Entretien avec Gilb’R, le dernier parrain de la french touch

Longtemps programmateur à Radio Nova, Gilbert Cohen, alias Gilb’R, a vécu de près l’explosion de l’electro français. En 1996, il fondait Versatile, label éclectique qui a révélé I:Cube, Joakim, Pépé Bradock, Zombie Zombie et d’autres, et sorti...

Entretien avec Gilb’R, le dernier parrain de la french touch

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Longtemps programmateur à Radio Nova, Gilbert Cohen, alias Gilb’R, a vécu de près l’explosion de l’electro français. En 1996, il fondait Versatile, label éclectique qui a révélé I:Cube, Joakim, Pépé Bradock, Zombie Zombie et d’autres, et sorti des remixes de Daft Punk, de la drum’n’bass et de la musique expérimentale.

S’il a déjà créé beaucoup de musique (notamment sous l’alias de Château Flight, avec son compère I:Cube), jamais encore il n’avait signé d’album solo. Un quart de siècle après ses débuts, le voici qui remédie à cette lacune avec On danse comme des fous, un disque introspectif, mouvant et – contrairement à ce que son intitulé ne le suggère – guère dansant. Installé depuis des années à Amsterdam, il revient sur le déclic qu’il a vécu, sa vie sans clubs et ses rêves bizarres. Rencontre.

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Tu vis désormais à Amsterdam…

Gilb’r – Ça faisait déjà un peu temps que j’étais fatigué par Paris et que j’avais envie de bouger. Mes enfants ayant grandi aussi, c’était le bon moment de partir. J’ai vraiment apprécié d’habiter ailleurs… Ce qui n’empêche pas que je reste attaché à Paris et à la France, malgré tout. Pour la vibe, la bouffe… La grosse différence entre Amsterdam et la capitale, c’est que, dans mon environnement direct, les gens partagent vraiment ce qu’ils découvrent. A Paris, dès que quelqu’un trouve un super morceau, il le garde pour lui.

Tu t’es constitué rapidement ton propre réseau à Amsterdam ?

Oui, je me suis rapidement créé une bande de potes liée au disquaire Redlight Records. Avec la radio du même nom, ça formait une sorte de hub autour duquel tout le monde gravitait. Comme j’étais un bon client et qu’ils avaient un espace libre, ils m’ont proposé d’installer mon studio au-dessus du magasin. L’après-midi classique, c’était de voir débarquer un mec à 17 heures avec un pack de bières et des disques… Ça pouvait durer jusqu’à 3, 4 heures du mat’ ! Ça m’a rappelé l’effervescence de Radio Nova. Lors de l’enregistrement du dernier Chateau Flight, ils nous avaient passé les clés de la boutique. I:Cube et moi, on venait la nuit pour se servir dans les bacs et sampler des trucs. C’était un peu le rêve. Aujourd’hui, le magasin a été déplacé.

C’est ton environnement qui a inspiré ton 1er album solo ?

Cela s’est fait comme ça, l’album s’est imposé à moi. Quelque chose s’est débloqué dans mon processus de création qui est davantage basé sur l’improvisation. L’ordinateur est vraiment relégué dans un coin du studio. Je m’amuse avec des machines qui ont elles-mêmes une personnalité. C’est très ludique. Je ne suis plus assis devant un ordinateur à empiler des blocs !

Pourquoi l’avoir nommé On danse comme des fous ?

Pour moi, c’est une danse un peu macabre, ironique. Je joue sur l’ambiguïté que l’on ne danse plus du tout à cause du virus et, en même temps, on danse au bord du gouffre. L’illustration (de Frédéric Coché, ndlr) provient du livre Tarantella d’Alèssi Dell’Umbria sur les épidémies de danse à Naples. Je trouvais que ça “matchait” assez bien, les hystéries de danse du Moyen-Age au moment où personne ne pouvait plus danser !

Ton album n’est d’ailleurs pas particulièrement dansant.

Au début, j’avais panaché, je mélangeais les morceaux club avec le reste mais ça ne marchait pas. J’ai enlevé la partie club, parce qu’il fallait que l’album soit écoutable de manière fluide comme un ensemble. Je trouvais que ça reflétait mieux mes 3 dernières années. Ça s’est aussi mis en place à un moment où je ne jouais plus du tout en club vu la pandémie.

Comment as-tu vécu la fermeture des clubs ?

Je n’ai pas ressenti de manque. Ça fait 30 ans que je fais le DJ, ça m’a permis de prendre du recul, de pouvoir travailler en studio tous les jours. Je n’ai plus besoin d’être dans la course à la nouveauté, à la recherche du disque que je dois jouer le week-end prochain. Maintenant, je ne vais plus 2 fois par semaine chez les disquaires et davantage sur Bandcamp. Pendant la pandémie, j’ai écouté beaucoup de musique industrielle, de dancehall et du jazz.

Tu vas reprendre le DJing ?

J’ai envie de continuer mais pas forcément de partir le vendredi de l’autre côté de l’Europe pour rentrer le samedi matin. Je ne veux pas le faire à contrecœur. En revanche, j’ai envie d’explorer le live, d’improviser, avec ce que ça peut impliquer, parfois des moments chiants, d’autres étonnants.

Ton label Versatile souffle ses 25 bougies cette année. Qu’est-ce que ça fait d’être les survivants de la French Touch ?

Ça fait plaisir. Pendant la pandémie, j’ai pu constater la bonne santé du label, ça nous a permis de garder un peu la tête hors de l’eau. En terme artistique, je trouve que l’on vit notre âge d’or, on n’est pas tout dans la répétition. I:Cube est en mégaforme, le disque d’Emmanuelle Parrenin et Detlef Weinrich a bien marché. Aujourd’hui, les genres ont explosé. Auparavant, tu faisais de la house ou du hip hop, c’était très cloisonné. Maintenant, je peux passer du dub, de la techno, du hip hop dans le même set.

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Quels sont tes futurs projets ?
Néman de Zombie Zombie et moi allons sortir des morceaux sous le pseudo de Kumbaya. Autrement, depuis 3-4 mois, j’enregistre mes rêves sur un magnétophone et je les mets ensuite en musique. Ce sont comme des petites histoires. Je suis complètement dépendant de mon inconscient. Je mettrai ces rêves sur Bandcamp mais je vais aussi les éditer en cassette, je trouve que ça colle bien à l’esprit onirique.

On danse comme des fous de Gilb’r (Versatile/One Eye Witness)