Football: les supporters influencent les arbitres (mais pas contre l'équipe adverse)

FOOTBALL - Ce week-end, à Rennes, Saint-Étienne, ou encore Lyon, les chants retentiront ; depuis les gradins, le “douzième homme” s’ajoutera aux onze joueurs présents sur le terrain. Privés de matchs depuis presque deux ans, les supporters...

Football: les supporters influencent les arbitres (mais pas contre l'équipe adverse)

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION

Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.

POSTULER

Une étude récente démontre que sans supporters, les cartons jaunes tombent plus facilement contre l'équipe à domicile. Image d'illustration, Brest - Rennes, le 15 août 2021. 

FOOTBALL - Ce week-end, à Rennes, Saint-Étienne, ou encore Lyon, les chants retentiront ; depuis les gradins, le “douzième homme” s’ajoutera aux onze joueurs présents sur le terrain. Privés de matchs depuis presque deux ans, les supporters de Football entendent bien donner de la voix pour cette troisième journée de Ligue, dont le coup d’envoi sera donné à Brest, ce vendredi 20 août.

Les “qui ne saute pas... “, “Allez Allez” et autres chants, les cris, les sifflets, les holas… Toutes ces rengaines des foules dans les stades pour crier son enthousiasme, ou sa déception, sont même de nature à changer le cours des matchs et influencer les décisions arbitrales. C’est en tout cas ce qu’indique une étude publiée ce jeudi 19 août dans la revueFrontiers, comparant 1300 matchs professionnels en Europe répartis sur une saison quasiment sans supporters à cause du Covid-19 (2019 - 2020) et une saison presque normale (2018-2019).

Beaucoup plus de cartons jaunes pour fautes

Les chercheurs de l’université de Salzbourg ont mesuré le nombre de matchs gagnés à domicile et à l’extérieur sur ces deux années. Ils ont aussi recensé le nombre de cartons jaunes distribués aux deux équipes, en fonction des fautes signalées. Résultat: si l’absence des supporters en 2019 - 2020 a réduit l’avantage des équipes à domicile- à chaque saison, les équipes remportent plus de matchs à la maison qu’à l’extérieur- elle a également donné lieu à plus de sanctions contre les locaux. 

“Sans public, les équipes locales ont soudainement pris beaucoup plus de cartons jaunes pour fautes”, s’étonne Michael Christian Leitner, neuroscientifique et coauteur de l’étude, interrogé par Le HuffPost. Durant la saison touchée par le Covid, les arbitres de La Liga, la Premier League, la Bundesliga et de cinq autres compétitions ont distribué 26% de cartons jaunes pour faute en plus que la saison précédente, préservée du Covid-19. 

Les joueurs à domicile perdraient-ils leurs nerfs plus souvent sans l’aide des supporters? “On pourrait penser que les équipes à domicile ont joué plus férocement afin d’éviter une défaite durant cette saison particulière. Ce n’est pas le cas. Peu importe s’ils gagnaient, perdaient ou faisaient match nul, ils ont toujours reçu beaucoup plus de cartons jaunes pour des fautes”, précise Michael Christian Leitner.

Pour expliquer cette différence, il faut plutôt regarder celui tout de jaune vêtu: “Le favoritisme inconscient des arbitres semble être l’un des principaux facteurs expliquant pourquoi les équipes qui jouent à domicile s’imposent plus souvent”, peut-on lire dans le communiqué relatif à la publication de l’étude. Autrement dit, la foule protège les joueurs à domicile des sanctions les plus sévères. Mais n’influence pas l’arbitre contre les visiteurs: les cartons contre l’équipe adverse n’ont pas significativement augmenté en l’absence de public. 

Les auteurs y précisent qu’il ne faut pas jeter la pierre aux arbitres pour autant: “Notre travail n’est pas une critique générale des arbitres de n’importe quel sport. La pression sur les officiels est incroyablement élevée et la tâche est énormément exigeante. Nous respectons avant tout le travail des arbitres”, indique le communiqué.

Ne pas rentrer dans le jeu de la pression

Contacté par le HuffPost, l’ancien arbitre Joël Quiniou explique que ce phénomène est totalement involontaire. “On essaye de faire preuve de la plus grande neutralité possible. La qualité 1ère d’un arbitre est de ne pas rentrer dans le jeu de cette pression imposée par la foule”. Lui pense que la VAR -l’assistance vidéo à l’arbitrage - va progressivement améliorer l’impartialité des matchs. 

Et en réalité, l’avantage à domicile ne se résume pas aux décisions d’arbitrage. Une autre étude, publiée dans la revue Psychology of Sport and Exercise, dont les résultats ont été mis en ligne le 13 août, s’est penchée sur la saison 2019 - 2020, une quinzaine de championnats ont cette fois-ci été analysés. 

Au tout départ, lorsque les stades accueillaient encore du public, les équipes à domicile ont rapporté 39% de points en plus que lorsqu’elles étaient en déplacement. À la fin de la saison, cet avantage est tombé à 22%.

Même tendance avec les buts marqués: les équipes à domicile ont marqué 29% de but en plus que les équipes en extérieur au début de la saison. Au moment de ranger les crampons pour l’intersaison, les locaux n’ont marqué que 15% de buts en plus que les visiteurs. L’avantage à domicile a donc quasiment été divisé par deux. Et cette fois-ci, plutôt parce que les joueurs étaient moins bons sans le douzième homme.

À voir également sur Le HuffPost: le président du PSG avait un message très ferme à faire passer à Mbappé