“Eels Time!”, nouvelle réussite pour le vrai-faux groupe de Mark Oliver Everett

Quinze albums. D’accord, c’est peut-être la production annuelle d’un groupe comme King Gizzard & the Lizard Wizard, mais en règle générale, c’est ce qu’on appelle une carrière – c’est par exemple le contenu de la discographie de R.E.M....

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EELS

Quinze albums. D’accord, c’est peut-être la production annuelle d’un groupe comme King Gizzard & the Lizard Wizard, mais en règle générale, c’est ce qu’on appelle une carrière – c’est par exemple le contenu de la discographie de R.E.M. sur ses trois décennies d’activité. D’ailleurs, Beautiful Freak (1996), le tout 1er album d’Eels, approche bientôt les trente ans, et la carrière du groupe à la formation fuyante trace une ligne glissante et sinueuse entre joyaux intimistes et pétarades récréatives.

Avec le temps, c’est à la fois une grande cohésion (la patte de songwriter de Mark Oliver Everett, alias E, reconnaissable entre mille) et une foule de styles (blues, folk, pop) qui caractérisent l’œuvre des anguilles. Le temps, c’est justement la colonne vertébrale thématique de cette nouvelle collection de chansons qui fait presque le tour de tous ces aspects passés.

Eels Time! est en effet aussi généreux que les versatiles Shootenanny! (2003) ou Wonderful, Glorious (2013), et aussi délicat que des splendeurs comme le Cautionary Tales de 2014. C’est surtout un disque qui voisine avec End Times (2010), album avec lequel il partage plus que son titre en résonance : les deux 1ers morceaux, évanescents, et la perfection de Song for You Know Who (le genre d’orfèvrerie des jours de pluie dont E a le secret) rappellent que le groupe n’a pas son pareil pour enjoliver le spleen avec trois fois rien.

Au fil de chansons aux paroles peut-être plus sibyllines qu’à l’accoutumée, on tombe entre autres sur une ode dépressive et poisseuse à un poisson rouge : Goldy, extraordinaire titre qui compte déjà parmi les meilleurs morceaux d’Eels. Coécrite, comme une poignée d’autres ici, avec Tyson Ritter, la chanson est plus proche du dadaïsme électrique de Ween que du punk-rock parfois générique de ses All-American Rejects.

Si Everett joue de la réverb’ au bord de l’abus ici ou là (sur sa voix notamment), au-dessus d’arrangements régulièrement biscornus (Lay with the Lambs et son reggae saturé, les échos troubles d’On the Bridge ou le clavier spectral de Haunted Hero), l’album ne quitte jamais l’excellence : même I Can’t Believe It’s True, seul titre un peu anecdotique du lot, porte la marque du Eels canonique.

Aussi bizarre que familier, Eels Time! s’avère digne du miraculeux enchaînement d’albums du début de carrière. Comme si le temps n’avait finalement eu que peu de prise sur l’inestimable talent d’Everett.

Eels Time! (E Works/PIAS). Sortie le 7 juin.