En pleine hécatombe de Covid-19, Bolsonaro remplace six de ses ministres

BRÉSIL - Fragilisé par l’aggravation de la crise du coronavirus, le président brésilien Jair Bolsonaro a procédé lundi 29 mars à un important remaniement dans son gouvernement, avec six changements ministres, à des portefeuilles-clés comme...

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Jair Bolsonaro, ici à Brasilia le 24 mars 2021, a remanié son gouvernement . REUTERS/Ueslei Marcelino

BRÉSIL - Fragilisé par l’aggravation de la crise du coronavirus, le président brésilien Jair Bolsonaro a procédé lundi 29 mars à un important remaniement dans son gouvernement, avec six changements ministres, à des portefeuilles-clés comme la Justice, la Défense ou les Affaires étrangères.

Cette annonce a pris de court la plupart des observateurs, le seul ministre dont le départ était attendu étant le chef de la diplomatie Ernesto Araujo, critiqué pour avoir entravé l’importation de vaccins en raison de ses mauvaises relations avec la Chine.

La deuxième partie de son mandat de quatre ans entamée, Bolsonaro subit une pression de plus en plus forte du Parlement, avec des critiques fusant de toutes parts sur sa gestion chaotique de la crise sanitaire.

Le Brésil est le deuxième pays le plus endeuillé au monde après les États-Unis, avec près de 314.000 vies fauchées par le virus et plus de 2500 morts en moyenne par jour depuis une semaine.

Il y a deux semaines, un autre changement important avait eu lieu, le quatrième en moins d’un an à la tête du ministère de la Santé, le général Eduardo Pazuello ayant été remplacé par le cardiologue Marcelo Queiroga.

Le remaniement de lundi permet notamment au président de se rapprocher du “Centrao”, groupe informel de causementaires centristes qui monnaient leur soutien en échange de postes importants. C’est ainsi qu’il a nommé la députée Flavia Arruda au secrétariat du Gouvernement, chargé de dialoguer avec le Parlement. Cette figure du “Centrao” est seulement la troisième femme sur 22 ministres.

Un départ pour se réconcilier avec Pékin (et son vaccin)

Mais le changement que le “Centrao” avait le plus appelé de ses vœux était au ministère des Affaires étrangères.

“Beaucoup d’erreurs ont été commises dans le combat contre la pandémie, l’une d’entre elles est l’absence de relations diplomatiques productives avec des pays qui auraient pu collaborer avec le Brésil en ce moment de crise”, a ainsi déploré le président du Sénat, Rodrigo Pacheco, la semaine dernière.

Personnage fantasque, l’ex-ministre Ernesto Araujo, 53 ans, était l’un des membres les plus exaltés de l’“aile idéologique” du gouvernement Bolsonaro, un farouche détracteur de la mondialisation et fervent admirateur de l’ex-président américain Donald Trump. Il n’a eu de cesse de fustiger le “marxisme culturel” qui a “influencé le dogme scientifique du réchauffement climatique”.

Ernesto Araujo a souvent irrité par ses déclarations provocatrices la Chine “maoïste”, alors que Pékin est le 1er partenaire commercial du Brésil. En octobre dernier, il avait admis que l’isolement diplomatique du Brésil n’était pas vraiment un problème pour lui. “Oui, le Brésil cause de liberté dans le monde entier. Si ça fait de nous un paria, qu’on soit ce paria”, avait-il déclaré devant de futurs diplomates du Brésil.

Il a finalement été remplacé par Carlos Alberto Franco França, un ancien ambassadeur qualifié de “diplomate discret” par le quotidien Folha de S. Paulo.

“Préserver l’Armée”

Si le départ de Ernesto Araujo était dans l’air depuis plusieurs semaines, celui de Fernando Azevedo e Silva du ministère de la Défense a pris tout le monde de court. Dans un bref communiqué, il a assuré avoir été “entièrement loyal” au président Bolsonaro. Mais il a tenu aussi à souligner ses efforts pour “préserver l’armée comme une institution d’État”.

Des sources citées par le journal O Globo révèlent que le ministre était mal à l’aise à cause de manifestations de militants pro-Bolsonaro nostalgiques de la dictature militaire (1964-1985) qui avaient réclamé une “intervention” de l’Armée contre le Parlement et la Cour suprême.

“Le motif de ce départ n’est pas clair, soit le président veut révèler ce poste à un allié politique, soit ils ont eu une grave divergence”, a expliqué à l’AFP Mauricio Santoro, politologue de l’Université de l’État de Rio de Janeiro.

Le nouveau ministre de la Défense était déjà au gouvernement: le général Walter Braga Netto quitte ainsi le poste de ministre de la Casa Civil, à mi-chemin entre les fonctions de chef de cabinet et de Premier ministre. Il cède son poste à un autre général, Luiz Eduardo Ramos, remplacé par Flavia Arruda au secrétariat du Gouvernement.

Le jeu des chaises musicales concerne aussi le ministre sortant de la Justice, qui retrouve son poste d’Avocat général de l’Union, chargé de la défense des intérêts juridiques du pays, André Mendonça. Jair Bolsonaro a nommé à la Justice un ancien policier, Anderson Gustavo Torres.

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