En Israël, le parti arabe Raam pourrait faire chuter Netanyahu
ISRAËL - Tombera, tombera pas? Le chef de l’opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, pourrait être en mesure de former un nouveau gouvernement avec d’autres partis politiques, qui souhaitent comme lui tourner la page de l’ère Benjamin...
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ISRAËL - Tombera, tombera pas? Le chef de l’opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, pourrait être en mesure de former un nouveau gouvernement avec d’autres partis politiques, qui souhaitent comme lui tourner la page de l’ère Benjamin Netanyahu, même s’ils ne partagent rien ou presque du point de vue idéologique.
Yaïr Lapid a jusqu’à mercredi 23H59 (20H59 GMT) pour obtenir le soutien de 61 députés, seuil pour prétendre à la formation d’un gouvernement. Mandaté début mai, il compte pour l’instant sur l’appui de 57 députés: outre ses alliés traditionnels de la gauche et du centre (51 voix), il a rallié dimanche le parti de droite radicale Yamina de Naftali Bennett, ouvrant ainsi la porte à une coalition inédite. Il doit donc encore engranger quatre soutiens et compte pour cela sur les partis arabes israéliens, qui ne se sont pas encore clairement positionnés.
Parmi, ces formations arabes, l’appui du parti islamiste Raam, qui dispose de quatre sièges à la Knesset, emmené par Mansour Abbas, dentiste de formation, ne surprendrait pas. Ce dernier avait déjà régulièrement eu des entretiens avec Yaïr Lapid avant la reprise du conflit dans la bande de Gaza. Et, les négociations interrompues le temps des violences ont repris ces dernières semaines, relaie Haaretz, qui évoque en échange des financements pour l’éducation ou la création de nouveaux postes de police dans les quartiers arabes. Il ne serait en revanche pas question d’un poste au gouvernement.
Un parti conservateur aussi courtisé par “Bibi”
Politiquement parlant, le Raam (aussi appelé Liste arabe unie) est, sur les quatre partis arabes en Israël, celui “qui est le mieux identifié comme conservateur avec une vision de la société fondée sur un socle et des valeurs inspirées par la religion”, pointe Stéphanie Laithier, chargée de recherche à l’École pratique des hautes études (EPHE) et spécialiste d’Israël, contacté par LeHuffPost. “Hormis le parti communiste à gauche, les deux autres [le Ta’al et le Balad, NDRL] sont des petites formations qui sont plutôt attrape tout, et moins marquées”, analyse-t-elle.
Ces quatre formations arabes ont pourtant siégé un temps ensemble à la Knesset sous la bannière de la Liste unifiée. Mais le Raam a fini par partir en février, excédé par des mois de divergences et notamment le vote de la Ligue en faveur d’un texte interdisant les thérapies de conversion pour les personnes LGBTI+.
Loin de l’affaiblir, cette scission ne l’a pas empêché de gagner quatre sièges au causement lors des élections de mars, et de se poser en faiseur de rois. Assurant que son parti “n’est ni à gauche, ni à droite”, il avait déjà déclaré en octobre dernier au Jerusalem Post: “Nous avons besoin de nous positionner sur l’ensemble du spectre politique israélien et pas seulement d’un seul côté”.
À l’époque, les observateurs le voyaient plutôt pencher du côté de Bibi, le surnom donné à Benjamin Netanyahu, tant les signaux d’un ralliement étaient forts. Mansour Abbas, dont le parti est pourtant partisan de la solution à deux États, avait notamment refusé de voter en faveur d’un texte conduisant à lever l’immunité de l’actuel Premier ministre et se disait prêt à négocier avec lui. Des incompatibilités avec d’autres alliés d’extrême droite de Netanyahu ont finalement exclu une quelconque coalition.
Le vent a tourné
Pas question pour autant pour Mansour Abbas d’être écarté du jeu politique. Pour Stéphanie Laithier, avec ce nouveau projet de coalition c’est plutôt une stratégie au long cours que déroule ce dernier. “Son objectif, c’est qu’il travaille pour l’avenir. Il cherche à se positionner sur la scène arabe israélienne, en procédant comme le font tous les partis islamistes, d’abord par une conquête de la société. Et c’est tout à fait typique de ce qu’ont fait les Frères musulmans par exemple. Il veut d’abord se positionner sur les questions de société - son vote sur les thérapies de conversion le rapproche de certains partis juifs ultra-religieux - que sur des enjeux politiques ou religieux au sens large. Il a trouvé une tactique pour se mettre en avant et faire remonter les intérêts des populations arabes israéliennes”, détaille la chercheuse.
Pour Stéphanie Laithier le discours de Mansour Abbas sera payant: “Il met en avant les intérêts des arabes palestiniens et ça devrait trouver de l’écho”. Une analyse également partagée sur France 24, par Arik Rudnitzky, expert du comportement électoral arabo-israélien à l’Institut israélien de la démocratie. “Mansour Abbas a essayé d’introduire une nouvelle approche de la politique arabe en Israël en participant, en soulevant les problèmes de la société arabe et en demandant au gouvernement de prendre en compte leurs revendications”.
Et de fait ce dernier pourrait avoir besoin de tous ses électeurs. Le quotidien en ligne Haaretz se fait ainsi l’écho de sondages récents peu favorables, qui mettraient le leader du Raam en difficulté au sein de sa propre formation. Ce dernier aurait donc tout intérêt à soutenir un nouveau gouvernement plutôt qu’à risquer de nouvelles élections législatives où il pourrait perdre son siège. Selon le quotidien en ligne, la formation de Yaïr Lapid a également approché le parti arabe israélien Ta’al pour négocier un éventuel soutien à la coalition.
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