Festival Musical Écran : 4 documentaires musicaux à ne surtout pas manquer

Du rap marseillais, des femmes les mains dans les synthétiseurs, de la rumba congolaise, de la soul pur jus, du folk oublié, du piano néo-classique, de la techno ecstasiée, de la drum’n’bass, du balearic pieds dans l’eau, du revival punk, et...

Festival Musical Écran : 4 documentaires musicaux à ne surtout pas manquer

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Du rap marseillais, des femmes les mains dans les synthétiseurs, de la rumba congolaise, de la soul pur jus, du folk oublié, du piano néo-classique, de la techno ecstasiée, de la drum’n’bass, du balearic pieds dans l’eau, du revival punk, et on en oublie en route. Dès le 5 septembre, le festival de documentaires Musical Écran promet de faire danser Bordeaux dans tous les sens pendant une semaine. Voici quatre films musicaux qui y seront projetés qu’on attend impatiemment.

D’IAM à JuL, Marseille capitale rap

30 ans d’un mouvement musical, le rap, qui a marqué au fer rouge la ville de Marseille. De la 1ère cassette d’IAM en 1989 aux succès des Soprano ou de Jul : c’est le parti pris du documentaire choral signé Gilles Rof et Didier D. Daarwin. Mélangeant entrevues des principaux acteurs du mouvement, images d’archives mélancoliques et séquences actuelles, ils dressent l’histoire de quatre générations de rappeurs qui ont “placé Marseille sur la carte de la France”, comme le dit Akhenaton d’IAM.

Petite madeleine de Proust déclinée chronologiquement, le film est un enchantement qui nous fait remonter aux débuts d’IAM qui placent l’identité marseillaise au cœur de leur rap, et de la Fonky Family qui initie la deuxième génération hip-hop en durcissant le ton évoquant l’ennui, la violence et la dope. Et puis il y a l’entrée des Psy 4 de la rime qui marque l’arrivée des quartiers nord dans le game et va influencer la génération actuelle moins engagée et plus ludique, mais qui porte le hip-hop marseillais un cran plus loin. Les Jul, SCH, Soso Maness ou Naps, qui piochent dans le baile funk, l’électro, la drill ou la trap, et se servent des réseaux sociaux comme d’une caisse de résonance tout en accumulant les disques d’or.

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Merveilleuse saga sur l’histoire d’un phénomène musical qui fait partie de l’identité marseillaise au même titre que l’OM, le documentaire n’oublie pas d’aborder la dureté d’une ville abandonnée à son sort par les politiques, la réalité du trafic de drogues dans les cités, les drames qui ont fait mûrir le mouvement hip-hop (le meurtre du jeune Ibrahim en 1995 par des colleurs d’affiches du Front National ou encore l’effondrement d’immeubles en 2018), l’engagement constant du mouvement contre l’extrême droite, le ras-le-bol face aux Parisiens qui s’installent en masse… Et relaie le coup de gueule du hip-hop marseillais, relégué au rang de sous-culture et grand oublié lors de la célébration de Marseille comme capitale de la culture européenne en 2013, alors qu’il est le cœur battant de la ville comme l’explique SAT de la Fonky Family : “D’IAM à Jul, ce qui lie tous ces artistes, c’est Marseille. On cause tous de notre ville, on est tous dingues d’elle, on écrit tous sur elle.”

D’IAM à Jul, Marseille Capitale Rap de Gilles Rof et Didier D. Daarwin, le 10 septembre à 20 h 30 au cinéma Utopia

The Rumba Kings

Née dans les années 1940 au Congo encore sous domination belge, au cœur de Léopoldville (devenue Kinshasa après l’indépendance en 1960), la rumba a marqué à tout jamais la musique, propulsant sur le devant de la scène des groupes de renommée internationale au même titre que des Rolling Stones ou des Beatles.

Mélange de musiques africaines traditionnelles et cubaines emmenées par les marins américains qui font escale dans le pays et des guitares électriques apportées par les colons belges, la rumba a fait danser tout un pays avec ses rythmes saccadés et vocaux entraînants. Elle s’est aussi imposée comme un espace de résistance et de résilience contre l’oppression exercée par le système colonial.

Réalisé par l’Américano-péruvien Alan Brain, qui aura passé neuf ans sur ce documentaire exceptionnel, The Rumba Kings est riche en entrevues avec des musicien·nes (Papa Wemba, Brazzos, Manu Dibango…), des journalistes et des historien·nes, et renforcé par des archives rares. Fascinant et passionnant, il part de la genèse de ce courant musical jusqu’à son explosion lors de l’indépendance du Congo (le morceau Indépendance Cha Cha est devenu le symbole de cette date clé) et rend hommage à des figures du genre, comme Franco Luambo, Grand Kallé, Docteur Nico ou Tabu Ley Rochereau. Il donne aussi à voir les marchés grouillants de l’époque, les sapeurs qui jouent les dandys, les répétitions de l’orchestre African Jazz, pilier du mouvement, les attroupements autour des haut-causeurs qui diffusent la Radio Congo Belge (qui a beaucoup joué dans la dissémination de la rumba dans toute l’Afrique), la ségrégation raciale, les colons belges qui se laissent envouter par cette musique et la ramèneront chez eux après l’indépendance. Le film pointe du doigt l’extrême modernité de la rumba, qui sous des dehors faciles, ludiques et dansants, a porté le Congo vers sa libération. Grand Kallé souligne : “Les politiciens ont conquis l’indépendance avec leurs armes politiques, moi j’ai conquis l’indépendance avec la musique.”

The Rumba Kings de Alain Brain le 11 septembre à 20 h 30 au cinéma Utopia

Max Richter’s Sleep

Adulé par certain·es, méprisé par d’autres, le musicien et compositeur germano-britannique Max Richter aura mis de longues années avant de réussir à imposer son mélange de classique et d’électronique où trône le piano, fortement influencé par Xenakis, Arvo Pärt, Brian Eno, Philip Glass ou Steve Reich. Une musique amniotique et contemplative qui, depuis les années 2000, squatte avec bonheur les bandes originales du cinéma ou des séries télévisées, les documentaires animaliers ou les spectacles de danse, les playlists piano ou mix relaxation de Spotify. Quand elle ne se livre pas lors de concerts réputés pour être stupéfiants comme, par exemple, ceux accompagnant la sortie du projet pharaonique Sleep (huit heures et 22 minutes de berceuses destinées au sommeil).

C’est sur les performances qui ont accompagné le grand œuvre de Richter que la réalisatrice Natalie John a décidé de baser son documentaire, notamment le concert donné en juillet 2018 à ciel ouvert au Grand Park de Los Angeles, où plus de 500 personnes couchées sur des lits de camp (référence aux migrants) se sont assoupies, se sont enlacées, ont fait du yoga, ont discuté ou gardé les yeux ouverts, pendant que Richter déployait son marathon en direct. 

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Mélange de propos du compositeur sur les inspirations de sa musique, de concert filmé, de témoignages des spectateur·trices présent·es, de travelling au milieu des lits soigneusement ordonnés, de réflexion sur le monde qui poursuit sa course folle, Max Richter’s Sleep est aussi une plongée introspective dans l’intimité du compositeur et sa relation avec son épouse, l’artiste et réalisatrice Yulia Mahr. Cette dernière évoque notamment leurs longues années de difficultés financières où ils ne gagnaient pas assez d’argent pour manger à leur faim, et la manière dont elle catalyse les idées qui se bousculent dans la tête de son mari.

L’occasion de découvrir un compositeur un peu dépassé par le succès, drôle, intelligent et humain, fan de synthétiseurs et de Kraftwerk, une sorte d’enfant grandi trop vite qui cherche avec Sleep, et ses basses fréquences, à retrouver la sensation auditive vécue par le fœtus qui baigne dans le liquide amniotique. Lent et tout en chuchotements, méditatif et contemplatif comme une séance d’ASMR, ce docu est aussi une réflexion sur la difficulté de créer, sur notre rapport trouble à la nature et sur un monde qui ne cesse de s’accélérer.

Max Richter’s Sleep de Natalie Johns le 12 septembre à 20h30 au cinéma Utopia

Laurent Garnier : Off The Record

C’est un film qu’on attend depuis 2003 et la sortie du livre Electrorama qui racontait le parcours du plus grand DJ français – de sa passion très tôt pour la musique à la 1ère fois où il a entendu le I Feel Love de Donna Summer qui change sa vie; de ses débuts à l’Hacienda, club mythique de Manchester, au Rex club qu’il appelle sa maison et sa famille. Réalisé par le jeune Gabin Rivoire et filmé pendant la tournée mondiale qui a amené l’un des plus grands DJ français tout autour du monde entre 2017 et 2019, Laurent Garnier : Off The Records est parcouru d’images old school des débuts et ponctué d’une liste (longue comme le bras) d’entrevues d’acteurs de la scène techno et house, des pionniers aux valeurs montantes.

Fidèle à son image de mec simple et passionné, accessible et pas star pour un sous, Garnier mélange habilement le parcours de sa vie à une histoire plus globale, qui est celle de la house et de la techno, soit la bande son de sa vie. Un mouvement qu’il a toujours attendu, comme il le rappelle au début et à la fin du film : “Pourquoi est-ce que j’aime autant la house et la techno ? J’ai toujours été un grand fan de musique, j’ai aimé le punk, le rock, le reggae, la soul, le disco… Et la house et la techno regroupent l’essence de tous ces genres musicaux. C’est la musique que j’attendais.”

Le film balaie 40 ans de ce qui a été la dernière révolution musicale du XXe siècle, tout en étant très réaliste sur la vie de DJ (ses joies et ses drames), engagé sur le côté politique et social du dancefloor, interrogateur sur le futur du genre et ironique quand Garnier s’amuse de la reconnaissance actuelle d’un mouvement qui a longtemps été sévèrement ignoré.

Laurent Garnier : Off The Record de Gabin Rivoire, le 5 septembre à 20h30 au cinéma Utopia

Et aussi ce passionnant documentaire dont on vous disait tout le bien en février.

Festival Musical Écran, 5e édition. Du 5 septembre au 12 septembre 2021.