École: développer la mixité scolaire, c’est construire une société plus apaisée

“Ils font quoi tes parents?” “T’es de quelle origine?” Des questions anodines que nous avons posées innocemment étant enfants ou que nos enfants posent, aujourd’hui, à leurs camarades. Dans les grandes villes, l’uniformité des réponses devrait...

École: développer la mixité scolaire, c’est construire une société plus apaisée

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Un enseignant du collège La Grange Aux Belles à Paris, au moment de la rentrée des classes et de l'hommage à Samuel Paty, le 2 novembre 2020. (Photo by THOMAS SAMSON/AFP via Getty Images)

“Ils font quoi tes parents?” “T’es de quelle origine?” Des questions anodines que nous avons posées innocemment étant enfants ou que nos enfants posent, aujourd’hui, à leurs camarades. Dans les grandes villes, l’uniformité des réponses devrait nous interpeller. Le constat est sans appel.

Alors que la France est l’un des pays de l’OCDE où l’origine sociale des élèves détermine le plus fortement leurs performances scolaires à l’âge de 15 ans (enquête Pisa), les établissements continuent d’être profondément inégalitaires d’un point de vue social. 10% des collèges accueillent plus de 63% d’élèves d’origine sociale défavorisée. 

Pourtant, personne n’a intérêt à perpétuer la ségrégation scolaire.

Là où certains se poseraient encore la question du besoin de mixité, rappelons quelques faits.

Sortir de la ghettoïsation scolaire

Les “effets de pairs” concernent tout le monde. Les résultats d’un élève ne sont pas la simple conséquence de ses efforts mais aussi de ceux fournis par ceux qui l’entourent. Sans faire baisser le niveau global, la mixité permet au contraire d’augmenter le niveau des élèves défavorisés. Pourquoi, dans ce cas, s’en priver?

 

Les résultats d’un élève ne sont pas la simple conséquence de ses efforts mais aussi de ceux fournis par ceux qui l’entourent.

 

L’expérimentation parisienne des “secteurs multi-collèges”, évaluée par Julien Grenet et Youssef Souidi dans les 18e et 19e arrondissements de Paris, montre qu’une progression de la mixité dans ces zones géographiques s’accompagne d’évolutions comportementales notables. “Si on les affecte dans un établissement plus mixte [les élèves] gagnent confiance en eux, sont exposés à d’autres normes et sont moins souvent enclins au fatalisme social”. Il est urgent de permettre à tous les élèves de découvrir ou de trouver un champ des possibles à la hauteur de notre promesse républicaine. 

Les expérimentations se multiplient et les résultats sont encourageants. Par exemple, si la procédure d’affectation informatisée Affelnet n’avait pas pour but initial de promouvoir la mixité, la prise en compte de critères sociaux dans l’affectation des lycées parisiens a changé la donne. C’est précisément ce mouvement qu’il faut appuyer et déployer. Sortir de la ghettoïsation scolaire par le brassage d’élèves de différents horizons est nécessaire. Mais la mise en œuvre d’une telle stratégie ne doit pas négliger les humains, leurs peurs et les pressions familiales qui existent. À ce niveau-là aussi, un changement s’impose.

N’abandonnons pas notre fraternité

Au-delà des constats et évaluations scientifiques, la promotion de la mixité sociale et d’origine à l’école pose le défi de la vitalité de nos valeurs républicaines. L’école est en effet le lieu de transmission d’un sentiment d’appartenance de tous les enfants à la République. Y développer la mixité, c’est renforcer le rôle de l’institution scolaire dans la recherche d’une société plus apaisée.

Depuis 2013, la mixité sociale compte parmi les “missions du service public d’éducation”. Pour le secteur privé, la prise en compte des stratégies de mixité n’est pas nécessairement automatique. Ces établissements reflètent souvent une quasi-uniformité sociale et sont au cœur des stratégies d’évitement de certains parents. Pour résoudre cette impasse, des modifications du projet de loi séparatisme portées par des causementaires ont prévu une meilleure prise en compte des enjeux de mixité dans les établissements privés sous contrat. C’est un 1er pas encourageant, mais nous pouvons aller plus loin.

 

Sortir de la ghettoïsation scolaire par le brassage d’élèves de différents horizons est nécessaire.

 

Ne laissons pas non plus nos enfants évoluer dans un environnement qui n’est pas à l’image de notre pays. Côtoyer l’autre, celui qui n’a pas la même couleur de peau, pas les mêmes pratiques à la maison, mais qui est notre semblable à l’école comme dans la société: il n’y a pas de meilleur gage de fraternité et de cohésion.

Pour la réussite de nos enfants, pour leur ouverture sur l’autre, pour leur confiance en eux et pour la devise “liberté, égalité, fraternité” que chaque école porte sur ses murs, rendons effective cette mixité tant désirée.

 

Signataires: 

Cathy Racon-Bouzon, Députée de la 5ème circonscription des Bouches-du-Rhône, Vice-présidente de la Commission des Affaires culturelles et de l’Education 

Saïd Ahamada, Député de la 7ème circonscription des Bouches-du-Rhône

Laetitia Avia, Députée de la 8ème circonscription de Paris

Yves Blein, Député de la 14ème circonscription du Rhône

Claire Bouchet, Députée de la 2ème circonscription des Hautes-Alpes

Yaël Braun-Pivet, Députée de la 5e circonscription des Yvelines, Présidente de la Commission des Lois

Stéphane Buchou, Député de la 3ème circonscription de Vendée

Carole Bureau-Bonnard, Députée de la 6ème circonscription de l’Oise

Céline Calvez, Députée de la 5ème circonscription des Hauts-de-Seine

Sylvie Charrière, Députée de la 8ème circonscription de Seine-Saint-Denis

Mireille Clapot, Députée de la 1ère circonscription de la Drôme

Fabienne Colboc, Députée de la 4ème circonscription d’Indre-et-Loire

François Cormier-Bouligeon, Député de la 1ère circonscription du Cher

Coralie Dubost, Députée de la 3ème circonscription de l’Hérault

Françoise Dumas, Députée de la 1ère circonscription du Gard, Présidente de la Commission de la Défense nationale et des Forces armées

Philippe Chalumeau, Député de la 1ère circonscription d’Indre-et-Loire

Stéphane Claireaux, Député de la 1ère circonscription de Saint-Pierre-et-Miquelon Loïc Dombreval, Député de la 2ème circonscription des Alpes-Maritimes

Raphael Gérard, Député de la 4ème circonscription de Charente-Maritime

Daniele Hérin, Députée de la 1ère circonscription de l’Aude

Caroline Janvier, Députée de la 2ème circonscription du Loiret

Amélia Lakrafi, Députée de la 10ème circonscription des Français établis hors de France 

Gaël Le Bohec, Député de la 4ème circonscription d’Ille-et-Vilaine

Jacques Maire, Député de la 8ème circonscription des Hauts-de-Seine

Pierre Person, Député de la 6ème circonscription de Paris

Florence Provendier, Députée de la 10ème circonscription des Hauts-de-Seine Pierre-Alain Raphan, Député de la 10ème circonscription de l’Essonne

Cécile Rilhac, Députée de la 3ème circonscription du Val d’Oise

Laurianne Rossi, Députée de la 11ème circonscription des Hauts-de-Seine, Questeure

Bertrand Sorre, Député de la 2ème circonscription de la Manche

Bruno Studer, Député de la 3ème circonscription du Bas-Rhin, Président de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Education

Stéphane Testé, Député de la 12ème circonscription de Seine-Saint-Denis Laurence Vanceunebrock, Députée de la 2ème circonscription de l’Allier

Annie Vidal, Députée de la 2ème circonscription de Seine-Maritime

Souad Zitouni, Députée de la 1ère circonscription du Vaucluse

Jean-Marc Zulesi, Député de la 8ème circonscription des Bouches-du-Rhône

 

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