grande échelle du plan de continuité d’activité -télétravail, management à distance -, d’encourager l’autonomie et la responsabilisation de chacun et de déployer des outils et services digitaux. Bref, d’accélérer pour de bon la révolution managériale. Avec quelques ajustements d’ordre relationnels ou techniques inévitables lors du basculement en 100% télétravail, nous traversons la crise, mois après mois, tout en assurant la meilleure qualité de service possible.
La crise sanitaire a fini de me convaincre. Pourquoi maintenir à tout prix notre centre à Paris, devenue ville chère, usante et compliquée quand on y travaille, alors qu’en province les trajets “domicile-travail” sont plus courts, plus simples, que la vie y est moins chère et que les salariés ont parfois même la possibilité de rentrer chez eux à l’heure du déjeuner? Déjà implantés à Paris, Lille et Lyon, nous décidons d’ouvrir un nouveau site à Aix-en-Provence, d’accroître les effectifs à Lyon et d’offrir la possibilité aux collaborateurs de choisir leur lieu de vie entre ces quatre villes.
La vie, c’est aussi le (télé) travail
Dans ce mode de travail intersites, grâce aux dispositifs collaboratifs à distance, les managers et leurs équipes n’ont plus l’obligation d’être présents dans les mêmes bureaux. Le mouvement rencontre un vif succès auprès des salariés franciliens. Près de 20% d’entre eux choisissent, dès 2021, de rejoindre nos sites en régions.
Ce projet de mobilité géographique, économiquement rentable, socialement responsable, foncièrement efficace, devrait s’avérer attractif pour notre clientèle et nos partenaires, dans notre monde où riment mobilité, montée en puissance des territoires, grandes métropoles et villes moyennes, et transition numérique et écologique.
J’ai toujours été convaincu que la vie c’est aussi le travail. Aujourd’hui, je pense que la vie c’est aussi le (télé) travail.
À voir également sur Le HuffPost: Les patrons ont-ils confiance en leurs employés en télétravail?