Face au Covid, les mesures sanitaires menacent-elles la santé mentale des enfants? - BLOG
COVID-19 - Le tsunami psychologique est là. Les premiers mots ont mis du temps à se déconfiner: plusieurs mois pour les personnes âgées et pour les adultes, presque un an pour parler de la détresse criante des étudiants et des adolescents.Mais...
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COVID-19 - Le tsunami psychologique est là. Les premiers mots ont mis du temps à se déconfiner: plusieurs mois pour les personnes âgées et pour les adultes, presque un an pour parler de la détresse criante des étudiants et des adolescents.
Mais la souffrance concerne également les enfants d’âge scolaire. Dans les consultations de psychologie, les maux nous sont chaque jour comptés. Ils prennent la forme de troubles anxio-dépressifs, de symptômes somatiques, de décrochage scolaire, d’isolement social, de dépendance aux écrans, ou encore de maltraitance. Certaines violences ou lourdes difficultés datant du mois de mars nous sont aujourd’hui à peine dévoilées. En effet, la temporalité de parole chez l’enfant comme l’expression des symptômes n’est pas la même que celle des adultes. Ils peuvent longtemps donner le change et si on ne souhaite pas y prêter oreille ou main forte, on peut longtemps passer à côté.
Certaines souffrances auraient-elles pu ou pourront-elles encore être évitées?
Nous avons conscience que bien des causes de ce mal-être ne peuvent être éludées. Elles sont en partie liées à l’entrée fracassante que le virus a faite dans nos vies. Mais nous ne pouvons que continuer à nous interroger: certaines souffrances auraient-elles pu ou pourront-elles encore être évitées? Quelles traces les mesures sanitaires, d’abord d’urgence, mises en place depuis bientôt un an laisseront-elles aux enfants sur le plan psychologique? Au nom d’un principe de précaution sanitaire, sommes-nous en train de taire un principe de précaution psychique?
La question d’une éventuelle fermeture des écoles est ces jours-ci sérieusement débattue, alors même que nous savons désormais quel puissant accélérateur d’anxiétés et d’inégalités psychosociales ces clôtures ont constitué.
Mais même ouvertes, les écoles sont soumises à de nombreux protocoles d’urgence qui se sont prolongés. Les libertés de jeux, de mouvements, de circulation, de chants, de sortie culturelle, de sport, de festivités, sont depuis plusieurs mois considérablement atteintes. Les enjeux autoritaires autour de ces nouvelles lois s’infiltrent peu à peu.
Malgré la créativité des outils numériques et le dévouement des enseignants, les frontières de dialogue entre parents et professionnels sont devenues plus hermétiques. Les parents restent à la porte des écoles républicaines et des lieux d’activités extrascolaires. Les échanges se centrent donc sur l’urgent, au risque d’en oublier l’essentiel: le tissu de lien autour de l’enfant. Les non-dits s’accumulent et risquent, là aussi, tôt ou tard, d’imploser.
Respect de l’intégrité corporelle des enfants
En octobre dernier, du jour en lendemain, il a été décidé que les écoliers à partir de 6 ans passeraient leur journée intégralement masqués, à l’intérieur comme à l’extérieur. L’OMS avait pourtant précisé que le port du masque à partir de six ans devait tenir compte de ses “incidences potentielles (…) sur l’apprentissage et le développement psychosocial, en consultation avec les enseignants, les parents/aidants et/ou les prestataires de santé”.
Tout à fait compréhensibles sur le plan virologique, certaines mesures posent néanmoins la question du respect de l’intégrité corporelle des enfants. Le port du masque en continu à l’école, sans discernement d’activité ou de lieu en est un exemple. Mais d’autres mesures ont récemment continué à nous alerter. Ainsi, jeudi 14 janvier, le gouvernement annonçait l’introduction dans les écoles d’un protocole massif de tests antigéniques. Ceux-ci étaient jusqu’ici pourtant peu préconisés pour les enfants du fait de leur caractère “très invasif” Fort heureusement, le gouvernement semble avoir pris conscience de ce faux pas en s’orientant finalement vers une proposition de tests salivaires. L’association Sparadrap nous rappelle à ce propos l’importance de maintenir des garde-fous: “Les pratiques bien traitantes des soins pédiatriques restent des avancées fragiles. Nous devons rester vigilants pour que l’urgence sanitaire ne balaye pas ces acquis”.
Des enfants responsabilisés, des adultes infantilisés
Mais les mesures les plus conséquentes pour les enfants sont probablement à regarder du côté des adultes qui les entourent. Tandis que les enfants sont amenés à se responsabiliser, quitte à se culpabiliser, les adultes sont infantilisés par des lois imposantes. Ils sont soumis à d’importantes privations de liens sociaux, de liberté, de travail ou sont dans l’impossibilité de se projeter. Ceci instille un climat asphyxiant qui protège de moins en moins les plus jeunes d’entre nous.
Quelle sera la prochaine mesure concernant les enfants? Qui a son mot à dire sur ces questions? Actuellement ce ne sont ni les parents, ni les enfants, ni vraiment les professionnels ou les chercheurs en santé mentale. “Ils s’adaptent très bien!” nous dit-on. Mais sommes-nous prêts à les entendre et à regarder leur bien-être de plus près?
Nous savons qu’il y a déjà une prise de conscience partielle de la détresse psychologique des enfants par le gouvernement. Des réponses de colmatage thérapeutique sont proposées. Mais sont-elles toujours appropriées? Un an plus tard, il nous semble qu’il y a nécessité à fournir un travail encore plus conséquent de prévention psychique autour des mesures barrières chez l’enfant. Ceci pourrait passer par une mobilisation active de la recherche, mais aussi par des réflexions, des alliances et des ponts entre instances politiques, éducatives, acteurs du soin physique et du soin psychique, réunis dans l’intérêt de l’enfant.
Alors peut-être pourrons-nous envisager des mesures plus ajustées et des compromis entre principe de précaution viral et principe de précaution psychique.
Cette tribune est également signée par Louise Rechtman, psychologue clinicienne hospitalière en pédiatrie et Dimitra Laimou, psychologue clinicienne, docteure en psychologie, Maitre de conférence université de Picardie.
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