Étienne Daho nous dévoile ses neufs films de cœur

Love Is the Devil de John Maybury (1998) “Love Is the Devil est le 1er long métrage de John Maybury, ancien disciple de Derek Jarman qui retrace la relation tumultueuse entre Francis Bacon et sa muse George Dyer, magistralement interprétés...

Étienne Daho nous dévoile ses neufs films de cœur

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Love Is the Devil de John Maybury (1998)

Love Is the Devil est le 1er long métrage de John Maybury, ancien disciple de Derek Jarman qui retrace la relation tumultueuse entre Francis Bacon et sa muse George Dyer, magistralement interprétés par Derek Jacobi et Daniel Craig. Entre l’atelier de Bacon à South Kensington et les bars de Soho (The Colony Room, The French House), où l’on croise tous les artistes majeurs comme Lucian Freud ou John Deakin, les drames se tissent. Ce film noir à l’esthétique impeccable est très remuant. Il interroge notamment sur la relation entre l’artiste et sa muse, dépecée au fil du processus de création. Ce film m’a inspiré deux chansons sur l’album Les Chansons de l’innocence retrouvée en 2013 : Onze Mille Vierges et Bleu Gitanes.”

Les Chansons d’amour de Christophe Honoré (2007)

“Sur un scénario de Christophe Honoré et Gaël Morel, les tourments et émois d’une jeunesse qui réinvente tous les codes de l’amour dans un Paris sublimé. On a envie d’être eux, avec eux, comme avec des amis ou des jeunes frères et sœurs. Christophe Honoré, toujours génial, se frotte au genre casse-gueule du film musical et réussit à égaler les maîtres du genre. Les acteurs sont magnifiques de fraîcheur, émouvants, et les musiques d’Alex Beaupain, déjà des classiques.”

Deep End de Jerzy Skolimowski (1970)

“Définitivement mon film préféré, probablement car il m’a marqué à un âge impressionnable. Je me suis tout à fait identifié au personnage de Mike, adolescent de 15 ans qui trouve son 1er emploi dans un établissement de bains publics, candide de l’amour, idéaliste perdu dans un univers crasseux peuplé de personnages minables. L’écriture de Skolimowski est vive, pleine de surprises, comme dans la vraie vie. Les scènes cocasses succèdent aux mélodrames. Les personnages principaux interprétés par John Moulder-Brown (Mike) et Jane Asher (Susan), superbe avec ses cheveux rouges et son ciré jaune (accessoirement la girlfriend de Paul McCartney), sont captivants.

Les personnages secondaires le sont tout autant, les quadras qui harcèlent sexuellement le jeune Mike (la caissière et surtout la performance désopilante et cruelle de Diana Dors, cette Marilyn British, en quadra fan de foot déchaînée qui l’écrase entre ses seins). La scène finale est dramatique et sublime. Et les musiques de Can et Cat Stevens, inoubliables. Ce film m’a inspiré Mortelle, une chanson que j’ai écrite avec Rone en 2015. Skolimowski m’a encore bluffé avec son dernier film EO.”

Orphée de Jean Cocteau (1950)

“Transposition du mythe d’Orphée dans le Saint-Germain-des-Prés des années 1950 : Orphée, poète à la mode, est obsédé par la Mort (la princesse), dont il est amoureux. Délaissant sa femme Eurydice qui se fait tuer par la Mort, il part la chercher dans le royaume des morts. Très riche en effets spéciaux et en scènes oniriques (la traversée des miroirs), ce film est un chef-d’œuvre poétique, porté par les performances de François Périer, Jean Marais et surtout de l’extraordinaire Maria Casarès.”

Seule la terre de Francis Lee (2017)

“Encore un 1er long métrage, du réalisateur Francis Lee. Ce film explique l’improbable initiation amoureuse d’un jeune fermier solitaire et violent dans un Yorkshire désert, grâce à l’amour patient d’un ouvrier agricole roumain. Tensions, racisme primaire, alcool, rapports familiaux désastreux, sexe coupable et poésie des paysages arides anglais. Le film est d’une sobriété extrême et sort de tous les clichés et poncifs qui auraient pu en faire une redite mièvre ou non crédible, grâce aussi à la performance des deux acteurs principaux, notamment celle de Josh O’Connor, intense, animal et imprévisible. Et bravo pour un happy end inattendu et bienvenu pour ce genre de sujet.”

Irina Palm de Sam Garbarski (2007)

“Ce long métrage de Sam Garbarski dresse le portrait de Maggie, grand-mère, battue par la vie, vieillissante, fauchée. Pour sauver son petit-fils atteint d’une maladie rare, elle doit trouver un travail pour gagner l’argent nécessaire pour envoyer l’enfant en Australie afin de le faire soigner. De guerre lasse, elle finit par trouver un boulot dans une boîte de Soho, le Sexy World, où elle devient une experte en masturbation à travers un glory hole. Son habileté en fait vite l’attraction du quartier, d’où son pseudo d’Irina Palm. Ce film, qui est un petit chef-d’œuvre d’humour et de retenue, surfe entre le sordide et les émotions fortes et vraies. Marianne Faithfull, vieillie, grossie, vêtue comme un sac, est sublime de justesse. Forcément sublime.”

Serial Mom de John Waters (1994)

“Un pavillon de Baltimore, une famille américaine typique. Père dentiste, deux enfants. La mère, Beverly Sutphin, irréprochable, interprétée par une Kathleen Turner impressionnante, élimine tout ce qui nuit à son bonheur parfait. Elle harcèle et tue avec la conviction de faire le bien. Les scènes désopilantes et grinçantes s’enchaînent à toute allure et les scènes cultes sont légion. Comme à son habitude, John Waters tire à boulets rouges sur tout ce qui bouge avec génie. Film culte à voir et revoir.”

Beach Rats d’Eliza Hittman (2017)

“Encore un 1er film, de la réalisatrice Eliza Hittman, qui explique l’été caniculaire et noir de Frankie, coincé entre son père mourant et ses pérégrinations avec une bande de petits délinquants qui traînent à Coney Island, fumant de l’herbe et draguant les filles. Très beau et sobre visuellement, immersif et romantique, ce film montre la désolation de l’oisiveté qui rappelle un peu certains films de Larry Clark. Harris Dickinson incarne parfaitement ses questionnements sur son identité sexuelle, et sa prestation candide le rend très attachant.”

Après mai d’Olivier Assayas (2012)

“Gilles est un jeune homme qui a 20 ans en 1971. Il est tiraillé entre son engagement politique, la résistance à l’ordre établi et son envie de devenir artiste. Le film interroge sur la difficulté de trouver sa place et de donner un sens à sa vie. Faut-il sacrifier ses ambitions personnelles au collectif sans en ressentir de la culpabilité ? Olivier Assayas capture la jeunesse bouillonnante de cette époque et reconvoque des climats et des sensations dont la justesse bouleverse. Mention spéciale pour l’excellente BO où l’on entend Terrapin de Syd Barrett et Decadence de Kevin Ayers. Un film qui hante longtemps.”

Vanessa Kirby dans “The Crown” © Alex Bailey/Netflix

“N. B. Et je profite de cette rubrique pour dire à Vanessa Kirby que je l’aime. Bad girl et grande dame, comme le sont certaines Anglaises (Marianne Faithfull, Anita Pallenberg, Kate Moss), elle est sublime. Mon actrice préférée depuis que je l’ai vue incarner la princesse Margaret dans The Crown.”