Entre le prince Philip et la reine Elizabeth II, une histoire d'amour complexe
PRINCE PHILIP - Son “roc” et son “soutien” ne sera plus à ses côtés. Le prince Philip est mort ce vendredi 9 avril, laissant son épouse la reine Elizabeth II après 73 ans de mariage. Une longévité amoureuse qui sonnait comme une évidence avec...
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PRINCE PHILIP - Son “roc” et son “soutien” ne sera plus à ses côtés. Le prince Philip est mort ce vendredi 9 avril, laissant son épouse la reine Elizabeth II après 73 ans de mariage. Une longévité amoureuse qui sonnait comme une évidence avec son lot de hauts et de bas.
Ils se croisent brièvement en 1934 lors du mariage d’un cousin de la reine, alors que tous deux étaient encore très jeunes: elle avait 8 ans, lui en avait 13. Mais c’est quelques années plus tard, en 1939, que leur histoire commence et qu’Elizabeth, jeune adolescente, serait tombée amoureuse de celui qui deviendra son époux et duc d’Édimbourg. Appelé pour être le chaperon d’Elizabeth et de sa sœur Margaret, le prince de Grèce et du Danemark ne laisse pas la future reine d’Angleterre indifférente, au point que cette dernière aurait gardé une photo de lui dans sa chambre.
Cette année-là, ils commencent à échanger des lettres, sans savoir peut-être que deux ans après la guerre, le 20 novembre 1947, ils seraient mariés l’un à l’autre. Un mariage auquel 2000 personnes ont pu assister, et qui fut diffusé en direct par la BBC Radio pour le plus grand plaisir de millions d’auditeurs.
Trois pas derrière la reine
Si le prince Philip, né à Corfou en 1921, a été le soutien sans faille d’Elizabeth II pendant plus de soixante-dix ans, et le père de leurs quatre enfants - Charles, Anne, Andrew et Edward - son union avec la reine lui a demandé des sacrifices.
À commencer par le renoncement à son titre de prince de Grèce et du Danemark, afin qu’il puisse prendre la nationalité britannique et devenir duc d’Édimbourg, puis prince du Royaume-Uni en 1957. Quelques années plus tôt, en 1952, il avait déjà dû renoncer à sa carrière d’officier dans la Royal Navy.
Mais ni cela, ni le fait de devoir marcher trois pas derrière son épouse, n’ont eu raison de sa loyauté envers la reine. “J’étais évidemment déçu parce que je venais d’être promu commandant. En fait, la partie la plus intéressante de ma carrière navale commençait à peine. Mais de la même manière, en y réfléchissant un peu, étant marié à la reine, il me semblait que mon 1er devoir était de la servir du mieux que je pouvais”, affirmait-il lors d’une entrevue en 2011.
La clé de la longévité de leur amour s’est d’ailleurs certainement trouvée dans l’équilibre que le couple a construit entre les intérêts de la couronne et les leurs. Le prince Philip a toujours su s’effacer en public pour être le second de sa femme, même si cela lui a coûté. “Je ne suis qu’une foutue amibe, ici!”, aurait-il lâché. Mais en privé, il était le chef de famille, réussissant à obtenir de son épouse certaines concessions, tel que le changement de nom patronymique de leurs enfants pour Mountbatten-Windsor, comme le rappelle Le Figaro Madame.
Mariage heureux
“Cela a été un défi pour nous, mais avec l’expérience, je pense que nous avons trouvé une répartition judicieuse des tâches et un bon équilibre entre nos intérêts personnels et communs”, indiquait-il lors d’un discours à Londres à l’occasion de leur 50e anniversaire de mariage, en 1997. “La principale leçon que nous avons tirée est que la tolérance est l’ingrédient essentiel de tout mariage heureux. Cela peut sembler ne pas être si important quand les choses vont bien, mais c’est crucial en cas de difficultés. Et vous pouvez me croire que la reine possède la qualité de tolérance en abondance”.
Même les rumeurs d’infidélité, jamais démontrées par ailleurs, n’ont fait plier le couple. Des rumeurs nées en 1948, d’une aventure entre le prince Philip et la danseuse Patricia Kirkwood. “On racontait beaucoup de choses, tempère Stéphane Bern. On disait surtout que son meilleur ami et secrétaire particulier, Michael Parker, lui amenait des show-girls. Il y a certainement eu une duchesse ou deux... Je crois que tout le monde lui prêtait beaucoup, sans doute plus qu’il n’en a fait”, relative Stéphane Bern, auprès du Figaro Madame.
De son côté, le duc d’Édimbourg a balayé les rumeurs lorsqu’en 1992, il pose les questions rhétoriques suivantes pour The Independent: “Avez-vous jamais réfléchi au fait que ces quarante dernières années, je n’ai jamais été nulle part sans qu’un policier m’accompagne? Alors comment diable pourrais-je m’en tirer comme ça?”
Mon chou
Malgré ces rumeurs et les doutes profonds de la famille Windsor sur celui que la reine avait choisi, leur vie maritale a connu des jours paisibles, comme ceux passés dans la Villa Guardamangia, sur l’île de Malte, qui, d’après le Guardian, leur a servi de repère, et où l’on a pu les voir apprécier des soirées, des pique-niques et des balades en bateau. “Aller à Malte était toujours particulier pour moi. Je me souviens de jours heureux ici avec le prince Philip, lorsque nous venions de nous marier”, se souvenait Elizabeth II en 2015.
À en croire le réalisateur de “The Queen”, Stephen Frears, le prince Philip surnommait même son épouse “mon chou”. “J’ai enquêté auprès du cercle royal et j’ai appris de source sûre que c’était comme ça que le duc appelait la reine”, soulignait à l’époque le scénariste Peter Morgan pour le Times. “Move over, cabbage!” (Pousse-toi, chou!), entend-on ainsi dans ce film de 2006.
De son côté, à plusieurs reprises, et pas uniquement à propos des mois ayant suivi leur union, la reine a pris soin de louer les qualités de son époux et le rôle crucial qu’il a joué à ses côtés. “Il est quelqu’un qui n’accepte pas facilement les compliments. Mais il a, tout simplement, été ma force et mon soutien durant toutes ces années et nous -moi, sa famille entière, notre pays et de nombreux autres- lui devons une dette plus grande qu’il ne l’admettrait jamais, ou dont nous n’aurons jamais conscience”, a-t-elle déclaré en 1997 dans un discours pour célébrer leurs noces d’or.
En 2017 encore, Elizabeth II remerciait le prince Philip pour son “soutien” durant 70 ans de mariage et saluait son “sens unique de l’humour”. Pour Philippe Chassaigne, spécialiste de la monarchie britannique et professeur d’Histoire contemporaine à l’université de Bordeaux-Montaigne, contacté par 20 Minutes, la reine perd ainsi “l’un de ses piliers (...) Si elle est le point de ralliement de toute une Nation, Philip, lui, était son point de ralliement à elle”.
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