Félicia Atkinson : “Il y a une nécessité de silence, de secret, de retrait dans un travail artistique”
Retrouvez les volets précédents de notre série [1/4] Les beaux jours de la musique expérimentale Ses 1ers travaux nous étaient parvenus sous la forme de zines dessinés, de livres de poésie, de cassettes aux atmosphères diaphanes et lectures...
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[1/4] Les beaux jours de la musique expérimentale
Ses 1ers travaux nous étaient parvenus sous la forme de zines dessinés, de livres de poésie, de cassettes aux atmosphères diaphanes et lectures amniotiques, de CD lancés au hasard des réseaux physiques, comme depuis un désert situé aux confins d’un rêve de Californie idéale.
Plus récemment, sa musique a pris la forme de disques portant en leur cœur (et en leurs creux) une esthétique entre réductionnisme sonique, atmosphères lancinantes, voix fantomatiques, harmoniques inattendues, favorisant glissements des sens et des perceptions.
Cet été, elle a sorti son plus bel album, le hanté et limpide Image Langage (tout en participant au projet du ministère de la Culture, Mondes nouveaux). Un disque comme un “monologue intérieur” mêle sa voix, ses sonorités planantes aux souvenirs d’autres voix “comme celles de Marguerite Duras, Jean-Luc Godard, John Cage, Robert Ashley, Jean Negroni, Emmanuelle Riva”, dit-elle. Des voix qui “se présentent sous forme d’ombres”. Félicia a 41 ans. Pour déployer son art et sa pratique, elle a fondé, avec son compagnon Bartolomé Sanson, le label Shelter Press, défini comme “une pièce de notre maison”. Un travail de famille permettant de garder une indépendance artistique tout en éditant d’autres musicien·nes.
Paysages sonores extatiques
“Cette pièce, le label, est essentielle car elle nous inscrit dans une communauté, chaque disque que nous avons sorti est particulier, un projet en soi qui, je l’espère, est durable et non juste un phénomène de mode. C’est une responsabilité d’ajouter un objet dans le monde… Le travail est permanent mais c’est le type de vie que nous avons choisi.” Une vie qui tente d’apprivoiser le temps. “Si je regarde mes héroïnes, comme Pauline Oliveros, Éliane Radigue ou Etel Adnan, il s’agit de longues histoires. Je crois qu’il y a une nécessité de silence, de secret, de retrait dans un travail artistique.”
Et dans ce secret nécessaire se dégage quelque chose de l’ordre de la discrétion absolue, de la nécessité, presque de la timidité qui permet, face au flux ininterrompu, de prendre le temps. Et d’abord celui de l’hypnose provoquée par le mélange très fluide entre la parole réverbérée de Félicia et ses paysages sonores, doucement extatiques.
feliciaatkinson.bandcamp.com