En Algérie, la libération des prisonniers du Hirak, vrai tournant ou faux-semblant?

ALGÉRIE - Moment de grâces en Algérie. À la veille du deuxième anniversaire du Hirak, ce mouvement de contestation populaire né en février 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé la dissolution du Parlement, la tenue d’élections législatives...

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ALGÉRIE - Moment de grâces en Algérie. À la veille du deuxième anniversaire du Hirak, ce mouvement de contestation populaire né en février 2019, le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé la dissolution du Parlement, la tenue d’élections législatives anticipées ainsi qu’un remaniement ministériel.

Et parce que “Le ‘Hirak béni” a sauvé l’Algérie”, le chef de l’État a “décidé d’accorder la grâce présidentielle” à une soixantaine de prisonniers détenus en raison de leurs opinions politiques, bien que le porte-parole du gouvernement ne cesse de répéter qu’“il n’existe pas de prisonniers d’opinion en Algérie”. 

Parmi les heureux bénéficiaires des grâces présidentielles figure le journaliste Khaled Drareni, correspondant de TV5 Monde et de Reporters sans frontières (RSF) en Algérie, qui a été libéré ce vendredi 19 février après sa condamnation en appel à deux ans de prison en septembre 2020 pour “atteinte à l’intégrité du territoire national et incitation à un attroupement non armé”.

Abdelmadjid Tebboune de retour en Algérie

Début septembre, plusieurs journalistes de télévision, dont Anne-Claire Coudray (TF1), Bernard de La Villardière (M6), Laurent Delahousse (France 2) et Gilles Bouleau (TF1), s’étaient rassemblés à l’appel de RSF devant l’ambassade d’Algérie à Paris pour demander la libération de leur confrère, symbole des nombreuses menaces pesant sur la liberté de la presse dans ce pays.

Ce samedi 20 février, Françoise Joly, directrice de l’information de TV5 Monde et membre active du comité de soutien à la libération de Khaled Drareni, a exprimé son immense soulagement et la joie de toute sa rédaction, et fait valoir que ce journaliste “libre et indépendant, n’aurait jamais dû être emprisonné”. 

De retour en Algérie après avoir été hospitalisé en Allemagne pendant trois mois, d’abord en raison du Covid-19 puis à la suite de “complications” au pied droit, le président algérien a fait son come-back sur la scène politique ce jeudi 18 février lors d’une allocution télévisée. Dans un contexte économique particulièrement tendu en Algérie à cause notamment de la crise sanitaire, la série de mesures politiques annoncées par Abdelmadjid Tebboune suffiront-elles à apaiser une situation sociale toujours plus précaire ? Les observateurs questionnent la portée réelle de son discours.   

“Un geste très habile”

“Est-ce suffisant pour apaiser la colère des Algériens?”, s’interroge France 24. “Si la libération de prisonniers d’opinion est un geste très habile, la demande essentielle, originelle et constante des manifestants n’est pas de réformer le système ou de faire tomber quelques têtes”, rappelle TV5 pour qui seul le démantèlement complet, du sol au plafond, du fameux “système” politique algérien pourrait pleinement satisfaire les revendications.

Et tandis qu’on se demande sur France info s’il s’agit d’un ‘“vrai changement de cap ou d’une opération de communication politique”, la télévision satellitaire togolaise New World TV recycle une blague souvent entendue en Algérie rappelant que derrière la façade politique, les clefs du pouvoir se trouveraient en réalité dans les mains des militaires. “Dans tous les pays du monde, l’État a une armée. Mais en Algérie, c’est l’armée qui a un État”, plaisante-t-on.  

Pour l’heure, “l’impératif premier, c’est de désamorcer le mécontentement populaire qui monte pour essayer de gagner un peu de temps”, estime-t-on sur TV5. Reste au président algérien à trouver comment reprendre la main. Élu dès le premier tour de la présidentielle en décembre 2019 avec 58% des suffrages, Abdelmadjid Tebboune n’a guère suscité l’engouement des électeurs qui ont boudé les urnes: à peine 40% de participation, un niveau record. Un an plus tard, le manque de confiance s’est traduit par un boycott massif du référendum constitutionnel organisé en novembre 2020. Le taux de participation n’a pas franchi la barre des 24%, un nouveau plus bas historique. 

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