Euthanasie: la technique bien rodée de la droite pour bloquer les débats

POLITIQUE - Elle avait toutes les chances d’être adoptée, mais ne sera peut-être même pas débattue. La proposition de loi controversée créant un droit à l’euthanasie pour les personnes souffrant d’une pathologie incurable, prévue jeudi 8 avril...

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La technique bien connue de la droite pour empêcher l'adoption de la loi sur l'euthanasie

POLITIQUE - Elle avait toutes les chances d’être adoptée, mais ne sera peut-être même pas débattue. La proposition de loi controversée créant un droit à l’euthanasie pour les personnes souffrant d’une pathologie incurable, prévue jeudi 8 avril à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, fait déjà l’objet d’environ 2000 amendements, quelques heures avant la date limite de dépôt fixée ce samedi 3 avril au soir.

Un nombre qui devrait rendre impossible l’examen du texte instituant un “droit à une fin de vie libre et choisie” du député Olivier Falorni (groupe Libertés et Territoires), prévu dans le cadre de la niche causementaire attribuée à ce groupe.

“Un quarteron de députés prétend par l’obstruction causementaire empêcher l’Assemblée de débattre sur un sujet de société majeure”, s’est indigné l’élu auprès de l’AFP, dont le texte avait été adopté quelques jours plus tôt, mercredi soir, en commission.

“La démocratie causementaire est mise en cause”

“C’est la démocratie causementaire qui est mise en cause”, a-t-il fustigé, visant “une poignée de députés LR” qui ont multiplié les amendements “copié-collé”, avant d’ajouter: “cela va scandaliser des millions de Français qui espèrent que cette loi soit enfin votée”. En commission des Affaires sociales, la proposition de loi n’avait fait l’objet que de 262 amendements. 

Le texte du député de Charente-Maritime veut apporter une nouvelle réponse au douloureux et sensible débat sur la fin de vie et l’euthanasie, cinq ans après la loi Claeys-Leonetti, qui autorise la sédation profonde et continue.

En commission Olivier Falorni, un ancien socialiste, a reconnu que son texte abordait des “questions existentielles”. Ouvrir un droit à “l’ultime liberté” de décider d’une mort médicalement assistée permettrait de répondre à une “hypocrisie”: laisser les personnes partir en “exil” en Belgique ou en Suisse pour y avoir recours, et fermer les yeux sur les “2000 à 4000” euthanasies clandestines pratiquées chaque année en France “parfois à l’insu des proches” des malades, selon lui.

Le sujet divise tous les groupes causementaires et suscite l’embarras du gouvernement mais plusieurs figures de la majorité ont apporté leur soutien à la proposition de l’élu de Charente-Maritime, dont la présidente de la commission des Lois Yaël Braun-Pivet.

Certains opposants estiment qu’un tel sujet ne peut être débattu dans le temps réduit d’une niche causementaire quand d’autres sont radicalement hostiles à la mesure pour des principes philosophiques et religieux. L’adjoint à la mairie de Paris Jean-Luc Romero a d’ailleurs pointé du doigt, sur les réseaux sociaux, les “quatre députés” artisans de ce “déni de démocratie.” Les élus Les Républicains Patrick Hetzel, Xavier Breton, Julien Ravier et Frédéric Reiss ont effectivement, à eux quatre, déposé environ 1500 amendements. 

Une technique d’obstruction déjà éprouvée par la droite au moment du vote sur l’allongement du délai légal de l’IVG.

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