Emmanuelle Devos et Swann Arlaud en parfait dialogue crépusculaire chez Claire Simon
Même morte, je continuerai d’écrire… Vingt-cinq ans après sa disparition, cette prophétie signée Duras continue de se réaliser. Elle s’accomplit ici à travers la voix de Yann Andréa, celui qui fut l’amant de l’auteure pendant seize ans. En...
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Même morte, je continuerai d’écrire… Vingt-cinq ans après sa disparition, cette prophétie signée Duras continue de se réaliser. Elle s’accomplit ici à travers la voix de Yann Andréa, celui qui fut l’amant de l’auteure pendant seize ans. En 1982, alors qu’il avait 30 ans et Duras près de 70, le jeune homme s’est confié à une amie journaliste, Michèle Manceaux, sur la passion dévorante qui le liait à Duras.
Ce qui donna un entretien, Je voudrais causer de Duras (Pauvert, 2016), ressuscité par Claire Simon en un ingénieux dispositif : dans une pièce à l’éclairage crépusculaire, l’acteur Swann Arlaud dit à Emmanuelle Devos, puissant visage à l’écoute, les mots d’Andréa, comme si ce dernier se ressaisissait de sa vie disloquée et tentait d’esquisser un portrait de celle qui reste ontologiquement pour lui une énigme.
Car Duras n’est pas qu’un génie littéraire, dit-il, son personnage dans la vie est génial. Et Andréa qui fut aussi un modèle littéraire, tire sur les mots, les allonge dans la nuit qui tombe pour nous faire le récit de leur liaison enflammée à Trouville.
Machine à jouir, entité spectrale
Duras est dépeinte en amante impitoyable, Andréa en corps-objet, machine à jouir, entité spectrale qui n’a même plus le droit de décider de ce qu’il souhaite manger – le “vrai désir” d’une soupe à la tomate étant détenu par Duras, contre celui d’un bœuf bourguignon, forcément un “faux désir” de son jeune amant.
L’entretien est entrecoupé d’images d’archives offrant un contrechamp durasien qui se teinte, dans ce contexte, d’une drôlerie et d’une cruauté particulières – sans que la réalisatrice abuse de ce procédé –, et ménage d’autre part des échappées silencieuses, quand l’amie journaliste prend congé – comme d’harmonieux contrepoints à la parole. Quelque part, Duras existe. Et c’est avec le sentiment d’avoir dialogué avec son fantôme qu’on quitte à regret ce très beau film.
Vous ne désirez que moi de Claire Simon, avec Swann Arlaud, Emmanuelle Devos, Christophe Paou (Fr., 2020, 1h35). En salle le 9 février.