François Bayrou jette ses dernières forces dans la bataille de la proportionnelle

POLITIQUE - S’il ne baisse pas les bras, l’énergie qu’il déploie en public montre que la bataille est loin d’être gagnée en coulisses. Durant le weekend, François Bayrou a joué son va-tout médiatique pour plaider (encore) en faveur l’instauration...

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François Bayrou photographié au Conseil économique et social (Cese) en septembre 2020 (illustration)

POLITIQUE - S’il ne baisse pas les bras, l’énergie qu’il déploie en public montre que la bataille est loin d’être gagnée en coulisses. Durant le weekend, François Bayrou a joué son va-tout médiatique pour plaider (encore) en faveur l’instauration de la proportionnelle lors des élections législatives. Une promesse électorale qui avait permis à Emmanuel Macron d’obtenir le soutien du MoDem en 2017 mais qui, faute d’espace dans un calendrier parlementaire malmené par la crise sanitaire, a très peu (voire aucune) chance de se réaliser avant la fin du quinquennat, la loi interdisant de toucher à l’organisation d’un scrutin moins d’un an avant sa tenue.

Or, dans l’esprit du patron du MoDem, la proportionnelle devrait être effective pour les législatives de juin 2022 qui suivront la prochaine présidentielle. 

En réalité, cette campagne médiatique a démarré il y a deux semaines, quand plusieurs cadres macronistes actaient l’enterrement de cette promesse, pourtant centrale dans l’ADN politique du MoDem. Dans Le Figaro, le Haut commissaire au Plan demandait alors au chef de l’État d’organiser un référendum sur la question. Une procédure qui aurait l’avantage de la rapidité et qui permettrait -veut-il croire- de passer outre l’embouteillage parlementaire. Problème, cette demande est restée lettre morte. Ce qui a donc poussé François Bayrou à redoubler d’efforts.  

“Je ne me lance pas dans cette bataille pour la perdre”

Jeudi 4 février, le maire de Pau a envoyé un courrier -qu’il a pris de soin de rendre public- au président de la République. Le président du MoDem défend la nécessité d’avoir une “représentation juste et pluraliste” à l’Assemblée nationale. “Le but que nous nous fixons est de faire apparaître qu’il y a dans la démocratie française une majorité de forces politiques et de responsables politiques qui pensent qu’une loi électorale juste est désormais nécessaire”, plaide François Bayrou. Une lettre à laquelle se sont associées d’autres formations politiques, de l’UDI au RN en passant par Europe écologie les Verts. 

Mais pas de quoi encore faire infléchir Emmanuel Macron. Il faut dire que, dans l’état-major macroniste, la messe semble dite. “C’est tranché, ça ne se fera pas”, expliquait récemment au HuffPost un proche du chef de l’État. À l’Élysée, on assurait il y a quelques semaines qu’au regard de la crise épidémique (et de la crise économique qui lui succède) une telle réforme n’était “pas une priorité à ce stade”. Face à cette inertie, François Bayrou a donc décidé d’augmenter la pression.

Dans les colonnes du Parisien samedi 6 février d’abord. “La proportionnelle est une obligation démocratique et morale”, souligne-t-il dans cette interview. Avant de prévenir: “Je ne me lance pas dans cette bataille pour la perdre. L’expression conjointe de la majorité des courants politiques français, sur un engagement du président de la République, et auquel il réfléchit depuis longtemps, c’est un événement suffisamment rare pour qu’il change la donne”.

Puis ce dimanche 7 février, c’est sur RTL que le président du MoDem a enfoncé le clou. “La Constitution dit que la loi électorale garantit le pluralisme et l’équité de la représentation. Vous trouvez qu’on a du pluralisme aujourd’hui ?”, a interrogé François Bayrou lors du Grand jury avec Le Figaro et LCI.

La pression plutôt que le chantage

Si elles ont l’avantage de remettre une pièce dans la machine médiatique, ces déclarations suffiront-elles à faire changer Emmanuel Macron d’avis? Pour l’heure, François Bayrou dit qu’il n’a pas reçu de réponse de la part du chef de l’État, preuve selon lui qu’il réfléchit à l’éventualité d’accéder à sa demande.

Or, le seul élément qui pourrait être de nature à vraiment contraindre le chef de l’État, c’est une menace sur la cohésion de sa majorité, laquelle comprend le MoDem. Une option d’emblée écartée par François Bayrou, qui ne veut pas “faire de chantage” au président de la République. “Vous rêveriez qu’on se dispute, mais je vais vous décevoir : je n’ai aucune envie d’entrer dans ce genre de jeux”, a-t-il assuré ce dimanche.

Une façon d’admettre que, s’il est prêt à accentuer raisonnablement la pression auprès de l’opinion publique, il n’irait pas jusqu’à actionner le bouton nucléaire. Un peu comme un joueur de poker qui, avant de faire tapis, dévoilerait un jeu inoffensif. Pas forcément la meilleure façon de remporter la mise.    

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