“Et il y eut un matin”, le film drôle et poétique d’Eran Kolirin
C’est jour de mariage dans un village arabe d’Israël. Sami, qui vit et a un bon job à Jérusalem, est venu, avec son épouse Mira et leur fils, assister à celui de son jeune frère. Mais les retrouvailles avec sa famille, le village de son enfance...
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C’est jour de mariage dans un village arabe d’Israël. Sami, qui vit et a un bon job à Jérusalem, est venu, avec son épouse Mira et leur fils, assister à celui de son jeune frère. Mais les retrouvailles avec sa famille, le village de son enfance et ses habitants s’avèrent un peu délicates et pesantes (scène très drôle où deux pères – et non deux mères, comme le voudrait le cliché – mettent en rivalité les avantages respectifs dont jouissent leurs fils dans leur entreprise). Son père (le génial Salim Daw, star dans son pays) agrandit sa maison en faisant travailler des sans-papiers, persuadé que Sami va venir y vivre, ce que ce dernier ne souhaite pas du tout, mais n’ose pas lui dire.
Une situation kafkaïenne
Pressé de retourner à Jérusalem, Sami découvre le lendemain du mariage que pendant la nuit, le village a été encerclé, sans qu’aucune explication ne soit donnée, par l’armée israélienne. Plus de réseau téléphonique non plus. Bientôt, les soldats montent un mur tout autour du village qui se retrouve complètement coupé du reste du monde. Sami se retrouve dans une situation kafkaïenne, obligé d’attendre que des ordres, venus d’on ne sait d’où et on ne sait pour quelle raison, changent.
D’autant plus que les liens se sont distendus avec Mira, que son père explique n’importe quoi, que son frère ne semble pas intéressé par son épouse, qu’il trouve trop entreprenante… Tout se dérègle peu à peu et devient délirant. Certains villageois, armés, réunis en milice, font la chasse aux Palestiniens sans papiers pour les livrer à l’armée (scènes terribles), convaincus sans en avoir la preuve qu’ils sont la cause du siège.
Jusque-là surtout connu pour La Visite de la fanfare (2006), Eran Kolirin réussit ici une comédie dramatique bien plus subtile, moins rigide aussi dans la direction d’acteurs. Et il y eut un matin, multirécompensé en Israël, rappelle aussi par maints aspects, sur un ton plus allégorique et un parti pris de mise en scène bien moins burlesque, moins cadré aussi, l’humour désespéré des films d’Elia Suleiman.
L’humour contre l’absurdité
Sami (Alex Bachri, épatant), au physique rappelant vaguement celui de Nanni Moretti, semble porter tous les malheurs du monde (les siens et ceux des siens) sur son dos, et le mur qui entoure le village n’est rien moins qu’une projection de ses angoisses personnelles, lui qui étouffe sous les coups de folie de son père, la vie de couple, le travail, les vieux amis ou cousins qui ont des comportements délirants. Sa seule arme (et aussi la nôtre) contre l’absurdité de tout ce qu’il voit est l’humour.
Chemin faisant, Kolirin dessine aussi deux beaux portraits de femmes : Mira (Juna Suleiman), l’épouse malheureuse qui sait que son époux la trompe, mais aussi, et surtout, la mère de Sami, taiseuse mais bienveillante, à l’oreille attentive et compréhensive, qui comprend tout et ne trahit jamais personne.
Et il y eut un matin d’Eran Kolirin, avec Alex Bachri, Juna Suleiman et Salim Daw, en salles le 13 avril.