Embarrassées, les rédactions accusées de violences sexistes tentent de faire du ménage dans leurs rangs

Depuis la diffusion par Canal+ le 21 mars du documentaire « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste », recueil de témoignages accablants de journalistes femmes victimes au sein de leurs rédactions de discriminations et de violences sexistes,...

Embarrassées, les rédactions accusées de violences sexistes tentent de faire du ménage dans leurs rangs

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Depuis la diffusion par Canal+ le 21 mars du documentaire « Je ne suis pas une salope, je suis journaliste », recueil de témoignages accablants de journalistes femmes victimes au sein de leurs rédactions de discriminations et de violences sexistes, les médias montrés du doigt commencent à réagir à coups d’enquêtes internes et de déclarations de bonnes intentions.

« Je tiens à vous rappeler que le groupe sera particulièrement vigilant et intraitable sur les faits de harcèlement, d’agression ou de discrimination au sein de notre entreprise », explique le tout nouveau patron de L’Equipe Laurent Prud’homme dans une lettre publiée cinq jours après la diffusion du documentaire de Marie Portolano et Guillaume Priou. Deux journalistes du 1er quotidien sportif national et de sa déclinaison télé, Frédérique Galametz et Estelle Denis, y délivrent des témoignages édifiants.

Un dispositif à la hauteur de la vague ?

Plus loin dans ce document, Laurent Prud’homme annonce vouloir « établir rapidement (…) une charte de référence relative à la lutte contre le harcèlement sexuel, l’outrage et les agissements sexistes et améliorer le dispositif de gestion des signalements. » On peut cependant s’interroger sur l’efficacité de ce type de document dont disposent nombre de médias qui ont pourtant été le théâtre d’agissements comparables à ceux décrits par les deux journalistes sportives de l’Equipe. France Télévisions, TF1 et Canal+ pour ne citer qu’eux sont par exemple signataires de la charte de bonne conduite contre le harcèlement sexuel et les agissements sexistes « Pour les femmes dans les médias ». Rédigé au début de l’année 2019 dans un milieu journalistique encore secoué par le scandale de la Ligue du LOL, ce document engageait les signataires à informer leurs salariés, à mettre en place un dispositif d’écoute et d’aide aux victimes et à partager leurs bonnes pratiques.

« Maintenant que vous avez signé, n’oubliez pas que vous êtes dans un monde où tout se sait, s’observe, s’analyse et se critique »

« Maintenant que vous avez signé, n’oubliez pas que vous êtes dans un monde où tout se sait, s’observe, s’analyse et se critique » professait alors la fondatrice de l’association Françoise Laborde, qui l’a quitté depuis. France Télévisions assure sur son site traduire ces bonnes intentions en « mettant en place des actions (…) pour lutter contre les stéréotypes et les violences faites aux femmes ». Avec un e-learning.

Electrochoc

L’autre grand groupe de média public, Radio France, a annoncé deux jours après la diffusion du documentaire l’ouverture d’une enquête interne pour faire la lumière sur les agissements décrits par la journaliste de France Inter Amaia Cazenave. Cette spécialiste rugby rapporte de nombreuses remarques sexistes et évoque notamment le comportement d’un collègue criant plusieurs fois « j’ai envie de baiser » dans l’open space, alors qu’il se trouvait seul avec elle. Canal+ et RMC Sport ont aussi lancé des enquêtes internes, selon des informations du journal l’Equipe. C’est d’ailleurs à l’issue de ce type d’enquête que France Télévisions avait sanctionné en 2020 plusieurs piliers du service des sports, dont trois ont été licenciés. A l’origine de cette tempête, Clémentine Sarlat, ex-journaliste rugby sur France 2 et parmi les 1ères à avoir libérer la parole en 2018, revient d’ailleurs sur son expérience douloureuse dans le documentaire.

L’effet boule de neige

Au-delà de ces condamnations, le documentaire de Marie Portolano et Guillaume Priou a déjà amené d’autres femmes à s’exprimer sur le sexisme ambiant dans le monde des rédactions sportives, à l’image de Solène Chavanne, ex Infosport, ou encore Anne-Laure Bonnet, ex-TF1. Même la partie censurée du documentaire, dont l’existence a été révélée par le site web d’information Les Jours, a débouché sur la mise en touche du chroniqueur sportif Pierre Menès. On le voit embrasser sur la bouche sa consœur Isabelle Moreau sur le plateau du Canal Football Club, pour l’enregistrement des commentaires du jeu vidéo FIFA 22.

« Démasquer et faire face aux biais inconscients et au sexisme en particulier au travail »

Pas avare de maladresses, la chaîne cryptée proposait la semaine dernière le rendez-vous « Démasquer et faire face aux biais inconscients et au sexisme en particulier au travail » à ses employés sur l’intranet du groupe, toujours selon Les Jours, promettant « des exemples concrets de biais générateurs de racisme ou de sexisme (qui) nous permettront de commencer à réfléchir à la manière de les corriger ». Mediapart, dans un article publié jeudi, affirme de son côté que le journaliste franco-espagnol Alexandre Ruiz, qui a démissionné en début de semaine dernière de BeIN Sports, « avait récemment été sanctionné par la direction de la chaîne, après une enquête interne et plusieurs signalements » d’autres membres de la rédaction.

L’article Embarrassées, les rédactions accusées de violences sexistes tentent de faire du ménage dans leurs rangs via @ Les Sportives.