En Afghanistan, la prise de pouvoir des talibans n'a pas attendue le départ des troupes américaines

INTERNATIONAL - Le retrait des troupes américaines en Afghanistan sera achevé le 31 août 2021. Mais à cette date, l’intégralité du pays sera-t-il déjà retombé sous la coupe des talibans? Ce vendredi 9 juillet, ils ont affirmé contrôler 85%...

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Des milices afghanes montent la garde contre les combattants talibans dans la région dans la province de Takhar, le 6 juillet 2021 (photo d'illustration)

INTERNATIONAL - Le retrait des troupes américaines en Afghanistan sera achevé le 31 août 2021. Mais à cette date, l’intégralité du pays sera-t-il déjà retombé sous la coupe des talibans? Ce vendredi 9 juillet, ils ont affirmé contrôler 85% du territoire.

Vingt ans après avoir pris la tête de la coalition internationale pour renverser les talibans en Afghanistan, les États-Unis ont entamé en mai 2021 leur retrait, désormais achevé à près de 90%. “Nous avons mené à bien nos objectifs, ce pour quoi nous y sommes allés”, a estimé Joe Biden le 8 juillet. À savoir éliminer Oussama Ben Laden et plus largement les talibans du groupe terroriste Al-Qaïda qui le protégeaient.

“Nous ne sommes pas allés en Afghanistan pour y construire une nation”, a-t-il ajouté. Le chef d’État américain a cependant estimé qu’il n’était pas “inévitable” de voir le pays tomber aux mains des talibans. Une vision optimiste mise à mal par les avancées massives des insurgés depuis les 1ers départs américains.

Du sud au nord, avec Kaboul dans le viseur

Lors d’une conférence de presse à Moscou, Shahabuddin Delawar, un représentant taliban, a ajouté qu’environ 250 des 398 districts du pays étaient désormais sous le contrôle des insurgés, sans que cette affirmation puisse être confirmée par une source indépendante. 

La reprise notable du territoire par les talibans a commencé à partir du mois de mai. Elle s’est principalement concentrée dans le sud, où se trouvent leurs bastions historiques, avec quelques percées autour de la capitale Kaboul. À la mi-juin, les talibans étaient présents dans presque toutes les provinces et encerclaient plusieurs grandes villes.

Début juillet, ils ont revendiqué la prise de Islam Qala, le poste-frontière avec l’Iran le plus important d’Afghanistan, un mois après celle de Shir Khan Bandar, le principal poste-frontière avec le Tajikistan, au nord-est du pays. Selon Moscou, les talibans contrôlent désormais “environ deux tiers” de la frontière avec le Tadjikistan voisin.

Leur progression dans le nord n’a depuis cessé de s’amplifier, au point que le gouvernement afghan, qui craint pour Kaboul, a annoncé le 6 juillet son intention d’envoyer des forces sur place pour préparer une contre-offensive. “Nos forces sont en train d’être organisées sur le terrain pour cette opération”, a déclaré à l’AFP Fawad Aman, un porte-parole du ministère de la Défense. 

Cartes montrant l'évolution des zones de contrôle du territoire afghan par le gouvernement ou les talibans, d'avril à juillet 2021

 

Appel général à la “retenue”

La stratégie des talibans a déjà fait ses preuves: ils l’ont appliquée dans les années 1990 pour s’emparer de la quasi-totalité du pays et installer leur régime, tombé après l’intervention américaine en octobre 2001.

Nombre d’experts redoutent que les insurgés ne reprennent le contrôle du pays et n’imposent un régime fondamentaliste proche de celui qu’ils avaient mis en place entre 1996 et 2001. Et ce d’autant plus que le président afghan Ashraf Ghani paraît de plus en plus isolé et impuissant. “Ghani n’a pas beaucoup de légitimité dans son pays” et a plus que jamais besoin de “reconnaissance internationale”, résume Andrew Watkins, de l’International Crisis Group.

Le pays traverse “l’une des étapes les plus compliquées de la transition”, a reconnu jeudi 8 juillet Ashraf Ghani. “Le pays peut être contrôlé”, avait-il cependant assuré, confiant dans la capacité de son gouvernement à gérer la crise.

Une sérénité pas franchement partagée à l’international. La France s’est dite “profondément préoccupée” par la dégradation de la situation et “ses conséquences sur la stabilité de la région”. Appelant “toutes les parties” à reprendre les discussions au plus vite pour arriver à un cessez-le-feu puis un accord, Paris a aussi pressé les talibans de “respecter en particulier leur engagement de rompre définitivement leurs liens avec les organisations terroristes internationales, comme Al Qaïda et Daech.”

Moscou a prié les concernés d’“empêcher une extension des tensions hors des frontières du pays”. Le 25 juin dernier, Joe Biden a ainsi promis à son homologue afghan le “soutien” américain, malgré le retrait.

De leur côté, les talibans se sont dits ouverts à un partage du pouvoir malgré leurs offensives. Suhail Shaheen, un de leurs porte-parole, a affirmé à l’AFP que les insurgés souhaitaient “un accord négocié” et “ne croyaient pas en un monopole sur le pouvoir”. Mais s’il a dit croire en “une solution pacifique”, les insurgés ne semblent pas intéressés par des discussions avec le gouvernement, et les négociations officielles de Doha sont au point mort. “La probabilité qu’il n’y aura qu’un gouvernement uni en Afghanistan contrôlant tout le pays est hautement invraisemblable”, a reconnu Joe Biden le 8 juillet. 

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