Euthanasie: cette illustratrice aurait préféré que son père meure "comme un chien"

FIN DE VIE - “Mon père n’a pas eu la chance de mourir comme un chien.” À travers une bande dessinée poignante, Lara, jeune blogueuse parisienne, explique les derniers instants de vie de son père, disparu en avril 2018, à cause d’un cancer. Trois...

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L'illustratrice Lara aurait préféré que son père meure

FIN DE VIE - “Mon père n’a pas eu la chance de mourir comme un chien.” À travers une bande dessinée poignante, Lara, jeune blogueuse parisienne, explique les derniers instants de vie de son père, disparu en avril 2018, à cause d’un cancer. Trois ans après sa mort, elle se pose toujours la même question: pourquoi ne pas avoir soulagé son père de trois jours de souffrances?

La fête des pères a été le déclencheur dans l’écriture de cette BD. ”Ça m’a pris comme ça. En 3 heures, c’était fini. J’avais de la colère en moi depuis très longtemps, et j’ai même pensé à faire une lettre à Macron pour lui expliquer mon histoire et expliquer la souffrance que peuvent vivre les familles”, explique la blogueuse au HuffPost.

“Pourquoi on l’a fait à mon papa?”

Quand un animal de compagnie est trop malade, trop âgé ou trop blessé pour pouvoir endurer des soins, il arrive très souvent que le vétérinaire suggère à son maître d’abréger les souffrances en recourant à l’euthanasie. “Parce qu’on ne ferait pas endurer cela à un chien...Alors pourquoi on l’a fait à mon papa?”, questionne la dessinatrice. En France, l’euthanasie demeure illégale.

“Avec ma maman, nous appelions les infirmières pour demander à ce qu’elles le soulagent en augmentant le cocktail de morphine. Ce n’était pas toujours fait à cause des ‘protocoles’”, regrette la jeune femme. 

La France a instauré en 2005 un droit au “laisser mourir” qui favorise les soins palliatifs, puis a autorisé en 2016 la “sédation profonde et continue jusqu’au décès”, consistant à endormir définitivement les malades incurables et en très grande souffrance, dont le pronostic vital est engagé ”à court terme.”

Mais pour les partisans du droit à l’euthanasie, ces textes actuels sont insuffisants. D’après Europe 1 , cinq ans après l’adoption de la loi Claeys-Leonetti, 26 départements français ne disposent toujours pas d’une unité de soins palliatifs.

Une fin de vie douloureuse

Les derniers instants de vie ont été particulièrement difficiles, comme elle le décrit au HuffPost. “C’était horrible de voir la souffrance physique s’exprimer. Il hurlait toutes les heures, mais il avait déjà la dose maximale de sédation. Je l’ai vu souffrir de la soif au point d’avoir la bouche écorchée malgré les soins. On refusait de l’abreuver car il risquait de s’étouffer.” 

“Je mets au défi n’importe qui de voir quelqu’un dans état de douleur comme celui-là, le 1er réflexe c’est de se dire, euthanasiez-le et soulagez-le.”

En suggérant de l’endormir et de le plonger dans un profond coma, on lui répondit que c’était impossible. Lara regrette le manque de moyens engagés pour accompagner les personnes en fin de vie. “Il est mort dans d’atroces souffrances qui auraient pu être évitées. Quand une infirmière a 30 personnes à gérer ce n’est pas évident, mon père résistait aux soins palliatifs, cela prouve que les traitements ne sont pas non plus adaptés”, explique la jeune femme. 

Après la parution de l’article, la blogueuse a reçu de nombreux témoignages d’ expériences similaires sur les réseaux sociaux. “Mon père est parti après 2 semaines de souffrances. Cancer. morphine. Inconscient. Mort de faim et de soif. J’aurai tellement voulu abréger ses souffrances”, témoignage un internaute. “Même situation avec mon oncle très affaibli et sans possibilité d’expression que j accompagné en Ephad”, partage un autre. 

L’euthanasie, un débat sans fin

Lara dénonce également cette forme “d’hypocrisie totale” autour de l’euthanasie. “On ne peut pas lui donner de l’eau pour ne pas être responsable de sa mort en cas d’étouffement, alors on le laisse mourir de souffrance, alors que dans tous les cas il est condamné, c’est délirant. ”

Début avril, la proposition de loi pour “le droit à une fin de vie libre et choisie” était débattue à l’Assemblée nationale, en pleine troisième vague du Covid-19. Celle-ci devait instaurer le droit pour “toute personne capable et majeure, en phase avancée ou terminale d’une affection grave et incurable” de bénéficier d’une aide active à mourir. Mais ce texte, bien qu’inédit au sein de l’hémicycle, n’a pas été adopté. 

En Europe, quatre pays ont légalisé l’euthanasie. Les Pays-Bas ont été les précurseurs, dès 2001, suivis l’année suivante par la Belgique et le Luxembourg en 2009. Le 18 mars dernier, le Parlement espagnol approuvait définitivement la légalisation de l’euthanasie. Si la loi Française semble insuffisante pour certains, il n’est pas rare que les patients Français décident de traverser la frontière belge ou luxembourgeoise pour mourir. 

“On ne met pas suffisamment ce sujet sur la table, c’est une faute collective pour moi”, constate Lara. “Car j’aimerai que le monde le sache: mon père n’a pas eu la chance de mourir comme un chien. Et à moins que les choses changent en ouvrant la parole et les débats...vous ne l’aurez peut être pas non plus”, conclut-elle dans sa dernière vignette. 

 

 

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