“Dunya” : Mustafa choisit le folk comme exutoire

Chaque chanson de Mustafa renferme toute une vie. Une vie avec ses souffrances, ses doutes, ses moments d’enthousiasme et de mélancolie. Visiblement moins par choix que par nécessité : “Cette introspection est difficile à gérer, c’est encore...

“Dunya” : Mustafa choisit le folk comme exutoire

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Chaque chanson de Mustafa renferme toute une vie. Une vie avec ses souffrances, ses doutes, ses moments d’enthousiasme et de mélancolie. Visiblement moins par choix que par nécessité : “Cette introspection est difficile à gérer, c’est encore le meilleur moyen de plonger toujours plus profondément dans les bras de la douleur, dévoile-t-il entre deux avions, depuis l’aéroport de Los Angeles. Mais la vérité, c’est que je ne sais pas faire autrement.”

En 2021, c’était déjà le cas avec When Smoke Rises, un disque de huit titres que Mustafa considère moins comme un 1er album que comme une “introduction” à son monde, aujourd’hui déployé dans son entièreté. Dunya résume une grande partie de ma vie”, confirme-t-il, conscient de la lourdeur des thèmes abordés : la violence des gangs, les traumatismes de l’enfance, la guerre, le deuil de son frère aîné, etc.

Aaron Dessner, Rosalía, Daniel Caesar en guests

Le songwriter canadien a toutefois la courtoisie de transformer chacune de ses pensées tourmentées en chansons réconfortantes : jamais, en effet, la noirceur n’a été aussi lumineuse que dans ces douze folk songs sensibles, douces, qui proposent in fine une forme de consolation face à la violence qui agite l’époque. “Même quand je veux choisir le pistolet, il en sort des fleurs”, résume-t-il, lucide.

Pour expliquer cette sérénité apparente, Mustafa évoque sa dévotion à l’islam, clairement affichée sur Dunya, jusque dans le titre de certains morceaux (Name of God et What Happened, Mohamed?).

Un album traversé de musique soudanaise et de vocalises héritées du R&B

Naïvement, on se dit que cette façon d’envisager le folk comme un refuge doit également beaucoup à l’écoute répétée des albums d’Adrianne Lenker, qu’il admire et avec qui il partage une évidente fragilité, une faculté à rejouer sans cesse les mêmes airs sensibles, traversés ici par des sonorités puisées dans la musique soudanaise et des vocalises héritées du R&B.

Qu’il se réapproprie une comptine d’enfance ou rende hommage à un ami vivant à Gaza, Mustafa a ce talent inné pour nous embarquer dans son univers, en faire visiter chaque recoin, et fédérer autour de lui. Pas pour rien si Drake et The Weeknd l’ont porté aux nues. Pas pour rien non plus si Aaron Dessner, Rosalía, Daniel Caesar, Clairo et Nicolas Jaar figurent au casting de Dunya, sans jamais la ramener, toujours au service d’une musique au pouls ralenti, à la beauté pâle, à la portée universelle.

Dunya (Jagjaguwar/Modulor). Sortie le 27 septembre.