Faut-il (ne pas) écouter le dernier Eddy de Pretto ?

On ne choisit pas sa famille, mais on ne choisit pas non plus toujours ses potes. Quand a débarqué Eddy de Pretto en 2017 à la faveur d’un 1er EP, puis d’un album, Cure, un an plus tard, des copains n’ayant jamais écouté de musique de leur...

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On ne choisit pas sa famille, mais on ne choisit pas non plus toujours ses potes. Quand a débarqué Eddy de Pretto en 2017 à la faveur d’un 1er EP, puis d’un album, Cure, un an plus tard, des copains n’ayant jamais écouté de musique de leur vie, à part le Blizzard de FAUVE≠ et deux ou trois trucs qui passaient au Grand Journal dans les années 2000, se sont empressés de nous signaler l’entrée fracassante du chanteur dans leur vie.

Le type portait, selon eux, un discours puissant, organique, presque naturaliste. Le genre viscéral, en fait, d’où l’allégorie du ring de boxe utilisée dans le clip du titre Normal, sorte de projection mentale d’un combat que l’on mène contre les autres, mais surtout contre soi, matérialisée en 2019 sur une scène de l’Elysée Montmartre transformée en salle de combat, pour une série de dix dates affichant complet.

On est en droit de fustiger la posture “d’authenticité” du “projet”

Que les paroles détournées du poème de Rudyard Kipling (“Tu seras viril mon kid”), sur le single Kid, aient pu résonner dans les cœurs serrés de ceux qui subissent la violence abjecte et déraisonnable des injonctions paternelles à poser ses couilles sur la table ou à crever nous paraît, disons, salutaire.

On est en droit de fustiger, en revanche, la posture “d’authenticité” du “projet” de Pretto dans son ensemble, énième déclinaison de produits maîtrisés de A à Z qui ont fait main basse sur une pop chantée en français (c’est le moment où ce bon vieil Eddy prend pour tout le monde), se caractérisant par un 1er degré navrant, dans son humour comme dans sa sensiblerie exacerbée, et dont la seule finalité serait d’émouvoir aux larmes le jury de The Voice.

Avec A tous les bâtards – un deuxième album structuré sur le modèle “un trending topic sur Twitter/une chanson” –, Eddy de Pretto enfonce le clou : il dit adieu à la schnouff, voit son nom s’afficher en lettres rouges au fronton de l’Olympia et use d’un verbiage cru avec la grandiloquence d’un chanteur lyrique. La suite, on la connaît : une chorale de gosses, un orchestre philharmonique et, au milieu, Eddy de Pretto venu interpréter Tout vivre, morceau de clôture du disque, pour la 37e cérémonie des Victoires de la musique en 2022.

Au moment où les derniers mots résonnent, les cuivres cessent de gronder et les cordes se mettent au diapason. Vianney est en larmes, Eddy a réparé les vivant·es. Quant à nous, on préférera toujours les flingué·es de la chanson qui ne savent pas pourquoi il·elles vont mal, et qui ne veulent pas aller mieux.

A tous les bâtards Romance Musique/Universal