Dubaï sous l’eau, le nouvel album de Marie Klock… C’est l’édito bizarre de François Moreau
Dubaï sous la flotte, des chameaux emportés par le courant dans le désert, le tarmac de l’aéroport international de l’émirat transformé en piscine houleuse. Les images qui nous sont parvenues cette semaine des Émirats arabes unis, en proie...
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Dubaï sous la flotte, des chameaux emportés par le courant dans le désert, le tarmac de l’aéroport international de l’émirat transformé en piscine houleuse. Les images qui nous sont parvenues cette semaine des Émirats arabes unis, en proie à des pluies torrentielles, ont quelque chose d’onirique, voire de carrément bizarre et omineux. Momentanément victime de perturbations cognitives à la vue de ces scènes que l’on aurait dites extraites d’un roman d’anticipation, je me suis souvenu de cette phrase d’Alain Damasio, auteur de science-fiction sous les feux de la rampe, prononcée sur France Inter le 11 avril : “Pendant très longtemps, on nous a vus comme des gens qui font de la prospective, c’est allé tellement vite qu’on est devenus des écrivains réalistes”.
À peu près au même moment, dans mon courrier, je tombe sur ce bouquin de Mark Fisher, éminent critique culturel britannique décédé en 2017, publié ces jours-ci pour la 1ère fois en France par les éditions Sans soleil et traduit par Julien Guazzini : Par-delà étranger et familier – Le bizarre et l’omineux. Dans cet ouvrage, le critique “cartographie les variétés de l’étrange” qui hantent les œuvres des artistes que l’on connaît tous·tes – de The Fall, à David Lynch, Stanley Kubrick ou encore l’autrice australienne Joan Lindsay. Au sujet du bizarre, il écrit que son surgissement “vient signaler que les concepts et les référentiels utilisés jusqu’à présent sont dorénavant obsolètes”. À propos de l’omineux, il poursuit en disant qu’il “peut nous donner accès aux forces qui gouvernent la réalité ordinaire mais qui sont généralement dissimulées, tout comme il peut nous donner accès à des espaces situés complètement au-delà de la réalité banale”. Comme la vision des chameaux de Dubaï entraînés par les eaux, deux disques sortis récemment ont détraqué nos sens. Bizarres et omineux, eux aussi, dans le sens où ils nous sortent momentanément de notre quotidien trop réaliste pour être vrai.
Conspirations ?
Il y a d’abord Un autre monde///dans notre monde, objet de collages sonores halluciné, piloté par Jean-François Sanz et mettant à l’honneur le réalisme fantastique, dans la lignée du travail de curation du commissaire d’expo affilié à agnès b. On y retrouve, entrecoupés de propos radiophoniques de Louis Pauwels et Jacques Bergier (papes de ce courant de pensée contre-culturel des sixties en quête de civilisations perdues), des pépites musicales vintage (de Tuxedomoon à Guy Skornik ou Brigitte Fontaine) et des inédits contemporains (des Limiñanas à Exotourisme ou Zombie Zombie).
L’autre, c’est l’album de Marie Klock, intitulé Damien est vivant, en hommage à son ami poète décédé Damien Schultz. Jouant des faux raccords, on reconnaît dans les textes et dissonances sonores de la musicienne, ce regard à côté, sur ces choses et sentiments qui n’ont rien à foutre là, situés à la lisière du ridicule et du pathétique, mais qu’on ne prend pas la peine de souligner par crainte de devenir zinzin. Tout se recoupe, finalement. À croire que les conspirations existent.
Édito initialement paru dans la newsletter Musique du 19 avril. Pour vous abonner gratuitement aux newsletters des Inrocks, c’est ici !