Enregistré il y a 11 ans, l’album posthume de Prince sonne toujours d’actualité
Comme Johnny Cash ou Bruce Springsteen, Prince est de ces artistes qui illustrent le mieux la complexité morale américaine. Sur Welcome 2 America, enregistré en 2010 mais encore jamais publié jusqu’à cet été, le Kid de Minneapolis explore ce...
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Comme Johnny Cash ou Bruce Springsteen, Prince est de ces artistes qui illustrent le mieux la complexité morale américaine. Sur Welcome 2 America, enregistré en 2010 mais encore jamais publié jusqu’à cet été, le Kid de Minneapolis explore ce qu’il considère être une déliquescence culturelle, politique, sociale et musicale. Une ère, la nôtre, dans laquelle la hausse des impôts et l’enfermement des esprits créateurs annonceraient la fin d’une époque rêvée, la sienne. Tel est le propos du 1er single éponyme envoyé au front dès le mois d’avril, ironique au possible, où l’apparente décontraction sonore tranche avec la virulence de son texte. Ou celui du limpide Running Game (Son of a Slave Master), dénonçant les conséquences et l’héritage de l’esclavage dans une ballade funk aux accords majeurs et optimistes.
Questionnements politiques et spirituelsÀ l’aube des années 2000, Prince était sur tous les fronts : deux triple-albums en 2009 (Lotusflow3r et MPLSound), un album en 2010 (20Ten), puis une grande tournée mondiale intitulée Welcome 2 America Tour, censée succéder à la sortie de ce disque. Devant l’impossibilité de trouver un créneau pour la diffusion de celui-ci, le tout juste quinquagénaire avait donc fait l’impasse, stockant ces chansons enregistrées avec The New Power Generation dans son fameux coffre-fort de Paisley Park. Cette période si prolifique fut également celle de profonds questionnements politiques et spirituels. La solution à ce constat amer, c’est un autre fondement de l’Amérique, le seul peut-être qui trouve grâce aux yeux du musicien : Dieu. Voilà pourquoi ce disque se referme sur One Day We Will All B Free, hommage au divin et à l’espoir que porte cette nation, la même qui amplifie les maux dépeints par Prince sur l’ouverture de Welcome 2 America.
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Le contraste est également sonore. Le chanteur a cela de génial qu’il peut s’emparer du hard rock aux bons vieux power chords à la limite du cliché pour finalement l’agrémenter d’une boîte à rythmes dont il a le secret sur Check the Record. Il sait utiliser une guitare comme une basse, technique qui a façonné Musicology (2004) et qui habite l’excellent 1010 (Rin Tin Tin). Au milieu de l’expérimentation et des essais, il peut revisiter le tube Stand Up and B Strong du groupe Soul Asylum, comme lui originaire du Minnesota, et dans lequel évolue désormais son ancien batteur, Michael Bland.
Ce qui unit toutes ces idées, c’est l’aspect définitivement californien de Welcome 2 America, dans les influences rock et dans le texte : “She wants 6 streets in Oakland/Get down to the ’Frisco Bay/Far as she’s concerned, crime does pay”, conte-t-il sur le superbe Born 2 Die, second single sur lequel plane l’ombre de Curtis Mayfield. Dans son édition deluxe, ce disque inédit offre le DVD d’un concert donné le 28 avril 2011 au Forum d’Inglewood. Prince y a joué 17 fois au sein de la même tournée, en voici la quintessence.
Welcome 2 America (The Prince Estate/Legacy Recordings/Sony Music). Sortie le 30 juillet.