Du début du confinement à la fin des certitudes

POLITIQUE - Un impensable confinement décidé à reculons. Entrée en vigueur le 17 mars 2020 à midi, la mesure annoncée la veille au soir par Emmanuel Macron ne devait jamais voir le jour à en croire la parole officielle. Des membres du gouvernement...

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POLITIQUE - Un impensable confinement décidé à reculons. Entrée en vigueur le 17 mars 2020 à midi, la mesure annoncée la veille au soir par Emmanuel Macron ne devait jamais voir le jour à en croire la parole officielle. Des membres du gouvernement jusqu’aux observateurs de la vie publique, personne n’imaginait que les autorités françaises se résignent, quelques jours après l’Italie et l’Espagne, à mettre à leur tour “le pays sous cloche” afin d’enrayer les courbes exponentielles de l’épidémie du nouveau coronavirus.  

Deux mois plus tôt, l’annonce du confinement de Wuhan, le 23 janvier, sera interprétée en France comme une décision trop autoritaire prise par un régime dictatorial. “Un excès de zèle?”, s’interroge Patrick Cohen. ”Évidemment”, répond l’éditorialiste de France 5 estimant que “mettre en quarantaine une ville de 11 millions d’habitants, cela ne peut se produire, j’imagine, que dans un régime autoritaire comme la Chine”. Et c’est précisément ce qui rend Éric Zemmour “admiratif”. Le polémiste de CNews s’amuse d’abord des “bons côtés d’une dictature” où tout le monde obéit et en conclut immédiatement qu’“en France, on ne pourrait pas faire ça”. La modératrice de l’émission acquiesce. Épidémiologiste qui s’ignore, Éric Zemmour conteste cependant l’utilité du confinement imposé par Pékin car “40.000 cas sur une population de 1,5 milliard d’habitants, c’est rien du tout”. Christine Kelly réopine du chef.

Les certitudes contrariées, le gouvernement va lui aussi les enchaîner. “80% des malades ont un gros rhume ou une grosse grippe, on ne va pas arrêter le pays pour autant”, martèle Sibeth Ndiaye le 5 mars sur LCI, onze jours avant l’annonce d’un confinement strict. La porte-parole du gouvernement assure que “la vie ne s’arrêtera pas” en France, quelle que soit l’évolution de la pandémie. Fermer les écoles? “Nous pensons que ce n’est pas la stratégie adéquate”, répond le même jour Jean-Michel Blanquer sur BFMTV. Pourtant, une semaine plus tard, Emmanuel Macron décrète “jusqu’à nouvel ordre” la fermeture de tous les établissements scolaires. Mais en attendant, le ministre de l’Éducation nationale persiste à dire que “dans tous les scénarios que nous avons, ce n’est pas prévu”.  

Malgré la dégradation de la situation sanitaire, la fermeture des écoles et de nombreux commerces, les élections municipales se dérouleront coûte que coûte. Se basant sur les recommandations du Conseil scientifique, Édouard Philippe assure le 13 mars sur TF1 avoir “la conviction que nous pouvons organiser dans de bonnes conditions le premier et le second tour”. Mais trois jours plus tard, Emmanuel Macron contredit son Premier ministre en reportant sine die le second tour.

Invité par France Inter fin août 2020, le philosophe Frédéric Worms décrit avec justesse la période que nous vivons maintenant depuis plus d’un an. “L’un des signes sidérants de l’époque, c’est que cela change tout le temps. L’un des signes de la sidération, c’est l’incertitude. On construit une digue et ça change le lendemain”, constate-t-il. Exemple concret : de l’inutilité des masques pour protéger la population à l’obligation d’en porter quand il est enfin possible d’en importer. Édouard Philippe a justifié ce revirement en accusant les scientifiques d’avoir changé d’avis. 

S’il est un scientifique qui n’en démord jamais, malgré les évidences, c’est bien Didier Raoult. Le promoteur du traitement, miracle devenu mirage, à base d’hydroxychloroquine pour soigner le Sars-Cov-2 peut tout de même se réjouir du succès incontestable des vidéos qu’il publie sur YouTube. Sur la chaîne de l’IHU de Marseille, qui compte aujourd’hui 378.000 abonnés, le professeur prophétisait en février 2020 qu’il “Il y a très peu de maladies infectieuses qui se répandent dans tout l’espace de la terre au même moment, ça n’existe pas”. Le professeur Raoult considérait à l’époque que l’épidémie de coronavirus “c’est beaucoup de bruit pour pas grand-chose”. Un an après, le Covid-19 a fait au moins 2,3 millions de morts à travers le monde.

En matière de vaccin également “cela change tout le temps”. Emmanuel Macron continue d’ailleurs d’en faire l’amère expérience. En réponse à Donald Trump qui affirmait qu’un vaccin serait très certainement disponible d’ici la fin de l’année 2020, le président français adressait en mai 2020 une petite déguisée à son homologue américain. “Personne de sérieux ne me dit que nous aurons des vaccins disponibles d’ici la fin de l’année. Personne de sérieux”, a lancé le chef de l’État. “Je dirais que le consensus est plutôt sur la fin 2021”, ajoutait-il en rappelant que “la plupart du temps, on a mis dix ans à en trouver”.   

Après avoir émis, fin janvier 2021, de sérieux doutes sur l’efficacité du vaccin AstraZeneca “quasi inefficace pour les plus de 65 ans”, Emmanuel Macron a fait savoir fin février que “si c’est ce vaccin qui m’est proposé, je le prendrai bien évidemment”, en précisant que le sérum mis au point par l’université d’Oxford est “sécure” pour tous, avant d’annoncer ce lundi 15 mars que la France, dans le sillage de l’Allemagne, suspend l’utilisation du vaccin AstraZeneca dans l’attente de l’avis de l’Agence européenne du médicament qui se montre rassurante. Décidément, un an après le début du premier confinement, rien ne se passe comme prévu dans une époque marquée par des certitudes très éphémères. 

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