Eyedress creuse le sillon d’une indie pop sous influence sur “Mulholland Drive”
Internet a ses raisons que la raison ignore. Entre les cool kids idolâtrant Pavement ou la cold wave biélorusse de Molchat Doma, le réseau social TikTok aura offert son lot de quarts d’heure de gloire à bien des artistes qui, sans ça, n’auraient...
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Internet a ses raisons que la raison ignore. Entre les cool kids idolâtrant Pavement ou la cold wave biélorusse de Molchat Doma, le réseau social TikTok aura offert son lot de quarts d’heure de gloire à bien des artistes qui, sans ça, n’auraient certainement jamais réussi à parasiter la machinerie bien huilée de l’industrie musicale.
Bien qu’officiant depuis 2013 dans les soubassements d’une pop lo-fi qui ne s’embarrasserait pas de choisir entre rap, postpunk, indie rock ou cold wave, Idris Vicuña a rejoint ce club très privé alors que son morceau Jealous (extrait de son album Let’s Skip to the Wedding, paru en 2020) a rencontré un joli succès sur la plateforme de partage de vidéos.
Mais hors de question de transiger avec son indépendance pour quelques influenceur·euses en herbe, celui qui s’est répandu depuis huit ans en mixtapes, EP et autres albums continue aujourd’hui de creuser le sillon d’une indie pop sous influences, plus lo-fi que jamais.
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Mélange des genresTandis que ses contemporain·es rechignent à citer nommément leurs influences directes, Eyedress préfère, lui, les afficher en toutes lettres dès le titre du disque : Mulholland Drive est un disque lynchien jusqu’au bout des ongles (de neuf pouces). Loin de l’hommage insipide ou de la déférence molle envers le maître de l’étrange, le cinquième LP du Philippin semble d’ailleurs respirer le même air chargé d’ambiguïté que le film de David Lynch : celui de l’enfer à ciel ouvert d’un Los Angeles fantasmé.
À ce titre, voir la funk défoncée à la George Clinton de Dām-Funk côtoyer la production gothique de l’Anglais King Krule n’a rien d’antinomique. Totalement désinhibé quant au mélange des genres – il signe notamment des productions hantées pour des rappeurs sur son temps libre –, Idris Vicuña semble être le parfait artisan pour capturer fidèlement l’ambivalence de la Cité des Anges dans cet album fourre-tout.
De la synth pop en ouverture, qui se verrait bien jouée au fond du Bang Bang Bar de Twin Peaks, aux réminiscences dream pop sur Something about You, du postpunk vampirique de Spit on Your Grave et Brain Dead à la surf music de Body Dismorphia, Mulholland Drive est une véritable cartographie de Los Angeles, une ode à la duplicité de la ville.
C’est d’ailleurs dans cette approche syncrétique que se niche le tour de force d’un disque qui trouve sa cohérence dans ces morceaux en apparence dissemblables, mais qui semblent appartenir au même univers foutraque. Un monde de sons et d’images évocatrices richement mis en scène par Idris Vicuña, chef d’orchestre et réalisateur versatile qui envoie valser les guerres de chapelles musicales avec la même insolence qu’un producteur de films de série B.
Mulholland Drive (Lex Records/Bertus). Sortie le 27 août.