En Afghanistan, Royaume-Uni et États-Unis accusent les talibans de massacres
CONFLIT - Les ambassades américaine et britannique à Kaboul ont conjointement accusé ce lundi 2 août les talibans d’avoir “massacré des dizaines de civils” dans le district de Spin Boldak, dans le sud de l’Afghanistan, dont il se sont emparés...
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CONFLIT - Les ambassades américaine et britannique à Kaboul ont conjointement accusé ce lundi 2 août les talibans d’avoir “massacré des dizaines de civils” dans le district de Spin Boldak, dans le sud de l’Afghanistan, dont il se sont emparés le 14 juillet.
Elles se basent sur un récent rapport d’une commission publique indépendante, l’AIHRC, selon laquelle les talibans ont tué, à titre de représailles, au moins 40 personnes, fonctionnaires ou responsables gouvernementaux anciens et actuels, sans rôle combattant, après s’être rendus maîtres du district de Spin Boldak.
“Ces meurtres sont susceptibles de constituer des crimes de guerre; ils doivent faire l’objet d’enquêtes et les combattants ou chefs talibans responsables doivent rendre des comptes”, indiquent les deux ambassades en termes similaires sur leurs comptes Twitter respectifs,
Dans son rapport, l’AIHRC écrit avoir “découvert qu’après avoir pris le district de Spin Boldak, les talibans ont recherché et identifié les responsables gouvernementaux passés et présents, et ont tué ces gens n’ayant aucun rôle combattant”.
Des dizaines de civils “massacrés”
La Commission dit avoir identifié 40 personnes tuées dans le district par les talibans, mais “selon certaines allégations, qui n’ont pu être vérifiées dans l’immédiat, leur nombre pourrait être supérieur”.
Les insurgés ont aussi exercé des représailles contre des habitants qui ont accueilli favorablement les forces afghanes lors d’une tentative de reconquête du district ayant finalement échoué, pillant notamment leurs domiciles. Des civils ont également été tués pour “motifs personnels” et des “conflits passés”, selon l’AIHRC.
Ces meurtres dans le district de Spin Boldak par les talibans sont une violation claire du droit international humanitaire et peuvent être assimilés à des crimes de guerre, estime la Commission.
Selon elle, “alors que la direction des talibans a officiellement affirmé que ses combattants ne s’en prendraient pas aux civils ou aux bâtiments civils, cet épisode et d’autres similaires montrent qu’au contraire de ce qu’il affirme, le mouvement n’adhère pas dans la pratique aux principes du droit international en matière de droits humains et de droit humanitaire”.
Hausse des violences
Les forces afghanes affrontaient toujours lundi les talibans dans la ville de Lashkar Gah, dans le sud de l’Afghanistan, pour empêcher qu’une 1ère capitale provinciale ne tombe aux mains des insurgés qui resserrent leur étau sur plusieurs grandes villes.
Outre Lashkar Gah, Kandahar et Hérat - deuxième et troisième villes du pays - sont depuis quelques jours sous la menace directe des talibans qui affrontent les forces afghanes dans leurs faubourgs.
Dans un discours au Parlement, le président afghan, Ashraf Ghani, a attribué lundi la dégradation de la situation militaire à la “brusque” décision des États-Unis de retirer les troupes internationales du pays. Censée s’achever d’ici le 31 août, l’opération de retrait des forces étrangères, présentes depuis 20 ans dans le pays, est désormais quasiment terminée.
Face à la “hausse des violences”, Washington, qui a déjà octroyé des visas d’immigration spéciaux à des interprètes et autres auxiliaires afghans de l’armée ou de la diplomatie américaine, a annoncé son intention d’accueillir des milliers d’Afghans supplémentaires, qui pourraient être en danger en raison de leur proximité avec les États-Unis.
Pour empêcher les talibans de s’emparer de Lashkar Gah, des centaines de membres d’unités commando y ont été déployés, a annoncé lundi le gouvernement. Ataullah Afghan, le chef du Conseil provincial du Helmand, dont Lashkar Gah (200.000 habitants) est la capitale, a accusé les talibans de “s’abriter dans des maisons de civils” et de s’en servir comme boucliers.
Le Helmand, une place forte des talibans, fut le théâtre de certains des combats les plus intenses des 20 ans d’intervention internationale et la province la plus meurtrière pour les forces de l’Otan.
Les talibans se sont emparés ces trois derniers mois de vastes territoires ruraux d’Afghanistan lors d’une offensive-éclair lancée à la faveur du retrait des forces internationales.
“Bévue stratégique”
La chute d’une 1ère capitale provinciale aurait un impact stratégique et psychologique désastreux sur le gouvernement afghan et son armée, dont le moral est déjà sérieusement entamé par les récentes conquêtes des talibans.
Et cela renforcerait les doutes sur la capacité des forces afghanes à empêcher les talibans de prendre à nouveau le pouvoir.
Les combats se sont poursuivi également lundi dans les faubourgs et autour de Kandahar, grande ville du sud (650.000 habitants) et berceau des talibans qui en avaient fait l’épicentre de leur régime islamique ultrarigoriste (1996-2001).
Dans l’ouest du pays aussi, des combats ont eu lieu dans les faubourgs d’Hérat, notamment à quelques kilomètres à l’ouest de la ville, selon un correspondant de l’AFP, même si la violence semblait avoir baissé d’un cran par rapport à la veille.
Lundi, les forces afghanes “ont lancé des opérations de nettoyage dans les faubourgs d’Hérat” et “progressent désormais”, a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense, Fawad Aman.
Selon le chercheur Nishank Motwani, “si les villes afghanes tombent (...) la décision américaine de se retirer d’Afghanistan restera dans les mémoires comme une des bévues stratégiques les plus notables de la politique étrangère américaine”.
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