Face à cette crise sanitaire sans fin, la question des jeunes et du cannabis devient urgentissime
Depuis bientôt un an, notre vie a basculé. Tout un chacun s’accorde à dire qu’il y aura un avant et un après le 17 mars 2020. Tous les pans de notre société sont touchés voire presque coulés économiquement, malheureusement pour certains. La...
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Depuis bientôt un an, notre vie a basculé. Tout un chacun s’accorde à dire qu’il y aura un avant et un après le 17 mars 2020. Tous les pans de notre société sont touchés voire presque coulés économiquement, malheureusement pour certains. La jeunesse subit de plein fouet et à tous les niveaux cette crise sanitaire, entravée dans ses projets, empêchée dans ses désirs, elle est maintenant confrontée à un risque de dépression générationnelle. Mais a-t-on bien analysé toutes les conséquences de cette situation?
Certainement pas concernant le traitement du sujet du cannabis en France: face au risque de flambée de la consommation chez les jeunes, l’urgence sanitaire nous oblige à imaginer une nouvelle politique du cannabis.
Pour mieux comprendre l’importance du sujet, rappelons que 11% des Français sont des consommateurs plus ou moins réguliers de cannabis, c’est-à-dire 7 millions de personnes. Selon les dernières études, le marché noir se chiffre à au moins 3 milliards d’euros. Il occupe 200.000 à 300.000 personnes, des jeunes souvent déscolarisés, victimes du trafic, faisant du cannabis l’une des premières entreprises privées de France. La police dépense 1 million d’heures de travail à courir après ce commerce illégal sans jamais parvenir à l’endiguer. La mauvaise qualité des produits vendus, non contrôlés, non autorisés, non certifiés, entraîne des conséquences extrêmement néfastes en termes de santé notamment psychique, de sécurité et d’éducation. Et puis il y a la violence engendrée par le trafic qui touche directement des millions de Français.
Sept millions de consommateurs réguliers. Un marché noir qui se chiffre à au moins trois milliards d'euros. Et un million d'heures de travail dépensées par la police pour courir derrière ce commerce illégal.Bruno Laforesterie, auteur de "Hasch, la honte de la République" aux Éditions JC Lattès
Tout le monde s’accorde: il faut agir. Mais avant d’ouvrir le débat complexe sur les modalités de légalisation du cannabis récréatif qui fait actuellement l’objet d’une mission d’information à l’Assemblée nationale, balayons les tabous et traitons en priorité les sujets qui participent à la recherche de solutions concrètes à court terme. Que ce soit pour le CBD ou le cannabis thérapeutique notamment, la situation sanitaire rend le traitement de ces sujets encore plus urgent.
Il faut le dire, la non politique actuelle d’éducation et de prévention de l’usage du cannabis risque d’accompagner une croissance de la consommation des jeunes qui sont confrontés à une crise existentielle comme nous n’en avons jamais vécu certainement depuis la guerre. L’ensemble des acteurs de terrain et des pédopsychiatres s’accordent sur cette question. Et les conséquences sur la santé mentale des jeunes sont innombrables et dangereuses.
Parallèlement, le fait d’avoir toléré pendant des années qu’une économie de substitution liée au trafic vienne compenser en partie la grande précarité de la jeunesse des quartiers populaires, exclue massivement du marché du travail et écartée trop vite du système éducatif, contribue à l’assigner à résidence et participe à la recrudescence de la violence entre jeunes.
Il est aujourd'hui intolérable que des consommateurs réguliers de CBD thérapeutique pour des raisons médicales continuent à alimenter le marché noir.Bruno Laforesterie, auteur de "Hasch, la honte de la République" aux Éditions JC Lattès
Par ailleurs, les bienfaits du cannabis thérapeutique pour une série de maladies spécifiques sont prouvés à l’échelle mondiale. Il est aujourd’hui intolérable que ses consommateurs réguliers pour raisons médicales continuent à alimenter le marché noir. Une première urgence: donner rapidement à sa commercialisation un cadre médical et légal.
Au sujet du CBD, qui est une molécule présente dans le chanvre et considérée par l’ensemble des experts scientifiques comme “n’ayant pas d’effet psychotrope ni d’effet nocif sur la santé humaine” et dont la légalité a été confirmée dernièrement par une décision de la cour de justice européenne, deux choix s’offrent à nous.
Le premier consiste à poursuivre la politique de l’autruche. Si nous n’anticipons pas son caractère de substitution légal à celui du cannabis, le marché se développera de manière anarchique sans contrôle de la provenance, de la qualité et de la distribution des produits.
Le second est de donner un cadre administratif et fiscal au commerce du CBD en France et de l’intégrer dans une politique de prévention en direction des jeunes et de réinsertion professionnelle.
Le développement exponentiel de ce nouveau marché du CBD doit servir à tester des mesures de financement et d’accompagnement visant aussi l’insertion des jeunes qui ont croisé le chemin du trafic de cannabis. Pour beaucoup, et particulièrement pour ceux qui souhaitent s’en sortir, nous n’avons plus le droit de laisser le trafic de drogue gouverner leur avenir.
L’enjeu de l’insertion professionnelle des jeunes coincés dans ce trafic est extrêmement vaste et passe par un plan de formation massif.Bruno Laforesterie, auteur de "Hasch, la honte de la République" aux Éditions JC Lattès
Soyons clairs, mon propos n’est d’assigner aucun jeune à sa condition. L’enjeu de l’insertion professionnelle est extrêmement vaste et passe par un plan de formation massif aux débouchés multiples assortis de rémunérations, par exemple en alternance.
Mais restons lucides également, de nombreux jeunes confrontés au trafic auront, dans un premier temps, une faible employabilité à cause d’un parcours scolaire souvent chaotique et d’habitudes acquises dans l’illicite. Et il faut aussi leur trouver des solutions.
Il est temps d’affronter cette réalité de manière pragmatique et de réaffirmer notre volonté collective de faire disparaître progressivement un marché noir avec la violence qui s’y associe, de baisser la consommation de cannabis en France particulièrement chez les jeunes, d’apaiser notre société en offrant un futur légal à une partie de notre jeunesse qui squatte “en bas de tours*”.
*Mafia K1 Fry- la cerise sur le Ghetto -2003- En bas des tours
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