En 2022, le match retour Le Pen - Macron n’aura pas lieu
Dans un an, nous serons à quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle. Bien malin celui qui peut avec certitude en prévoir le résultat, voire le casting. L’étude des derniers scrutins nous enseigne que rien ne se passe jamais comme...
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Dans un an, nous serons à quelques jours du 1er tour de l’élection présidentielle. Bien malin celui qui peut avec certitude en prévoir le résultat, voire le casting. L’étude des derniers scrutins nous enseigne que rien ne se passe jamais comme prévu, et que c’est même souvent le plus improbable qui finit par arriver.
Certes, les sondages nous prédisent d’ores et déjà un duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen, et une victoire du Président sortant contre la leader du Rassemblement national. C’est logique, car la campagne présidentielle n’a pas débuté et les Français restent davantage préoccupés par l’épidémie de Covid-19 que par l’élection de leur prochain chef de l’État. Ce duel n’est cependant pas le plus probable; voyez ce que l’on observe en se replongeant dans les précédentes élections.
Les Français aiment le changement et ne souhaitent vraisemblablement pas regarder le même match deux fois de suite.
Il y a eu 10 scrutins présidentiels sous la Ve République, mais nous n’avons eu droit au même duel au second tour qu’à deux reprises (Giscard d’Estaing contre Mitterrand en 1974 puis en 1981). Les Français aiment le changement et ne souhaitent vraisemblablement pas regarder le même match deux fois de suite.
De même, un Président sortant ne l’a emporté que deux fois, en 1988 (Mitterrand) et en 2002 (Chirac). Mais c’était au temps du septennat et à l’issue d’une période de cohabitation. Le Président sortant incarnait davantage le leader de l’opposition que le vrai gouvernant du pays, et ce sont les chefs du gouvernement qui, en 1988 (Chirac) et en 2002 (Lionel Jospin) se sont fait battre, ne résistant pas à la logique de l’alternance.
Aussi, celui qui peut se targuer d’être leader dans les sondages à un an de l’élection perd, malheureusement pour lui, souvent. En 1994, rien ne semblait pouvoir résister à Edouard Balladur, et pourtant. En 2001, Lionel Jospin caracolait en tête des sondages, tout comme Ségolène Royal en 2006, Dominique Strauss-Kahn en 2011 ou encore Alain Juppé en 2016. De tous ces candidats, seule Ségolène Royal parvint finalement à se qualifier pour le second tour, pour y être sèchement battue par Nicolas Sarkozy. Les sondages ne sont décidément pas des oiseaux de bon augure.
Enfin –et surtout– la règle du jeu politique a vrillé, sous les coups de la révolution numérique et de l’accélération inexorable du temps politique et médiatique qui en découle. Est venu le temps des scénarios rocambolesques, que même les meilleurs auteurs de séries télévisées n’auraient pu imaginer. Un candidat peut perdre tout crédit en une fraction de seconde. L’affaire du Sofitel en 2011 ou celle des costumes en 2017 en sont des exemples frappants. Le candidat que personne ne voyait venir peut l’emporter sur la dernière ligne droite, à la manière de François Hollande en 2012, qui plafonnait à 3% dans les sondages à un an de l’élection, ou d’Emmanuel Macron en 2017, qui n’avait jamais été candidat à une élection, se trouvait en-dessous des 10% dans les sondages à six mois du scrutin et lançait, sans assise politique ou territoriale d’ampleur, en même temps qu’il annonçait sa candidature, un mouvement politique disruptif.
Les circonstances, comme les citoyens, aiment déjouer les pronostics, et il y a fort à parier que le second tour de l’élection présidentielle n’opposera pas Emmanuel Macron à Marine Le Pen.
Lequel des deux n’y sera pas? Le Président sortant, abîmé par la gestion d’une grande épreuve, comme Churchill en 1945 ou de Gaulle en 1946? La présidente du Rassemblement national, affaiblie par un autre candidat de la droite dure, comme Nicolas Dupont-Aignan, Pierre de Villiers ou, pourquoi pas, Éric Zemmour ?
Aussi, celui qui peut se targuer d’être leader dans les sondages à un an de l’élection perd, malheureusement pour lui, souvent.
Ni l’un ni l’autre? Et si les citoyens décidaient d’ouvrir une nouvelle ère après un quinquennat marqué par les crises multiples et durables? Tous les espoirs seraient alors permis pour les candidats modérés venus de la droite, tels que Xavier Bertrand ou Édouard Philippe, et pour ceux qui voudraient représenter et la gauche et l’écologie, d’Anne Hidalgo à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Yannick Jadot, Arnaud Montebourg, Éric Piolle et Sandrine Rousseau.
Ainsi, à un an de l’élection présidentielle, Emmanuel Macron est favori et il aura de solides atouts entre les mains pour être réélu, mais rien ne semble joué. Avec l’effacement des grands blocs de gauche et de droite, le scrutin apparaît plus que jamais ouvert. Rien ne sera automatique et tous les candidats devront faire leurs preuves, en mettant en valeur un parcours ou un bilan, et, surtout, en proposant une vision et un projet pour la France, pour les années à venir. Des idées pour l’avenir, voici finalement ce dont nous, les citoyens, avons le plus besoin, quel que soit le casting final.
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