Élections régionales 2021: la "presque mort" du front républicain questionne LREM
POLITIQUE - Comment faire quand l’angle d’attaque s’avère inopérant? C’est la question qui se pose à La République en Marche en amont des élections régionales, où la stratégie prisée par le parti présidentiel se heurte à un mur de taille: la...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
POLITIQUE - Comment faire quand l’angle d’attaque s’avère inopérant? C’est la question qui se pose à La République en Marche en amont des élections régionales, où la stratégie prisée par le parti présidentiel se heurte à un mur de taille: la fragilisation du “front républicain” face au Rassemblement national. Ce mercredi 2 juin, Stéphane Séjourné, eurodéputé LREM et proche d’Emmanuel Macron, en a fait l’amer constat au micro de France inter.
“Je ne vais pas dire que le front républicain est mort, mais presque”, a admis ce conseiller du chef de l’État, constatant que ce qui avait été fait lors des élections régionales de 2015, notamment dans les Hauts-de-France et en Paca, n’avait pas permis de faire reculer le parti d’extrême droite. “Aujourd’hui, en 2021, on voit que les scores du Rassemblement national n’ont pas changé par rapport à 2015. Donc l’efficacité, y compris électorale, de ce dispositif pour faire face au RN doit être remise en question”, juge Stéphane Séjourné.
.@steph_sejourne : "Je ne vais pas dire que le front républicain est mort, mais presque. Il faut une réflexion au moment du deuxième tour pour garantir une expression politique qui permette à d'autres oppositions que le Front national de s'exprimer." #le79interpic.twitter.com/5y8Lqyt2iC
— France Inter (@franceinter) June 2, 2021
Une analyse qui colle aux résultats du sondage YouGov réalisé pour Le HuffPost. Ce dernier montre que l’automaticité du “front républicain” au second tour n’a plus la préférence des Français qui, même en cas de triangulaire, placent en pole position le maintien de la liste de gauche en dépit du risque d’une victoire RN. La lecture de Stéphane Séjourné est également à mettre en perspective avec plusieurs sondages prédisant un report des voix de droite vers le RN plus important que ce qui avait été mesuré en 2015, notamment en Paca.
Le plan sérieusement compromis
En sérieux déficit d’implantation locale, le parti présidentiel ne nourrissait pas d’ambitions démesurées pour ces élections régionales. Il s’agissait, dans le meilleur des cas, d’arriver le plus haut possible au second tour en mobilisant sur le vote anti-RN, dans le but de jouer les “faiseurs de rois” en négociant des accords avec les majorités sortantes, surtout dans les territoires où existe un risque lepéniste, comme dans la région Grand-Est. Une “stratégie du coucou” qui permettrait à LREM de gagner des élus régionaux et de réaffirmer son poids politique et sa marque de “rempart à l’extrême droite”. Dans le pire des cas, comme en Paca, il s’agissait de négocier dès le 1er tour en s’alliant avec le président sortant, en espérant que le “front républicain” observé en 2015 soit réédité six ans plus tard.
Or, au regard des sondages, ces plans semblent sérieusement compromis. Car dans les régions où les sortants peuvent se passer d’une fusion avec LREM pour faire face au RN -comme dans les Hauts-de-France et en Île-de-France- le parti présidentiel ne paraît pas à ce stade assez fort pour contraindre la droite sortante à négocier, malgré l’envoi de ministres dans ces deux régions pour muscler l’offre macroniste. Et pour ce qui est du calcul fait en Paca, il se heurte à la fois au cas de conscience que l’onction macroniste pose aux électeurs de droite anti-Macron (qui pourraient se déporter plus facilement sur Thierry Mariani) et au potentiel refus de la gauche locale de se saborder une deuxième fois.
“Je pourrais assumer cette volonté de rester dans l’échiquier politique avec un RN majoritaire. Ces sondages nous montrent aussi les conséquences de cet effacement en 2015. L’absence d’élus de gauche nous a empêchés d’apporter une parole d’opposition à Muselier. Aujourd’hui, on sait que ce type de posture est nocive pour la démocratie”, a d’ailleurs prévenu Jean-Laurent Félizia, tête de liste EELV-PS-PCF en Paca, dans Libération. Raison pour laquelle Stéphane Séjourné appelle désormais à aborder le second tour avec une autre approche, dépassant le choix binaire entre retrait ou fusion face au RN pour contourner cette impasse.
Des coalitions comme alternative
“Pour rassembler, il faudrait que les têtes de liste arrivées en tête, puissent faire un rassemblement réel, et garantir aussi aux oppositions des candidats. Et auront vocation à siéger dans l’opposition des listes qu’on demande de retirer (dans le cadre du front républicain, NDLR)”, a déclaré l’eurodéputé, plaidant sans le dire pour des accords techniques entre différents partis selon les configurations au second tour.
Ce qui, pour prendre l’exemple des Hauts-de-France, conduirait Xavier Bertrand à accueillir au second tour sur sa liste des candidats LREM, voire certains venant de l’alliance de la gauche menée par Karima Delli, pour à la fois faire barrage au RN et permettre une meilleure représentation démocratique au sein de l’hémicycle. Ce que ne permet pas de facto le retrait des listes. Une idée séduisante sur le papier, mais qui dépend à la fois du bon vouloir de la tête de liste arrivée en 1ère place et des autres qui devront accepter de figurer sur la même liste que le sortant contre lequel ils ont fait campagne. Deux obstacles pour le moins difficiles à franchir.
D’autant que l’hypothèse de telles coalitions hétéroclites offre au Rassemblement national l’occasion parfaite de ressortir ses arguments à l’encontre de la “caste” des partis traditionnels, accusés de se partager le pouvoir. “Aujourd’hui, socialistes, républicains, En Marche, c’est ‘tous unis pour éviter que la volonté des électeurs, dans certaines régions où elle est majoritaire, puisse s’exprimer’”, a taclé le candidat RN en Paca Thierry Mariani, ciblant les “alliances improbables” qui pourraient naître pour barrer la route au parti d’extrême droite. De quoi, encore, faire planter la mise à jour du logiciel proposée par Stéphane Séjourné.
À voir également sur Le HuffPost: Dupond-Moretti fustige les “irresponsables” qui “jouent avec l’État de droit” chez LR