Et si “La Romancière, le film et le heureux hasard” détenait le secret du cinéma de Hong Sang-soo ?
Juste sous vos yeux sorti en septembre dernier, un nouveau chapitre de la saga Hong Sang-soo nous apparaît déjà et semble former avec son précédent opus une suite déguisée dans laquelle l’actrice mourante du 1er (sublime Lee Hye-yeong) se serait...
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Juste sous vos yeux sorti en septembre dernier, un nouveau chapitre de la saga Hong Sang-soo nous apparaît déjà et semble former avec son précédent opus une suite déguisée dans laquelle l’actrice mourante du 1er (sublime Lee Hye-yeong) se serait changée en une romancière. Comme dans Juste sous vos yeux, La Romancière, le Film et le Heureux Hasard s’ouvre sur le motif de la visite de cette femme à une ancienne amie libraire (dans l’autre, il s’agissait de sa sœur), et d’un retour pour elle, sans doute, en terre hostile. Loin de Séoul, elle semble menacée par cette banlieue vide et aérée, que le noir et blanc laqué du film rend à la fois étrangement prosaïque et quasi spirituelle dans son endormissement.
Comme d’ordinaire chez le cinéaste coréen, une rencontre fortuite advient, ici avec l’actrice Kim Min-hee, également comédienne dans le récit, et c’est à l’éclosion d’une admiration partagée entre ces deux artistes que le film nous fait assister. La Romancière… nous laisse cependant assez loin de ces choses merveilleuses de l’ordinaire qui irriguent pourtant toute la filmographie du cinéaste, capturées comme des pierres précieuses et quotidiennes.
C’est le geste d’un cinéaste au travail, et d’un film, qui se matérialise dans cette séquence
Le film s’offre davantage comme un précipité de réflexions, de secrets et de clés à déchiffrer sur le pouvoir de la fiction, sa collision avec le réel, sa nécessité et cette dévoration entre les deux. Alors, on le regarde un peu en se demandant ce qu’il a de nouveau à nous dire, cherchant dans ces images familières une autre façon d’appréhender le cinéma de Hong Sang-soo.
Puis nous revient ce moment où la romancière s’applique à apprendre quelques mots en langue des signes pour pouvoir dire “le jour est encore clair, il va bientôt s’assombrir”. Elle le dit autant qu’elle le joue avec ses mains, et c’est aussi le geste d’un cinéaste au travail, et d’un film, qui se matérialise dans cette séquence.
“Ne pas gâcher sa vie”
La vitesse et la vitalité avec lesquelles Hong Sang-soo bricole ses films ont toujours permis d’appréhender son œuvre comme un terreau à la fertilité infinie, inépuisable, marqué par la trivialité d’un quotidien pourtant romanesque et par un goût affiché pour les titres génériques, anonymes (“le jour où…”, “les amours de…”, “la femme qui…”).
Sous les auspices de ce nouveau film, son art se distingue comme une inquiétude pathologique, celle qui pousse à inventer des faux hasards entre les êtres, les films ou la vie pour les organiser dans des plans longs et statiques, imperturbables. Tout est bon à prendre, pourvu que cela fasse cinéma, et parfois des films, comme celui-ci, qui nous paraissent plus mineurs. Pourvu que le jour s’éternise comme une promenade, que l’image et la vie restent, juste là, sous nos yeux.
Il faut attendre les derniers instants de La Romancière… pour assister à une forme de lâcher-prise ou d’aveu, à une image qui s’autorise un mouvement de flottement et dévoile la présence en hors-champ d’un cinéaste en train de filmer celle qu’il aime – peut-être que “ne pas gâcher sa vie”, comme dit l’un des protagonistes, c’est savoir la retenir ?
La Romancière, le Film et le Heureux Hasard de Hong Sang-soo, avec Lee Hye-yeong, Kim Min-hee (Cor., 2022, 1 h 33). En salle le 15 février.