Faut-il vacciner ceux qui ont eu le Covid-19 et si oui, comment?

SCIENCE - Alors que la campagne de vaccination suit son cours, la priorisation est claire pour tout le monde: seuls les plus de 75 ans, les résidants d’Ehpad, les soignants de plus de 50 ans ou les personnes atteintes de certaines comorbidités...

Faut-il vacciner ceux qui ont eu le Covid-19 et si oui, comment?

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Pour le moment, une personne qui a déjà eu le Covid-19 n'est pas prioritaire pour l'accès au vaccin en France.

SCIENCE - Alors que la campagne de vaccination suit son cours, la priorisation est claire pour tout le monde: seuls les plus de 75 ans, les résidants d’Ehpad, les soignants de plus de 50 ans ou les personnes atteintes de certaines comorbidités ont accès au vaccin.

Mais si un individu éligible a déjà eu le Covid-19 par le passé, que faut-il faire? Pour l’instant, la Haute autorité de santé (HAS) recommande de ne pas “vacciner systématiquement les personnes ayant déjà développé une forme symptomatique”. Si elle le souhaite, et en accord avec son médecin, la vaccination est possible avec “un délai minimal de 3 mois à partir du début des symptômes”.

Cette règle pourrait bientôt changer. “La HAS va rapidement faire des recommandations en matière de vaccination des personnes ayant déjà eu” le Covid-19 a déclaré ce mardi 2 février Elisabeth Bouvet, membre de la commission technique des vaccinations, lors d’une conférence de presse. Pour prendre une décision, la Haute autorité attend “des données” sur ces questions, mais précise “qu’une dose de vaccin devrait probablement être suffisante, ce sont des propositions qui circulent déjà et je pense que nous irons dans ce sens”.

Une réponse forte dès la première dose

La HAS n’a pas donné plus de détails sur ce futur avis, mais la publication de deux récentes études, mises en ligne le 1er février, n’y est peut-être pas étrangère. Celles-ci n’ont pas encore été revues par des scientifiques et publiées dans une revue, elles sont donc à prendre au conditionnel. Mais elles sont encourageantes et vont dans le même sens.

Dans la première, 60 soignants ont été testés. Un premier groupe a eu le Covid-19. Un second a été contaminé, mais a développé une forme asymptomatique. Le troisième groupe est constitué de personnes n’ayant jamais été touchées par le coronavirus. Chaque patient a reçu une dose de vaccin dans le cadre de l’étude (Pfizer/Biontech ou Moderna).

Les résultats sont très nets: les personnes déjà infectées par le passé ont eu une forte poussée d’anticorps dès le 7e jour, avec un pic au bout de deux semaines. A l’inverse, les soignants n’ayant jamais été contaminés ont vu leur taux d’anticorps monter au bout de 14 jours, mais dans des proportions bien moindres.

Dans la seconde étude, 109 personnes ayant reçu aux Etats-Unis la première dose d’un vaccin à ARN ont été analysées, dont 41 ayant déjà contracté le coronavirus. Au bout d’une dizaine de jours, les patients “naïfs” (qui n’ont jamais eu le Covid-19) ont développé un taux d’anticorps variable et relativement faible. Après la seconde dose, comme prévu, ce taux a grimpé à des niveaux théoriquement suffisants pour induire une immunité.

Pour les 41 personnes déjà contaminées, les choses sont différentes. Le taux d’anticorps a vite grimpé dès la première dose à des niveaux importants et uniformes. Il était même plus élevé que le taux des personnes naïves après la seconde dose. Reste à savoir si cette réponse immunitaire après une seule dose se maintient dans le temps, précisent les auteurs.

Vérifications nécessaires

Encore une fois, ces deux études sont des prépublications qui méritent d’être vérifiées et répliquées, notamment avec un plus grand nombre de personnes et sur un temps plus long. Mais vu les problèmes d’approvisionnement en doses des principaux vaccins, la question se pose évidemment.

Pour le professeur Gilbert Debray, il ne faut pas aller trop vite. “Seulement 2 études de très petite taille (68 et 59 patients), sans randomisation, non publiées (preprint) et sans recul” suggèrent une efficacité. “Il est trop tôt pour que cela soit appliqué”, estime-t-il sur Twitter. John Wherry, directeur de l’Institut d’immunologie de l’université de Pennsylvanie, interrogé par le New York Times, craint de son côté “un précédent délicat”.

Dans le British Journal of medicine, la professeure d’immunologie Eleanor Riley redoute que “l’intégration de ces mesures dans un programme de vaccination de masse rende complexe sur le plan logistique, il pourrait être plus sûr, dans l’ensemble, de veiller à ce que chacun reçoive deux doses”.

La Haute autorité de santé précise que si l’option d’une seule dose n’était pas choisie, il est possible que l’on repousse de trois à six mois le délai d’attente avant d’être vacciné avec deux doses. Logique: de plus en plus d’étudesmontrent que l’immunité naturelle conférée par une infection semble durer au moins six mois dans beaucoup de cas. Reste à voir quel pourrait être l’impact de certains variants à ce sujet.

A voir également sur Le HuffPost: des vaccins à 90% efficaces, ce que ça veut dire...et surtout pas dire