En Polynésie, un rapport non officiel pointe une épidémie de cancers après les essais nucléaires

SANTÉ - Un “cluster de cancers de la thyroïde”. Selon un rapport médical remis au gouvernement polynésien, les essais nucléaires français menés dans les eaux de l’archipel entre 1966 et 1996 ont été à l’origine de nombreux cancers, révèle une...

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Le 2 juillet 2016, une manifestation à Papeete,Tahiti, avait réuni des anti-nucléaires et indépendantistes sur le lieu du monument commémorant les essais nucléaires. 

SANTÉ - Un “cluster de cancers de la thyroïde”. Selon un rapport médical remis au gouvernement polynésien, les essais nucléaires français menés dans les eaux de l’archipel entre 1966 et 1996 ont été à l’origine de nombreux cancers, révèle une enquête du média d’investigation en ligne Disclose publiée ce mardi 9 mars.

Alors que le haut commandement français a toujours affirmé que ces 46 “essais atmosphériques” étaient sans “conséquences pour la santé” des habitants, un rapport remis en février 2020 au gouvernement polynésien tend à montrer l’inverse. 

Bien que non officiel, ce rapport est le premier à établir un lien clair entre les essais nucléaires et la multiplication de cancers chez les habitants des îles exposées. Comme le souligne Disclose, les enquêtes précédentes menées par des scientifiques, y compris celle menée par l’Inserm, se sont heurtées au manque de données disponibles.

Rédigé par un médecin militaire français à la demande du Centre médical de suivi (chargée de dépister les maladies provoquées par les radiations), le rapport - dont le site d’investigation a obtenu une copie - n’a jamais été rendu public. L’auteur y affirme que:

“La présence d’un “cluster” de cancers thyroïdiens focalisés au niveau des îles soumises à des retombées lors des tirs aériens, et notamment aux Gambier, laisse peu de doute sur le rôle des rayonnements ionisants, et notamment de l’exposition thyroïdienne à l’iode radioactif, dans la survenue de cet excès de cancers.”

Le niveau réel des radiations sous-évalué

Pendant deux ans, Disclose a analysé 2000 pages de documents militaires déclassifiés en 2013 par le ministère de la Défense en partenariat avec le collectif anglais de modélisation 3D Interprt et le programme de recherche Science and security global de l’Université de Princeton aux États-Unis, explique le média d’investigation. 

Le but? “Affiner les estimations de doses reçues par la population locale et par les personnels civils et militaires”, une nécessité dont l’Inserm s’est fait le relais dans son dernier rapport sur “les conséquences sanitaires des essais nucléaires” paru le 18 février. 

Les résultats sont peu glorieux: selon l’enquête, le niveau réel de la radioactivité à laquelle la population polynésienne a été exposée lors des essais nucléaires a été largement sous-évalué.

L’enquête “a pu réévaluer la dose reçue à la thyroïde par les habitants des (îles) Gambier, de Tureia et de Tahiti au cours des six essais nucléaires considérés comme les plus contaminants de l’histoire du Centre d’expérimentation du Pacifique. Résultat: nos estimations sont entre 2 et 10 supérieures à celles réalisées par le Commissariat à l’énergie atomique en 2006”, selon Disclose.

Pour expliquer la différence entre ses calculs et ceux du CEA, Disclose met en avant des interprétations différentes des données.

Par exemple, pour l’essai nucléaire aérien effectué en 1966 à Mururoa, baptisé Aldébaran, les scientifiques du CEA “considèrent que la population locale ne buvait que de l’eau de rivière mais pas d’eau de pluie”. Or, de nombreux habitants de cet archipel buvaient de l’eau de pluie, selon l’enquête du média d’investigation.

Pour le seul essai Centaure, tiré en juillet 1974, “d’après nos calculs, fondés sur une réévaluation scientifique de la contamination en Polynésie française, environ 110.000 personnes ont été exposées à la radioactivité, soit la quasi-totalité de la population des archipels à l’époque”, souligne l’enquête.

“Nous avons exploité les données recueillies par le Service mixte de sécurité radiologique (SMSR) à l’époque du tir (en 1974, NDLR). Les mêmes qui ont servi au CEA pour ses réévaluations de doses publiées dans une étude de 2006, la référence en la matière. Mais d’après notre expertise, les estimations du CEA concernant les dépôts au sol ont été sous-estimées de plus de 40%”.

Cette étude du CEA est la référence du Comité d’indemnisation des victimes des essais nucléaires (Civen) pour étudier les dossiers des victimes des essais nucléaires. Jusqu’à aujourd’hui, le nombre de civils polynésiens - c’est-à-dire hors militaires et prestataires d’entreprises - ayant touché des indemnités s’élève à 63 personnes, selon le média d’investigation.

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