Détournement d'avion: le régime Loukachenko est prêt à attaquer l'Europe pour se maintenir

Le régime du président biélorusse ne réprime pas seulement ses opposants sur le sol national, il menace directement les Européens eux-mêmes partout sur le continent. En adoptant une quatrième série de sanctions contre le clan Loukachenko, l’Union...

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Des Biélorusses vivant en Pologne et des Polonais qui les soutiennent brandissent une pancarte sur laquelle on peut lire

Le régime du président biélorusse ne réprime pas seulement ses opposants sur le sol national, il menace directement les Européens eux-mêmes partout sur le continent. En adoptant une quatrième série de sanctions contre le clan Loukachenko, l’Union européenne montre qu’elle a pris conscience du danger. 

En détourant le vol Ryan Air 4978 pour arrêter Roman Protassov, les services biélorusses ont peut-être cru mener une nouvelle opération clandestine de répression de l’opposition nationale. Tous les éléments portent la signature des mœurs politiques de l’ancienne aire soviétique. Le simple survol du territoire biélorusse par cette liaison commerciale ordinaire a fourni l’occasion. L’alerte à la bombe invoquée par des agents biélorusses à bord a servi de prétexte. L’invocation de la sécurité nationale a donné un habillage juridique. Et le rappel du principe de souveraineté nationale est destiné à mettre fin aux discussions. Quant à la principale victime, le journaliste Roman Protassov, national biélorusse, il a constitué une cible de choix pour un régime qui réprime, moleste, arrête et violente son opposition et sa société civile depuis les élections truquées d’août 2020.

Toutefois, le régime Loukachenko ne doit être réduit ni à un danger pour sa propre population ni à un risque régional limité à l’espace baltique. C’est une menace pour l’Union, ses pouvoirs publics, ses entreprises et ses propres ressortissants.

 

Il est temps de prendre la mesure d’un régime qui ne reconnaît plus aucune force de rappel dans ses actes internationaux.

 

Cette opération a –consciemment ou non peu importe– montré la volonté explicite et officielle du régime biélorusse d’attaquer l’Union européenne. Les pouvoirs publics biélorusses ont envoyé un chasseur contre une compagnie aérienne européenne basée en Irlande. C’est une liaison entre deux grandes capitales de l’Union -Athènes et Vilnius- qui a été interrompue par la menace de la force. C’est la liberté de mouvement à l’intérieur de l’Union européenne qui a ainsi été bafouée à travers la violation patente de la Convention dite de Chicago qui, en 1947, a organisé le trafic aérien civil. Ce sont plusieurs dizaines de ressortissants de l’Union européenne présents dans cet aéronef qui ont été détenus plusieurs heures.

Le régime Loukachenko affirme ainsi ouvertement qu’il méprise les mesures restrictives adoptées par l’Union européenne contre 88 personnalités et 7 entités biélorusses. En butte à des manifestations considérables et récurrentes, arc-bouté sur ses services de sécurité, ne tenant aucun compte des demandes européennes, présumant par avance du soutien russe, ce régime est désormais prêt à tout pour se maintenir. Qui peut affirmer que les ressortissants européens hostiles au régime ne seront pas eux-mêmes visés, dans leurs correspondances électroniques, dans leurs déplacements, dans leur réputation ou même dans leur intégrité physique?

Il est temps de prendre la mesure d’un régime qui ne reconnaît plus aucune force de rappel dans ses actes internationaux. Suspendre les liaisons avec la Biélorussie et renforcer les sanctions individuelles est un 1er pas. Il convient également d’exclure la Biélorussie de la politique européenne de voisinage, des financements de la Banque européenne d’investissement, des enceintes internationales où elle côtoie les États membres de l’Union européenne comme l’assemblée causementaire du Conseil de l’Europe, l’UEFA dans la perspective de l’Euro de football, l’Union européenne de radiotélévision qui organise l’Eurovision, etc. Il convient de lui dénier également tout rôle de médiateur dans le processus issu des Accords de Minsk concernant l’Ukraine. Sur le plan symbolique, politique, économique et médiatique, la Biélorussie doit être traitée comme une menace directe pour l’Union. Car l’arrestation de Roman Protassov n’est pas une opération de répression nationale, c’est un acte d’agression contre les principes, les intérêts et les ressortissants de l’Union européenne.

 

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