“Et la fête continue !” de Robert Guédiguian : un mélo politique, social et solaire
Il y a d’abord une idée que Robert Guédiguian a fait mine de suivre : un film sur Michèle Rubirola, figure du militantisme marseillais inopinément propulsée dans la course à la mairie en 2020 car seule capable de rassembler la gauche, et finalement...
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Il y a d’abord une idée que Robert Guédiguian a fait mine de suivre : un film sur Michèle Rubirola, figure du militantisme marseillais inopinément propulsée dans la course à la mairie en 2020 car seule capable de rassembler la gauche, et finalement victorieuse, jusqu’à sa démission tout aussi inopinée six mois plus tard.
Donc une certaine idée de la vertu pure de l’engagement, empreinte à la fois d’un renoncement bartlebyen et d’une forme de refus du pouvoir, que l’auteur de Marius et Jeannette (1997) a voulu dévoiler à son actrice de toujours, Ariane Ascaride. Mais ce film, nous ne le verrons pas vraiment.
Film choral
Et la fête continue ! s’ouvre plus tôt, dans les 1ers soubresauts d’une campagne encore embryonnaire, alors que Marseille a plus les yeux rivés sur l’effondrement de la rue d’Aubagne que sur l’élection à venir.
Au centre, Rosa, version très fictive de Rubirola, infirmière, veuve, mère, grand-mère, nouvellement amoureuse. Au centre aussi, et peut-être plus encore, sa belle-fille, Alice, cheffe de chœur engagée dans une association venant en aide aux délogé·es des immeubles insalubres.
Ce métier n’est pas un hasard, car le film n’a pas vraiment de direction unique, et prolifère justement sous une forme chorale dont Alice est l’épicentre : son rabibochage difficile avec son père, la précipitation amoureuse de son nouveau copain, son intronisation dans le clan arménien haut en couleur.
Guédiguian navigue entre des intrigues amoureuses et familiales tramées de lutte sociale et des faits d’histoire récente qu’il s’attache moins à reconstituer avec fidélité qu’à dépeindre avec une noblesse de grand récit. Et la fête continue ! procède d’une volonté non pas d’enjoliver (le titre est assez trompeur) mais de réenchanter le réel, de faire fleurir l’arbre à histoires autour de cette catastrophe, l’effondrement, dont le troublant hasard a voulu qu’elle ait lieu sous le nez d’une statue d’Homère.
Une démarche ouvertement mélodramatique
Le film assume volontiers un pur artifice, une lumière antinaturaliste et une écriture tranchante qui lui donnent parfois des airs de pièce de théâtre, voire de musical new-yorkais – sublime musique de Michel Petrossian, presque du Bernstein.
Forcément, cette démarche ouvertement mélodramatique confine par endroits à une forme de rodomontade poétique. Mais on le pardonne volontiers à ce film net, moral et solaire que l’on peut voir comme un corollaire lumineux au très sombre Gloria Mundi (2019), qui opposait le miracle d’une naissance au désenchantement du réel : ici, un enfant refuse de naître (on n’en dira pas plus), et le monde resplendit de vie.
Et la fête continue ! de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Lola Naymark (Fr., 2023, 1 h 46). En salle le 15 novembre.