En Birmanie, un Nouvel an bouddhiste "révolutionnaire" contre la junte

BIRMANIE - Des opposants au coup d’Etat en Birmanie ont saisi l’occasion du 1er jour du Nouvel an bouddhiste, ce mardi 13 avril, pour le transformer en journée d’action, en écrivant des messages en faveur de la démocratie sur des pots de fleurs...

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BIRMANIE - Des opposants au coup d’Etat en Birmanie ont saisi l’occasion du 1er jour du Nouvel an bouddhiste, ce mardi 13 avril, pour le transformer en journée d’action, en écrivant des messages en faveur de la démocratie sur des pots de fleurs traditionnellement utilisés pour les célébrations.

Des habitants de Rangoun, Monywa et Bago ont ainsi détourné les pots traditionnellement utilisés en les peignant ou en y plaçant des messages en faveur de la démocratie avant de les déposer dans les rues avec des fleurs.
“Luttez pour la démocratie”, “N’abandonnez jamais”, pouvait-on notamment lire sur des pots en argile. Pour le Nouvel an bouddhiste, les Birmans se s’aspergent traditionnellement d’eau, symbole de purification, et placent des fleurs et des feuilles de palme devant leur maison. Selon un opposant à Rangoun, qui se présente sous son seul prénom, Ray, pour des raisons de sécurité, les pots sont un moyen d’accueillir le Nouvel an et d’“honorer les héros morts”.

Aung San Suu Kyi visée par de nouvelles poursuites

L’ex-dirigeante civile en Birmanie Aung San Suu Kyi, chassée du pouvoir par une junte militaire, a été visée, ce lundi 12 avril, par de nouvelles poursuites tandis que la répression continue de s’abattre sur les opposants dans la rue.
Arrêtée le 1er février lors du coup d’Etat, celle qui dirigeait de facto le gouvernement n’a pas été vue en public depuis et est assignée à résidence à Naypyidaw, la capitale.

Les généraux répriment de plus en plus durement le mouvement pro-démocratie qui a fait descendre dans la rue des milliers de Birmans et entraîné des grèves dans de nombreux secteurs de l’économie.  L’ex-dirigeante âgée de 75 ans, prix Nobel de la paix 1991, est poursuivie dans une série de procédures pénales qui pourraient l’empêcher d’exercer de nouveau le pouvoir.

“Aung San Suu Kyi a une nouvelle fois été inculpée en vertu de la section 25 de la loi sur la gestion des catastrophes naturelles”, a indiqué son avocate Min Min Soe à l’issue d’une audience dans un tribunal de Naypyidaw où elle a comparu en visioconférence. Elle avait déjà été inculpée en vertu de cette même loi mi-février.

La procédure la plus sérieuse qui pèse sur elle est celle lancée le 25 mars qui l’accuse d’avoir violé la loi sur les secrets d’Etat datant de l’époque coloniale.
Elle est en outre poursuivie pour avoir illégalement importé des talkie-walkies, et pour “incitation aux troubles publics”. Elle est aussi accusée d’avoir perçu plus d’un million de dollars et 11 kilos d’or de pots-de-vin, mais elle n’a pas encore été inculpée de “corruption”. Si elle est reconnue coupable, elle encourt de longues années de prison, risquant d’être bannie de la vie politique.

Les répressions de la junte militaire ont fait plus de 700 morts

Les manifestations quasi-quotidiennes pour réclamer sa libération et le retour de la démocratie sont violemment réprimées par les forces de sécurité.   
Selon le décompte tenu par l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), la répression a fait 701 morts depuis le 1er février. La junte fait état de 248 morts. Quelque 3.000 personnes ont été arrêtées, selon l’AAPP.

Dans l’une des journées les plus sanglantes depuis plus de deux mois, la répression des forces de sécurité a fait au moins 82 morts vendredi à Bago, au nord-est de Rangoun, la capitale économique du pays. L’armée affirme qu’elle répond de manière proportionnée à ce qu’elle considère comme de dangereux agitateurs. Selon un média d’Etat, le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, a indiqué à des responsables à Rangoun qu’ils “assuraient le renforcement de la démocratie”. En dépit des dangers, les opposants continuent de se rassembler.

La crise a aussi entraîné des affrontements entre l’armée et de nombreuses factions ethniques armées, dont certaines soutiennent ouvertement le mouvement de contestation. Lundi, des affrontements se sont produits dans l’Etat Kachin (nord) entre l’armée et l’Armée d’indépendance kachin (KIA).
Selon des sources locales, trois villageois ont été tués par des tirs d’artillerie sans qu’il soit possible de déterminer de quel camp ils provenaient.
La répression a entraîné de nombreuses condamnations des capitales occidentales, parfois assorties de sanctions visant la junte et ses intérêts financiers.   

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