“Excelsior” de Slauson Malone 1, l’album fou d’un crooner chancelant

Il est dit que le 1er single d’Excelsior évoque la période d’amour et de joie qui a suivi la sortie du 1er album de Slauson Malone 1, A Quiet Farwell (2019). Si Voyager témoigne d’une évidente délicatesse, ces trois minutes sont trompeuses :...

“Excelsior” de Slauson Malone 1, l’album fou d’un crooner chancelant

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Il est dit que le 1er single d’Excelsior évoque la période d’amour et de joie qui a suivi la sortie du 1er album de Slauson Malone 1, A Quiet Farwell (2019). Si Voyager témoigne d’une évidente délicatesse, ces trois minutes sont trompeuses : à l’écoute des dix-sept autres pistes, on a effectivement moins l’impression de faire face à un homme apaisé, prêt à chanter ses douces pensées sur des airs bucoliques, qu’à un artiste torturé, déterminé à porter ses chansons au plus haut degré d’instabilité possible.

Tout, ici, laisse penser que le fils du célèbre trompettiste Wynton Marsalis et ex-membre de Standing On The Corner, cette formation new-yorkaise située à l’avant-garde, est de ces esthètes qui triturent leurs instruments en rêvant d’atteindre le niveau de sophistication d’une Wendy Carlos ou d’un Lee Scratch Perry. Tout, sauf cette sensibilité qu’il met dans ses mélodies mal lunées, régulièrement complexes, et pourtant capables d’accueillir la légèreté : New Joy, par exemple, a tout d’un joli tube imaginé par King Krule, séduisant sans être racoleur, bancal tout en témoignant d’une belle méticulosité.

Libre de tout dogme

Ce n’est finalement pas un hasard si Jasper Marsalis se présente comme un performer : chez lui, tout n’est que mise en scène et dérision. À l’image du clip de New Joy, justement, où on le retrouve devant un paysage montagneux (projeté sur un fond vert) en train de manger un énorme plat de pâtes tandis que défilent devant l’écran une voiture, des dessins ou des feux d’artifice. Sur House Music, il y a même quelque chose de profondément insidieux dans le fait de se moquer ainsi des promesses faites par le titre pour privilégier un chant de crooner, son goût pour les beats hip-hop déstructurés.

Plus loin, Slauson Malone 1 se fait toutefois moins fourbe avec I Hear A New World, parfaite définition de ce qu’est ce deuxième album : un nouveau monde, une sorte de jeu de pistes où l’Américain rend accessible chaque recoin de son imaginaire, y compris les plus biscornus. Soudain s’envolent ainsi des décennies de tradition pop, faite de séduction factice et de refrains légers, tous remplacés par des mélodies qui refusent de vulgaires accords de paix, des envolées symphoniques qui se font faucher par les mélopées envoûtantes de la drone, des arrangements sophistiqués qui se font bousculer par le jazz, tendance free. Excelsior est donc un disque qui exige l’abandon de l’auditeur·ice, et se dévoile nécessaire pour quiconque prétend rechercher la nouveauté, la prise de risque.

Excelsior (Warp/Kuroneko). Sortie 6 octobre.