Faut-il voir “Hit and Run”, la nouvelle série d’action de Netflix ?
Les années 24 Heures chrono (“twènifor” pour les intimes) ont marqué une génération sériephile qui nageait à l’époque – le début des 2000s – plutôt dans les eaux intellos du câble et des Soprano, ou alors du côté des comédies finissantes comme...
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Les années 24 Heures chrono (“twènifor” pour les intimes) ont marqué une génération sériephile qui nageait à l’époque – le début des 2000s – plutôt dans les eaux intellos du câble et des Soprano, ou alors du côté des comédies finissantes comme Friends. Ce bijou brut de la Fox incarnait un amour plus impulsif des séries, aux côtés de la belle et romanesque Alias, mais beaucoup plus terrienne et rude que cette dernière. On en cause encore logiquement deux décennies plus tard – la série de Joel Surnow et Robert Cochran a débuté quelques semaines après le 11 septembre – et certains, même, s’en inspirent toujours. Difficile, en effet, de ne pas penser aux aventures de Kiefer Sutherland devant les 9 épisodes bien tassés et forts en adrénaline de Hit & Run, qui vient électriser l’été sur Netflix.
Ici, pas de split screen ni de décompte des secondes, d’accord, mais une course vers l’avant infernale et une façon de considérer le récit comme une matière vivante, malléable, étirable même, où n’importe quoi peut arriver, l’improbable et le choquant. Tout commence en Israël, à Tel Aviv, où un sympathique guide touristique perd sa femme, renversée par une voiture qui prend la fuite. Au lieu d’attendre tristement que la police fasse son travail, le très musclé Segev Azulai se met en tête de trouver les coupables tout seul. Il faut dire qu’il a passé quelques années dans les forces spéciales, y compris à l’étranger en tant que mercenaire, et se retrouver face à lui dans une ruelle sombre ne présage en général rien de bon.
Vendetta“Tu es taré, tu vas me tuer”, lui dit un gars qui a tout compris. Segev est un héros brutal, incandescent, qui utilise ses poings et à peu près tout ce qui lui tombe sous la main dans sa recherche toute personnelle de “justice” – laquelle s’apparente au départ à une pure vengeance, avant de se transformer en lutte pour la survie, y compris la survie de l’image qu’il se faisait de son épouse.
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Hit & Run (© Jojo Whilden / Netflix 2021)L’enquête mène Segev jusqu’à New York, où il retrouve un vieil ami et une ex devenue journaliste d’investigation qui l’aident à démêler les fils de l’étrange mort de sa femme, visiblement assassinée. Tout s’enflamme. En parallèle à celui de Tel Aviv, le portrait de New York (Queens, Brooklyn notamment) que propose la série, très stylisé et noir, fait partie de ses franches réussites. Cela faisait un certain temps qu’on n’avait plus vu the big apple comme un dédale d’impasses, de lieux abandonnés, de toits dangereux, de zones incertaines. Même l’aéroport JFK devient ici presque nouveau, vu à travers le prisme de la course folle du héros. Quelque chose d’un cinéma âpre des années 1970 résonne en arrière-plan, même si le maître mot reste l’efficacité, la frénésie que l’on retrouve finalement dans le titre. “Hit” et “run” (littéralement “frapper et courir”), c’est non seulement le malheur qui arrive à l’épouse de Segev, mais aussi le programme esthétique de la série, capable d’atteindre un degré assez incroyable de renversements de perspective et de lignes de fuite permanentes.
Thriller d’espionnageAux commandes de cet objet aussi fascinant que parfois discutable – la brutalité sans sommation n’a jamais fait office de programme désirable, c’était déjà vrai dans 24 Heures chrono – se trouve un duo bien connu composé d’Avi Issacharoff et Lior Raz (qui interprète aussi le rôle principal avec brio), les co-créateurs israéliens de Fauda. Cette série mettait en scène un infiltré de Tsahal dans les territoires palestiniens et avait fait grand bruit. Ici, tout l’aspect problématique de Fauda dans son traitement de “l’ennemi” se trouve atténué, d’abord parce qu’il n’est pas question directement du conflit que subit la région. Le déplacement de l’action de Tel Aviv vers New York et la mise en place d’une intrigue qui vire peu à peu au thriller d’espionnage, tout cela pousse Hit & Run vers un terrain plus Netflix-compatible et mondialisé.
La réussite de Issacharoff et Raz (épaulés par des scénaristes et réalisateurs•trices américain•es) est de parvenir à rester sur le fil de l’intimité de leurs personnages, de créer des fractures souvent passionnantes, faisant de leur série bien autre chose qu’un sous-produit international aux influences américaines. Hit & Run avance à sa manière souvent indélicate, mais elle a quelque chose en plus, une aura, une fragilité propre. Une saison 2 est d’ores et déjà promise par les producteurs et on ne se cachera pas pour dire qu’on l’attend déjà avec une petite impatience complètement assumée. Neuf épisodes, ce n’est sûrement pas assez.
Hit & Run, créée par Avi Issacharoff, Lior Raz, Dawn Prestwich. Avec Lior Raz, Sanaa Lathan, Kaelen Ohm. Sur Netflix.