Féminicide de Mérignac: l'accablant profil du mari de Chahinez

FÉMINICIDE - Multi-récidiviste. L’homme accusé d’avoir tué Chahinez, mère de famille de 31 ans, avait déjà un lourd casier judiciaire émaillé de plusieurs condamnations pour violences. Son passif a suscité la colère des associations et de l’opposition...

Féminicide de Mérignac: l'accablant profil du mari de Chahinez

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

FÉMINICIDE - Multi-récidiviste. L’homme accusé d’avoir tué Chahinez, mère de famille de 31 ans, avait déjà un lourd casier judiciaire émaillé de plusieurs condamnations pour violences. Son passif a suscité la colère des associations et de l’opposition politique, qui accusent le gouvernement de laxisme. 

Mardi 4 mai vers 18H10, dans une rue tranquille de Mérignac (près de Bordeaux), Mounir B., 44 ans, a poursuivi sa femme, lui a tiré plusieurs coups de feu dans les jambes puis l’a aspergée d’un liquide inflammable alors qu’elle était encore en vie et l’a immolée par le feu.

Le suspect, sur lequel n’a été trouvée “aucune trace d’alcool ou de stupéfiant”, a dit vouloir “la punir sans la tuer” et “brûler un peu sa femme pour lui laisser des marques”, a indiqué lors d’une conférence de presse ce jeudi 6 mai la procureure de Bordeaux Frédérique Porterie. L’homme, maçon en CDI, a expliqué aux enquêteurs qu’il était “convaincu que son épouse avait un amant”.

L’agresseur a été interpellé peu après les faits et placé en garde à vue.

Devant les journalistes, la procureure a longuement détaillé les multiples condamnations de Mounir B., entre 2004 et 2020: pas moins de sept, dont trois pour violences. 

Trois condamnations sont liées à des faits de conduite en état d’ivresse, en janvier et mai 2004 puis décembre 2014. Il avait alors été sanctionné d’une amende, puis de quelques mois de prison avec sursis et de plusieurs suspensions temporaires du permis de conduire. 

Trois condamnations pour violences, dont une pour violences conjugales

La 1ère décision de justice pour violence a elle été prononcée le 29 octobre 2004 pour “violences avec usage et menace d’une arme suivie d’une incapacité de travail n’excédant pas 8 jours”. Elle a valu à l’homme 8 mois d’emprisonnement avec sursis. 

La deuxième peine a été prononcée en septembre 2015, pour “violences avec usage et menace d’une arme suivie d’une incapacité totale de travail n’excédant pas 8 jours”. Mounir B. était alors condamné à 5 mois d’emprisonnement avec sursis, assortie d’une mise à l’épreuve pendant 2 ans et de l’“interdiction de détenir ou porter une arme”, soumise à autorisation pendant 3 ans. 

Enfin, le 25 juin 2020, “pour violence par conjoint en présence d’un mineur”, après une plainte déposée par sa victime Chahinez, Mounir B. écopait de 18 mois d’emprisonnement dont 9 avec sursis probatoire pendant 2 ans. “Ce sursis probatoire comprenait les obligations et interdictions suivantes: l’obligation d’exercer une activité professionnelle, l’obligation de soin, l’interdiction de paraître au domicile conjugale, l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, interdiction de fréquenter les débits de boisson”.

C’est la remise en liberté de Mounir B. en dépit de cette condamnation qui fait bondir la classe politique et les associations. Face à la polémique, la procureure de Bordeaux a donc longuement détaillé les conditions de son aménagement de peine décidé en octobre 2020. 

Mounir B. a obtenu “une mesure de placement extérieure, spécifique pour les auteurs de violences conjugales. (...) Son écrou a été levé le 9 décembre 2020, il avait alors déclaré une adresse chez sa sœur et son beau-frère à Pessac. Il était depuis suivi par le service pénitentiaire d’insertion et de probation dans le cadre de la peine de son sursis probatoire”, a précisé la procureure. Elle a également souligné que l’homme s’était rendu à toutes ses convocations entre janvier et avril 2021, et avait justifié de ses obligations de travail et de soins. 

En revanche, a-t-elle précisé, “il a reconnu être entré en contact à plusieurs reprises avec la victime et ce, en totale contradiction” avec les interdictions qui lui avaient été faites.  

Conclusions de la mission d’inspection le 11 mai

Du côté des associations et des proches de la victime, la colère est d’autant plus grande qu’à la mi-mars 2021, Chahinez avait de nouveau porté plainte au commissariat de Mérignac contre son conjoint pour une nouvelle agression. Mais l’homme, recherché par la police, était “introuvable”. 

Ce sont les suites apportées à cette plainte qui seront notamment examinées par la mission d’inspection déclenchée par les ministères de la Justice et de l’Intérieur. La mission devra également étudier les conditions de remise en liberté, “vérifier les modalités de mise en œuvre de la mesure de sursis probatoire dont le mis en cause a fait l’objet”, “examiner si cette prise en charge a été correctement effectuée et suivie”. Les 1ères conclusions sont attendues le 11 mai. 

L’homme, mutique devant les enquêteurs depuis mercredi midi, doit être déféré devant un juge en vue d’une mise en examen pour homicide volontaire par conjoint, destruction volontaire par incendie et violences sans ITT avec armes en récidive légale, un dernier point lié au fait qu’il a menacé un voisin qui tentait de porter secours à la victime. 

À voir également sur Le HuffPost: Les victimes de féminicides en 2020 ont leur mémorial en plein Paris