Dominique A nous emporte avec ses “Reflets du monde lointain”

“Un jour, un petit garçon sortit jouer dehors. En ouvrant sa porte il vit le monde. En franchissant le seuil, il causa un reflet.” Que vient faire, en ouverture d’une chronique du nouvel EP de Dominique A, cette étrange “vieille histoire” rapportée...

Dominique A nous emporte avec ses “Reflets du monde lointain”

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“Un jour, un petit garçon sortit jouer dehors. En ouvrant sa porte il vit le monde. En franchissant le seuil, il causa un reflet.” Que vient faire, en ouverture d’une chronique du nouvel EP de Dominique A, cette étrange “vieille histoire” rapportée au début d’Inland Empire de David Lynch ?

C’est qu’il y a chez le songwriter nantais d’adoption quelque chose de ce petit garçon, à qui voir le Monde ne suffit pas : il lui faut le diffracter en un reflet. Le Monde réel (2022), c’est le récent album de Dominique A, justement salué comme l’un des aboutissements de sa discographie, avec la figure tutélaire et diffuse de Mark Hollis pour guider ses musiciens.

De ces mêmes sessions nous viennent aujourd’hui ces Reflets, composés de huit titres, comme Dominique l’avait un temps envisagé pour l’album originel en clin d’œil à The Colour of Spring (1986) de Talk Talk.

Vers la poésie

Comme pour confirmer la traversée du miroir, Reflets du monde lointain commence par Le Dénouement. Un 1er et très court instrumental auquel répondra plus loin un second, plus développé : Le Retournement, appuyant la cohérence d’un EP généreux qui est bel et bien un album en condensé. Et même une porte d’entrée vers ce que ce phare de la chanson indépendante a de plus poétique.

Si La Musique (2009) contenait en son sein dépouillé toute la matière à l’os du style A (ce saisissant équilibre entre lyrisme et minimalisme), le diptyque Monde/Reflets en déploie le versant aérien, vaporeux, subtil. Les arrangements, tout en alliages déliés (batterie en pointillés, guitare parcimonieuse, claviers hantés, touches de harpe et cordes soyeuses) laissent frissonner l’air dans le squelette de chansons aux dynamiques qui font chavirer (La Fadeur et l’Intensité, Les Yeux dans le soleil).

Ce piano qui souligne en délicatesse les envolées du single Les Vagues et les Regrets, ces vents qui portent haut son 1er refrain, ces orchestrations (fomentées avec David Euverte) qui au fil du disque nous baladent comme une feuille entre ciel et terre : rien n’est en trop dans cet EP dont la luxuriance n’étouffe jamais.

Après la guitare cohénienne de La Plaine, l’ensemble se termine sur la lumière nue à travers la verrière de la Maison d’ambre. Si “chaque enfant dans son monde en entrant dans la cour nous oublie déjà” (Chaque enfant dans son monde, plus beau titre du lot), l’histoire du petit garçon rapportée en début de chronique se conclut ainsi : “Le mal était né. Mais ici point de terreur : le reflet causé par le grand garçon qu’est Dominique A, sorti voir l’envers du monde, donne naissance à de nouvelles splendeurs.

Reflets du monde lointain ep (Cinq7/Wagram). Sortie le 3 mars.