Epsiloon, le magazine des anciens journalistes de Sciences et Vie

PRESSE - Une belle revanche: partis du magazine scientifique propriétaire de Reworld Media, Science et Vie, pour préserver leur indépendance éditoriale, une dizaine de journalistes lanceront fin juin un nouveau mensuel nommé “Epsiloon”, avec...

Epsiloon, le magazine des anciens journalistes de Sciences et Vie

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Le logo du tout nouveau mensuel scientifique :

PRESSE - Une belle revanche: partis du magazine scientifique propriétaire de Reworld Media, Science et Vie, pour préserver leur indépendance éditoriale, une dizaine de journalistes lanceront fin juin un nouveau mensuel nommé “Epsiloon”, avec l’ambition de dépoussiérer un genre indissociable de leur “vénérable ancien journal”.

Leur projet, porté par le groupe spécialisé dans la presse jeunesse, Unique Heritage Media (UHM), a été dévoilé lundi 10 mai. Fin mars, neuf journalistes travaillant pour Science et Vie, dont la quasi-totalité des rédacteurs titulaires, avaient officialisé leur démission en raison de désaccords avec le sulfureux groupe Reworld Media, propriétaire du titre depuis l’été 2019.

Ils déploraient notamment un manque d’effectifs et la perte de contrôle du site internet du magazine, confié à des chargés de contenus non journalistes cumulant les erreurs.

Hervé Poirier aux manettes du magazine

Tous ont décidé de se lancer dans l’aventure Epsiloon aux côtés d’Hervé Poirier, ancien directeur de la rédaction de Science et Vie parti l’automne dernier après 21 ans de maison, et Mathilde Fontez, l’ancienne rédactrice en chef adjointe qui l’a suivi en janvier. Au total, une quinzaine de journalistes -tous passés par Science et Vie- , dont huit permanents, y participent, a expliqué ce tandem à l’AFP.

Astronomie, climat, technologie, archéologie... Leur nouvelle publication interrogera chaque mois “une centaine de scientifiques” et explorera “le monde à toutes les échelles, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, du phénomène le plus élémentaire au plus complexe, du sujet le plus profond au plus léger”, promet un communiqué de presse.

D’où son nom, référence à la lettre grecque qui, en mathématiques, “désigne le tout petit” et “l’immensément grand”, avec un double O, innovation orthographique permettant un logo sous la forme du symbole ∞, qui représente l’infini.

Une ligne éditoriale “plus moderne”

Avec sa maquette “plus épurée” qui remet “les histoires au 1er plan”, Espiloon se veut “plus moderne” et “dynamique” que Science et Vie, selon Mathilde Fontez. Parmi les sujets abordés dans le 1er numéro, un “récit désopilant” sur “l’adolescence universelle” découverte par les éthologues (spécialistes du comportement des espèces animales), où l’on apprend que “les ados souris abusent de l’alcool” tandis que “les ados chimpanzés adorent sortir en bande”, relate Hervé Poirier.

Une rubrique “Pop science” fera la part belle aux révélations scientifiques amusantes, tandis que la section “Labyrinthe” expliquera par exemple “pourquoi on ne comprend rien à la 5G”. Moins portés sur les avancées scientifiques, “on va brasser beaucoup plus large que notre vénérable ancien journal”, assure Hervé Poirier, présentant son équipe comme des “conteurs” plutôt que des professeurs.

Extrait du 1er numéro du mensuel qui paraîtra fin juin 2021.

Vendu 4,90 euros, le 1er numéro sera tiré à 100.000 exemplaires, a déclaré à l’AFP Emmanuel Mounier, le président et fondateur d’UHM (Le Journal de Mickey, National Geographic Kids...), polytechnicien et lecteur assidu de Science et Vie “depuis l’âge de 10 ans”, séduit par le projet à l’issue d’une rencontre avec Hervé Poirier en début d’année.

25.000 abonnés nécessaires pour la rentabilité

Une campagne de pré-abonnements est en outre lancée dès lundi et jusqu’au 10 juin sur la plateforme de financement participatif Ulule, avec un objectif affiché de 1500 abonnés, Emmanuel Mounier en visant plutôt 5.000. Mais il en faudra “25.000” à terme pour garantir la rentabilité du titre, pour lequel UHM investit “un peu plus d’un million d’euros”. La tâche n’a rien d’impossible au regard des “plus de 300.000 abonnés” que comptent Science et Vie et Sciences et Avenir, souligne-t-il.

En cas de succès, des hors-séries, un site internet ou encore des podcasts seront développés l’année prochaine. Ce lancement est soutenu par une flopée de personnalités, de l’astrophysicienne Françoise Combes au mathématicien Cédric Villani, en passant par le designer Philippe Starck, l’acteur Thierry Lhermitte et l’explorateur-médecin Jean-Louis Etienne.

De nombreuses voix s’étaient élevées en fin d’année dernière pour défendre Science et Vie, une publication centenaire respectée du grand public comme des chercheurs. Une pétition lancée par l’économiste Julia Cagé a ainsi récolté près de 28.000 signatures.

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot avait quant à elle lancé une mission sur les aides à la presse qui devraient à l’avenir être conditionnées à la présence de journalistes dans les rédactions. Mais pour l’heure, à Science et Vie, aucun des titulaires partis en mars n’a été remplacé, déplore Mathilde Fontez.

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