Enfants, carrière, à 55 ans, j'ai déjà eu plusieurs vies et je sais que ça n'est pas fini - BLOG
FEMMES —Le débat “avoir des enfants et/ou avoir une carrière” m’interpelle chaque jour, depuis des années. Quand mon fils était petit, je me suis retrouvée dans cette position ambiguë. J’ai pesé le pour et le contre, puis j’ai fait mon choix.J’ai...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
FEMMES —Le débat “avoir des enfants et/ou avoir une carrière” m’interpelle chaque jour, depuis des années. Quand mon fils était petit, je me suis retrouvée dans cette position ambiguë. J’ai pesé le pour et le contre, puis j’ai fait mon choix.
J’ai décidé de consacrer l’essentiel de mon temps à l’élever.
Pourtant j’avais fait de bonnes études, et j’avais de surcroit un super boulot.
On m’a souvent posé la question: pourquoi ai-je pris cette décision un peu suicidaire? Quand même, je n’étais pas la première mère à travailler, et en plus je n’avais qu’un seul enfant! Est-ce que finalement, j’étais celle qui se noyait dans un verre d’eau? J’ai bien senti que je décevais pas mal de monde. C’était gênant: vous avez une bonne place, et vous mettez les bouts au moindre petit problème (un bébé).
Vous avez envie de raconter votre histoire? Un événement de votre vie vous a fait voir les choses différemment? Vous voulez briser un tabou? Vous pouvez envoyer votre témoignage à temoignage@huffingtonpost.fr et consulter tous lestémoignages que nous avons publiés. Pour savoir comment proposer votre témoignage, suivez ce guide!
J’ai la sensation que tout le monde s’attendait à ce que je me mette à l’écart, que je m’enterre. Et pourtant ça ne s’est pas produit. J’avais un vrai projet familial et éducatif. Je voulais que mon fils parte sur d’autres bases que moi, porteuse d’un vague sentiment d’imposture. Pas sur le plan professionnel, mais sur le plan social: j’étais une fille qui sortait de la campagne, je voulais qu’il soit un citoyen du monde. Oui, on est parti à l’étranger. Et on n’en est jamais revenu.
Wonderwoman? Pas pour moi
Pourquoi? Parce qu’avec le recul et l’expérience de la génération passée, il m’était devenu évident que mener de front travail et famille est épuisant et limitant, d’un côté comme de l’autre. Je ne trouvais pas normal que le stress soit mon mode de vie pendant 20 ans. Je ne voulais pas être comme ces rattes de laboratoire qui font tourner désespérément la roue dans leur cage, en espérant qu’avec encore un peu plus d’effort, la porte s’ouvre.
Je voulais un autre style de vie. Pas le modèle des superwomans, au four et au moulin, qui tentent de se convaincre que défendre la cause des femmes, c’est forcément combiner la maternité et la carrière. Je voulais être libre, pas prisonnière. Je voulais élever mon enfant puis rebosser, nuance.
Je ne suis pas la seule à ne pas avoir trouvé mon compte dans cette double vie. Aujourd’hui, les langues se délient, mais les modalités ont changé. Les trentenaires ambitieuses n’hésitent plus à renoncer à la maternité plutôt qu’à la carrière. C’est logique, elles ont passé un quart de siècle à l’école, où elles ont beaucoup beaucoup plus appris sur le fonctionnement de l’entreprise que sur celui de la famille. C’est leur domaine d’expertise — alors que la petite enfance leur est un terrain totalement inconnu.
Du coup, “refuser d’avoir des enfants” fait désormais partie du langage courant. Il est devenu plus moderne, plus acceptable, de ne pas être mère plutôt que de ne pas travailler. L’activité professionnelle est plus essentielle à l’épanouissement personnel que l’activité familiale.
Pourtant, dans les deux cas, c’est le refus de cumuler deux vies déjà pleines, sans goûter la saveur d’aucune, qui est notable. Mais quand on y pense, n’est-ce pas une sorte de faux problème? La vie est longue, surtout pour les femmes: on peut choisir de ne pas tout faire (tout bâcler) en même temps, alors qu’on a le temps de bien mener ces tâches l’une après l’autre.
Cette année, pour le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, Le HuffPost donne la parole à celles qu’on ne voit plus parce que les enfants sont grands et qu’elles n’en feront pas d’autres, parce que leur carrière est derrière elles ou que la ménopause vient bouleverser leur sexualité. Elles sont là et pour elles, avoir plus de 40, 50 ans ou 60 ans n’est pas une fin, au contraire, c’est un début d’une nouvelle, voire de nouvelles vies.
Choisir de ne pas tout faire en même temps
D’abord, on peut toujours refaire une carrière une fois que les enfants sont grands (ce que j’ai fait). Il nous reste encore 2, voire 3 décennies pour bosser à l’envi, et tâcher de récupérer les économies que l’on n’a pas accumulées auparavant.
À l’inverse, il est ardu de faire un enfant après 45 ans, même en adoptant. Soyons claires: l’un et l’autre sont difficiles et hors des normes… mais avoir un bébé après 45 ans l’est nettement plus que de reprendre une carrière au même âge.
Ensuite, oui, c’est vrai, c’est mille fois vrai: élever un enfant est une expérience hors du commun. Et même si la technologie par exemple, offre des opportunités de travail fascinantes, rien n’est plus complexe et enrichissant que de suivre l’évolution d’une personne. Les humains sont plus complexes et plus intéressants que les choses.
Plusieurs vies
Avec le recul, j’ai eu plusieurs vies. Une carrière professionnelle en France pendant 15 ans, puis 15 autres années à l’étranger, où je me suis essentiellement consacrée à mon fils. Pour moi qui ai grandi dans une ferme, c’était comme de déménager sur Mars. Je voulais lui donner une vision plus large de la vie, il en a très fortement bénéficié.
Désormais je suis entrepreneure digitale, un brin nomade. J’encourage les femmes à oser choisir leur vie une fois que leurs enfants sont grands, sans suivre les codes qui ne leur conviennent pas. À être ambitieuses, enfin, très concrètement.
Est-ce que cela durera 15 ans? Peut-être. Ce qui est sûr, c’est qu’après, au début de ma vieillesse, j’aurai encore un autre projet, lointain, constructif. Parce que maintenant, je sais comment ça marche. Et que le contre-courant me mène sur des terrains inconnus qui sont très fertiles.
Vous pouvez suivre Véronique Mokski sur son blog: Les Nouvelles Femmes.
À voir également sur Le HuffPost: Dans “Zone Interdite” sur M6, cette mère est l’incarnation de la charge mentale