Fêtons les femmes de science en cette journée internationale qui leur est réservée - BLOG
FEMMES - Le 11 février de chaque année est consacré à la Journée internationale des femmes de science. Cette journée est à la fois emblématique des extraordinaires réalisations des femmes dans un contexte historique d’inégalités, mais aussi...
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FEMMES - Le 11 février de chaque année est consacré à la Journée internationale des femmes de science. Cette journée est à la fois emblématique des extraordinaires réalisations des femmes dans un contexte historique d’inégalités, mais aussi représentative d’un formidable moyen de conscientiser notre société, de susciter l’intérêt de la jeunesse.
En effet, il ne faut pas oublier que, de tout temps, ces femmes exceptionnelles ont apporté leur pierre à l’édifice en mathématique, en physique, en chimie, en médecine, en biologie, en informatique et dans le domaine astrophysique et spatial.
Un mépris séculaire pour les “Femmes Savantes”
On peut dire qu’un ton condescendant, discourtois, voire méprisant, a toujours accompagné l’expression “femmes savantes”: la pièce de Molière en est une preuve incontestable. Dès lors, si la gent féminine s’aventurait dans les chemins “interdits”, par “bienséance”, dès que possible, pour ne pas que cela fasse tache d’huile, on s’empressait ensuite de “nettoyer” l’époque des noms de ces femmes intelligentes, inspirantes, donc excessivement “encombrantes”.
Au XIXe siècle, l’enseignement public contribue enfin à ouvrir les écoles aux fillettes. Cependant, la “vraie” égalité n’est pas au rendez-vous: les nouvelles mesures n’ont pas ébranlé la volonté d’“un masculin qui continue à l’emporter” que ce soit dans la grammaire française ou dans les diktats d’une société qui persiste à refuser à octroyer aux femmes l’accès aux mathématiques, à la chimie, etc. De fait, on continue à forcer les femmes à être de bonnes épouses et de bonnes mères avec un minimum d’éducation. Si d’aventure, elles s’engagent dans les chemins interdits et, en outre, réussissent, on s’arrange alors pour minimiser les réalisations ou pour considérer cet état de fait comme très exceptionnel. Souvent, les femmes devaient donc se cacher ou même se déguiser en hommes pour pouvoir travailler.
Alors que l’histoire “réelle” est jalonnée de femmes scientifiques exceptionnelles, on constate en outre que leur nom a été effacé de la mémoire collective: on a même l’impression qu’à de très rares exceptions près, les femmes ont été notamment absentes dans les sciences.
Pourtant, des noms émergent. Même si on peut mentionner d’autres femmes avant elle, on ne peut écarter Hypatie (360-415 après J.-C.) qui cumule les fonctions prestigieuses de philosophe, astronome et mathématicienne, femme de lettres et de science, à la tête de l’école néoplatonicienne d’Alexandrie, au sein de laquelle elle enseigne la philosophie et l’astronomie. La figure de proue reste évidemment bien des siècles plus tard, Marie Curie (1867-1934), qui a eu droit à une reconnaissance universelle avec ses diverses distinctions dont deux Prix Nobel (un de physique avec son mari en 1903 et un en solo de chimie en 1911).
Il faut donc prendre la peine de “fouiller” dans les recoins de l’histoire pour constater qu’un nombre impressionnant de femmes scientifiques “oubliées”, “détrônées”, “gommées” étaient novatrices et bien présentes dans tous les domaines.
Les femmes de science, “secrets d’histoire”?
Dans un contexte donc extrêmement défavorable, quel a donc pu être le moteur de ces femmes de science?
Parfois, c’est un membre de la famille ou un mari qui donne envie de progresser comme ce fut le cas d’Hypatie qui reçut le savoir de son père; parfois, c’est l’évidence de la vérité scientifique qui pousse des intellectuelles à compléter discrètement ou à corriger sans la moindre autorisation des textes rédigés par des hommes: Madame Théroux d’Arconville (1720-1805), femme de lettres, chimiste, et anatomiste, agira ainsi et, grâce à ses divers travaux, elle deviendra, après sa mort, une référence, citée dans les manuels de chimie médicale et de médecine légale avant de disparaître à tout jamais dans l’oubli.
Ainsi, depuis toujours, considérées comme foncièrement ignares ou trop fragiles, les femmes doivent ruser pour avancer intellectuellement. Parfois, des exceptions émergent; la notoriété et le respect sont même curieusement au rendez-vous.
Au XIIe siècle, Hildegarde de Bingen est sollicitée par les papes et les empereurs qui lui demandent conseil. Religieuse à la tête d’un monastère bénédictin, elle est à la fois connue pour ses visions mystiques, mais aussi pour sa médecine naturaliste. Elle a écrit notamment deux œuvres médicales: elle y a recensé des maladies avec leurs symptômes et avec leurs remèdes; elle s’est intéressée aux pathologies féminines et les médecines douces d’aujourd’hui utilisent encore certains de ses remèdes. Elle est seulement canonisée en 2012 et élevée au rang de docteure de l’Église.
Si, peu à peu, on admet que “l’esprit n’a pas de sexe” (François Poulain de La Barre, 1647-1723), de manière générale, on préfère se moquer des femmes qu’on décrit incapables d’affronter les sciences, matière “impudique” qui les “dénature” de leur féminité. Pourtant, le siècle de Fénelon (1651-1715) ou celui de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) -tous deux réfractaires au moindre apprentissage des femmes dans le domaine des sciences- voit sa vision changer sous l’impulsion de femmes comme Émilie du Châtelet (1706-1749) qui traduit même l’œuvre de Newton. Cependant, pour atteindre un vrai “graal” scientifique, les femmes se cachent généralement derrière le nom de leur mari ou des pseudonymes masculins. Elles doivent aussi souvent se résigner au plus complet anonymat.
Il faudra attendre le XXe siècle afin que les effets du Code Napoléon, qui place la gent féminine dans une totale incapacité juridique -et intellectuelle -, se dissipent enfin pour que, progressivement, les femmes se sentent alors autorisées officiellement à accéder à la pratique scientifique. La route reste cependant minée d’embûches…
L’effet Matilda, déni ou minimisation des réalisations scientifiques féminines
Comme souvent, pour faire “bouger les choses”, la frustration démarre dans le chef d’une injustice commise à l’égard des hommes. En effet, dans les années 1960, le sociologue Robert Merton démontre ”à quel point la renommée institutionnelle acquise par les scientifiques (et les établissements où ils officient) détermine l’importance accordée à leurs travaux et les crédits dont ils disposent. On ne prête qu’aux riches, en sciences comme ailleurs. Si découverte il y a, on l’attribuera au plus renommé de l’équipe. Si prix Nobel il y a, le lauréat en restera toujours un “grand nom”, quelles que soient ses productions ultérieures. Un tel système fait inévitablement de l’ombre aux autres, et peut vouer à l’oubli des chercheurs tout aussi talentueux.” (Nicolas Journet: L’effet Matthieu, Mensuel N° 307 -octobre 2018)
Il évoque alors “l’effet Matthieu” sans pour cela critiquer totalement le système puisqu’il met en évidence le fait indéniable que les jeunes chercheurs bénéficient de la notoriété de leur professeur ou de leur directeur et qu’ils n’auraient pu persévérer sans lui.
En 1993, Margaret W. Rossiter, historienne des sciences, constate que, quand il s’agit de découvertes réalisées par des femmes, il n’existe pas la moindre retenue: on minimise, voire on vole purement et simplement le travail scientifique des femmes. Elle parle alors de l’effet Matilda.
Par exemple, Lise Meitner (1878-1968), renommée pour ses travaux sur la radioactivité et la physique nucléaire, a été nommée plusieurs fois pour le Prix Nobel sans jamais l’obtenir; le comble réside dans le fait qu’en chimie, son collègue en fut gratifié en 1944. Esther Lederberg (1922-2006) qui travaillait dans le domaine de la génétique et des bactéries n’a pas eu le Prix Nobel qu’elle méritait: son mari l’a obtenu uniquement en son nom propre en 1958. De nombreux autres noms de femmes brillantes peuvent se rajouter à cette énumération d’injustices.
Encourager les filles aux filières scientifiques
Aujourd’hui, personne ne niera l’évidence selon laquelle les femmes sont indéniablement un atout dans la recherche. Cependant, si le numérique, l’ingénierie, l’industrie, l’industrie mécanique et l’audit sont les cinq filières qui recrutent le plus de jeunes diplômés, selon le guide français 2019 du centre d’information et de documentation jeunesse, force est de constater la sous-représentation des filles. Il faut donc encourager celles-ci à suivre des filières scientifiques. L’école et les médias doivent donc raconter inlassablement le parcours des femmes inspirantes du passé. Le silence en la matière doit être définitivement brisé afin que les jeunes connaissent l’histoire dans son entièreté.
À cet effet, il est indispensable de glisser dans les manuels scolaires, dans les médias quels qu’ils soient, la fierté d’être une fille ou une femme aujourd’hui. Il est grand temps d’être “actu-elle”: il faut donc inclure dans notre mémoire collective le passé de ces femmes si exceptionnelles, si intelligentes, si opiniâtres, à des époques qui ne leur faisaient pas la moindre place, qui leur étaient souvent hostiles.
Nous avons cette tâche à accomplir, car: combler les vides avec la vérité, c’est comprendre l’histoire, c’est avancer.
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