Fontaines D.C. : entre featurings et poésie, 6 incartades artistiques du groupe

Kneecap avec Grian Chatten et Tom Coll dans “Better Way To Live” Lorsque trois enfants terribles de Belfast rencontrent la plume la plus sagace de Dublin, cela donne Better Way To Live, morceau où couleurs hip-hop et basses funky se conjuguent....

Fontaines D.C. : entre featurings et poésie, 6 incartades artistiques du groupe

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Kneecap avec Grian Chatten et Tom Coll dans “Better Way To Live”

Lorsque trois enfants terribles de Belfast rencontrent la plume la plus sagace de Dublin, cela donne Better Way To Live, morceau où couleurs hip-hop et basses funky se conjuguent. Kneecap, trio composé de Mo Chara, Móglaí Bap et DJ Próvaí, ont rencontré Grian Chatten et Tom Coll dans leur ville natale, au Madden’s Bar. Un pub tout ce qu’il y a de plus irlandais où tout ce petit monde s’est lié d’amitié et a décidé, quelque temps plus tard, d’allier ses forces à l’occasion d’un featuring.

Premier single d’un disque-brûlot tout juste paru via Heavenly, intitulé Fine Art, Better Way To Live s’ouvre par le rap de Chatten, décidément touche-à-tout. Kneecap, eux, passent de l’anglais au galéique irlandais, dialecte par lequel ils scandent leur discours politique radical (et pas toujours au goût du gouvernement britannique, qui a décidé de les priver du fonds public destiné aux musicien·nes). Dans le clip qui accompagne le morceau – filmé au Madden’s Bar, justement – est dépeinte une certaine image du quotidien des locaux. La gouaille au bout des lèvres, on s’échappe du brouillard du dehors, on boit des pintes de Guinness et on revêt des drapeaux vert-blanc-orange. “If there’s a better way to live, I’ve gotta have it”, y songent-ils à voix haute.

Carlos O’Connell, aux guitares pour Film Noir 

Tout est parti d’une rencontre. Un soir de 2020, alors qu’il vivait à Paris, Carlos O’Connell se rend à l’un des concerts de Film Noir. Le groupe français emmené par Joséphine de La Baume, qui érige un rock nébuleux à l’imagerie cinématographique non sans rappeler La Femme ou Juniore, captive le musicien. Visiblement séduit par ce qu’il entend au fil du concert, O’Connell se rapproche de ses membres une fois le set achevé. Tous·tes font connaissance. “Il a bien accroché, on a pas mal parlé”, se souvient la chanteuse du groupe auprès du média Jack. Ils et elle conviennent d’une petite session musicale pour le lendemain : y sera alors enregistrée une reprise de For A Day Like Today de Lee Hazlewood – figure éminente de la pop US des sixties.

Deux ans plus tard, Film Noir enregistre son 1er album, Palpitant, à Londres. Le groupe recontacte alors Carlos O’Connell, qui vient leur rendre visite “pour essayer des choses”. Au bout du compte, les membres du groupe le convient à jouer de la guitare douze cordes sur I Will Rise. Et en studio, ou peut-être était-ce avant, lui et Joséphine de La Baume finissent par tomber amoureux. Une sorte de coup de foudre à tous crins.

“Chaos For The Fly”, la sublime échappée en solitaire de Grian Chatten

C’était, sans conteste, l’un des plus beaux albums de 2023. Chaos for the Fly, le nom d’une échappée en solitaire : celle de Grian Chatten. Neuf titres d’une sensibilité rare, attestant (s’il fallait encore s’en convaincre) du talent de compositeur comme d’interprète du leader de Fontaines D.C. Des morceaux amassés au fil des albums et des années, ceux qui “restent sur l’étagère”, de côté, car pas forcément à propos ni “cohérents avec la globalité du projet”, confiait l’artiste dans nos colonnes, l’année dernière.

Je n’avais pas anticipé l’idée de faire un disque solo, j’ai eu l’illumination en me promenant le long de Stoney Beach ; et les morceaux, les arrangements, les chœurs, ce que je voulais expliquer, se sont mis en place”, poursuivait-il ensuite, ajoutant avoir su “exactement comment ça devait sonner, avec tous ces petits détails qui [lui] tiennent très à cœur”. Et de conclure : “Je ne voulais pas que ces chansons interfèrent avec le prochain Fontaines D.C., je ne voulais pas imposer mon point de vue au groupe ni, surtout, les réduire à des musiciens de studio, alors je l’ai fait seul.” La sensation de toucher du doigt, ici, la quintessence de son écriture.

Kae Tempest et Grian Chatten, en symbiose poétique sur “I Saw Light”

“Tapped out a few laughs on the summer’s grass / And in all the sky’s many merry blues / I read one thousand words / Of pretty good news”, déclame Grian Chatten dans I Saw Light, titre extrait du disque de Kae Tempest, The Line Is A Curve, sorti en 2022. Un morceau où les deux artistes slament comme on lirait de la poésie, la voix dépouillée de toute fioriture, simplement au service du texte. En fond, de discrètes émanations synthétiques – assez discrètes pour laisser les mots s’y déployer à loisir. Le résultat est sensible, et résolument magnétique. “I saw light in the buildings at night / I saw light in the windows as I passed them by / On the river. On the bridge. On the ledge / On the side of your face at the bar / It went dark”, y prononce  Kae Tempest, avant d’être rejoint·e par Grian Chatten pour refermer le titre en chœur : “I saw light”.

“Full Way Round”, la rencontre électro de Leftfield et Grian Chatten

Touche-à-tout, le mot n’est pas galvaudé. Grian Chatten est loin de se cantonner dans un seul genre musical, et c’est tant mieux. Avant ses explorations vers le rap ou les ballades intimes, il s’était essayé (le temps d’un featuring) à l’électro. Repéré par les membres de Leftfield, groupe à classer du côté de la dance music, l’Irlandais a été convié par ces derniers à poser sa voix sur le titre Full Way Round, sorti en octobre 2022.

Une “collaboration parfaite entre les rythmes et de bonnes vibrations”, se félicitait l’un des membres de Leftfield dans un communiqué, ne tarissant pas d’éloge sur Grian Chatten. “[Sa] voix est un voyage fluide qui se ressent et s’expérimente, plutôt qu’il ne s’analyse. Son énergie et son enthousiasme jaillissent des haut-causeurs. Chaque fois que je l’entends, je me souviens de l’excitation qui régnait en studio lorsqu’il l’a enregistrée”. On veut bien le croire. 

“Vroom”, leur recueil de poésie introuvable

“Where can I find Fontaines D.C.’s Poetry Books ?”, peut-on lire à de multiples reprises sur des forums perdus dans les limbes d’internet, de la part d’internautes visiblement en mal de réponses satisfaisantes. Hélas, on se pose la même question. Il semble en effet que les cinq de Fontaines D.C. aient bien pris la plume pour écrire ensemble Vroom, un recueil de poésie inspiré (entre autres) par leurs prédécesseur·es de la Beat Generation – mouvement littéraire et culturel né dans les années 1950 outre-Atlantique – et dont ils étaient fervents lors de leur rencontre au British and Irish Modern Music Institute de Dublin, à la fin des années 2010.

Il aurait été publié aux environs de 2017, peu avant la sortie de Liberty Belle, leur 1er single et 1er succès. Rééditeront-ils Vroom un jour ? Un autre internaute affirmait “leur [avoir] posé cette question” lors d’une FAQ organisée sur le forum de discussion Reddit, “ils ont dit qu’ils espéraient les rééditer à un moment donné dans le futur…”. Et de conclure : “Espérons qu’ils le fassent !” Nous, tout pareil.